« Le général à la retraite Belaid Mustapha et ses deux fils Abdelaziz et Zouheir ont exercé des pressions sur mon client. Sous la menace d’une arme à feu, ils l’ont obligé à signer des aveux comme quoi c’est lui (le client) qui a été à l’origine de la faillite de la société Sarl Rocade Sud qu’ils possédaient à Saïd-Hamdine ».
« Mon client a été séquestré par le père et ses enfants dans l’enceinte de l’entreprise, ont saisi une déclaration de reconnaissance de dettes et l’ont sommé de porter non seulement sa griffe mais aussi de signer le document ».
« Monsieur le président, moi en tant que représentant légal de mon client, je vous informe que j’ai déposé plainte devant les instances habilitées contre le général à la retraite Mustapha Belaid pour abus d’autorité et trafic d’influence. Des copies de ces plaintes ont été déposées au niveau de la Présidence de la République, du ministère de la Défense nationale et le Ministère de la Justice ».
Ce sont là quelques extraits de la plaidoirie faite par Me Bergheul Khaled, avocat de l’ancien directeur de l’administration et des finances, de la société « Rocade Sud » et « Garage et Ateliers ».

Le mis en cause, qui a introduit un appel à la chambre pénale de la cour d’Alger sollicitant la révision du verdict prononcé à son encontre par le tribunal correctionnel de Bir Mourad Raïs, est poursuivi pour deux chefs d’inculpation, à savoir faux et usage de faux dans des documents administratifs et comptables et abus de confiance.
L’accusé qui a comparu conformément à une citation à comparaitre suite à une ordonnance des deux juges d’instruction des 1 e et 2 e chambres du tribunal de Bir Mourad Rais, a affirmé au président de la 4e chambre pénale de la cour d’appel d’Alger : « Je fais l’objet d’un acharnement et d’un coup monté de toutes pièces par le général à la retraite.
Ce dernier est derrière toutes les poursuites judiciaires entamées à mon encontre ». Il a par ailleurs indiqué au juge en charge du dossier, Bekri Boualem, qu’il n’est nullement « le responsable de la faillite des deux sociétés. C’est le général à la retraite qui a pris la décision de manière unilatérale, sans demander l’avis des employés ou des responsables qui travaillaient au sein de ces entreprises ».
Le mis en cause a déclaré au juge d’audience : « Le général à la retraite et ses deux fils m’ont séquestré dans l’un des bureaux de la société et ont saisi le contenu de la reconnaissance, puis le père m’a pointé l’arme à feu sur mon front et m’a obligé de signer comme quoi c’est moi qui suis derrière la perte de 300 millions de centimes de la caisse de l’entreprise alors que ces sommes faramineuses ont été déboursées par ses deux enfants dans des soirées ! ».
Le prévenu, qui a occupé plusieurs postes de responsabilités notamment au niveau de l’ANEP au temps de Mohamed Raouraoua, l’actuel président de la FAF, Khomri Abdelkader, l’ex-ministre de la Jeunesse, a déclaré au président d’audience : « Je nie toutes les accusations portées à mon encontre, que ce soit au niveau de l’enquête préliminaire ou de l’instruction judiciaire. Je sollicite ma relaxe pure et simple car les faits qui me sont toujours reprochés ne sont que des allégations mensongères qui visent entre autres à me jeter en prison ! ».
A la question de savoir s’il a procédé au détournement de ces sommes faramineuses, l’accusé a répondu : « Je n’ai rien à voir dans ces affaires de détournement ou dilapidation. C’est les fils du général qui sont derrière toutes les opérations de gaspillage et la faillite des deux sociétés de leur père, dont l’une a été louée à Samsung et partie en fumée ! ».
Par ailleurs, les deux avocates de la partie civile ont estimé que toutes les preuves légales et matérielles relatives à l’accusation sont formelles, notamment en ce qui concerne l’aveu de l’inculpé qu’il est à l’origine de la dislocation des deux entreprises que possédait leur client. Elles ont crié : « Le mis en cause est pénalement responsable de la situation désastreuse dans laquelle se sont retrouvées les sociétés avant leur dissolution ».
Il a causé, ajoutent-elles « un énorme préjudice matériel au propriétaire des deux entreprises suite aux manières qu’il utilisait au quotidien pour accaparer de sommes colossales, c’est pourquoi nous insistons pour l’indemnisation »
Le procureur général a requis l’aggravation de la peine prononcée lors du premier jugement par le président du tribunal correctionnel de Bir Mourad Rais et qui était d’une année de prison ferme.
Il convient de signaler que Me Bergheul Khaled a dressé un dur réquisitoire contre le procureur de la République et les juges d’instruction, lesquels étaient chargés de mener l’enquête. Il a déclaré en pleine audience que « Ces derniers devaient procéder à des expertises scientifiques pour déterminer si son client a signé la reconnaissance de dettes ou pas ».
Il n’a pas par ailleurs caché son mécontentement quant au classement de la plainte relative au trafic d’influence déposée par son client contre le général à la retraite au niveau du tribunal de Bir Mourad Rais.
L’affaire est mise en délibération par les juges de la 4e chambre pénale près la cour d’appel d’Alger pour le 26 octobre prochain.