Les ménages appréhendent la hausse des prix.
Le ministère du Commerce n’est pas sûr que le plafonnement des prix de l’huile et du sucre sera respecté par les commerçants lors du prochain Ramadhan.
La flambée des prix risque de s’étendre à l’huile et au sucre. Même à la direction de la régulation du ministère du Commerce, on est sceptique sur l’efficacité du dispositif mis en place par le gouvernement pour stabiliser le marché. Le département de Benbada pense avoir déjà trouvé la parade. Pour éviter de rééditer le scénario de janvier dernier, il est fait appel à des contrôleurs des prix qui sont censés se présenter chez certains grossistes et détaillants pour s’assurer de l’application des prix institués par décret. Le prix du bidon de 5 litres d’huile alimentaire raffinée, ordinaire est fixé à 600 dinars, celui de la bouteille de 2 litres est fixé à 250 dinars et la bouteille d’un litre est cédée à 125 dinars. Le prix du kilo de sucre blanc en vrac est fixé à 90 dinars tandis que le kilogramme de sucre préemballé à 95 dinars. Les craintes du ministère ne se limitent pas à une éventuelle hausse des prix. Il est aussi soucieux de ne pas le réduire en-deçà des ces limites. Il faut s’attendre à ce que certains producteurs, friands des pratiques monopolistiques, annoncent des baisses, du reste, peu significatives, de ces deux produits. L’astuce est bien rodée. Quelques dinars de moins pendant le Ramadhan quitte à se rattraper sur cette générosité, le reste de l’année. D’ailleurs, les importateurs n’attendent même plus l’arrivée de leur marchandise sur le marché pour se sucrer. L’Etat veille à renflouer leurs caisses. Le directeur de la régulation au ministère du Commerce, Abdelaziz Aït Abderrahmane, a annoncé hier à la radio, que des compensations de 3,450 milliards de dinars leur sont accordées pour maintenir les prix au niveau décrété en mars dernier. Le montant est valable uniquement pour le sucre et l’huile. Des dépenses moins importantes auraient dû être effectuées par la ménagère même sans cette intervention de l’Etat car il arrive que sur le marché international, les prix des matières premières alimentaires enregistrent des baisses. C’est ce qui s’est passé la semaine dernière. Les prix du sucre ont décroché après leurs plus hauts niveaux où ils s’étaient hissés jusqu’à 890,10 livres la tonne à Londres, un record depuis le début de la cotation sur la place britannique en 1987.
Mais les importateurs algériens tombent au moins dans deux travers. Soit ils ne savent pas négocier les meilleurs prix au niveau international, soit ils empochent une marge importante dans le cas où ils s’approvisionnent effectivement à des prix bas. Dans les deux cas, le consommateur est pénalisé car la facture, a plus que doublé, en quelques années, notamment celle du sucre et de l’huile. Cette consommation effrénée n’est pas sans conséquences sur les finances du pays car le budget finance les importateurs alors que des montants importants de devises sont transférés à l’étranger. La facture des importations des sucres et des sucreries a grimpé de 48,64% lors des six premiers mois de 2011 comparativement à la même période de 2010. Elle est de 470 millions de dollars contre 331 millions de dollars en ce laps de temps. Les importations des huiles destinées aux industries alimentaires ont augmenté de 109,48% durant le 1er semestre 2011 pour atteindre 425,65 millions de dollars contre 203,19 millions à la même période de 2010. En somme, il n’y a rien de rassurant. Les causes des émeutes de janvier dernier sont toujours présentes. La seule question qui se pose est de savoir si les conséquences suivront. Si le département de Benbada n’arrive pas à vaincre les barons du marché, la crédibilité de l’Etat risque de prendre un sacré coup. 10.000 tonnes de viandes rouges surgelées, dont 4000 tonnes produites localement, des tonnes de lait, de café, de légumes frais et secs sont promis par Benbada.
10.000 tonnes de viandes blanches sont aussi stockées. Pour le blé, les stocks sont suffisants pour plus de 4 mois.
Malgré ces assurances, les ménages appréhendent la hausse des prix. Le système de régulation de certaines productions comme la pomme de terre sera-t-il efficace? La méthode laisse sceptiques certains spécialistes. Selon Slimane Bedrani, agronome, la régulation doit se faire selon les mécanismes du marché alors que les autorités doivent se contenter et d’organiser les producteurs.