Décidément, la lutte contre la corruption prend des proportions importantes et s’élargit à d’autres secteurs. Après la compagnie nationale des hydrocarbures qui a défrayé la chronique à travers l’affaire dite » Sonatrach II « , voici venu le tour du groupe Sonelgaz, la deuxième firme nationale dans le secteur de l’énergie, où l’on évoque désormais des cas de malversations dans plusieurs projets d’envergure brassant de gros sous.
En effet, le Président directeur général (P-DG) dudit groupe, Noureddine Bouterfa en l’occurrence, ainsi que son prédécesseur à ce poste, Abdelkrim Boughanem, viennent d’être placés sous contrôle judiciaire sur décision du juge d’instruction près la neuvième chambre du pôle pénal spécialisé.
Les griefs retenus contre les prévenus s’articulent autour de malversations constatées dans la passation de marchés, notamment dans la réalisation des centrales électriques de Hadjret Ennous (Tipaza), Targa (Ain Témouchent) et Koudiet Eddraouch (El-Tarf).
Les experts enquêteurs ont conclu dans leurs rapports d’expertise que le coût de réalisation de ces centrales aurait été multiplié par quatre, alors qu’on reproche également à l’actuel P-DG du groupe Sonelgaz d’avoir négligé le recouvrement des pénalités estimées à quelque 120 millions de dollars, imputées à la compagnie canadienne, SNC Lavalin pour le grand retard qu’elle a accusé dans la réalisation de la centrale électrique de Hadjret Ennous.
Noureddine Bouterfa, rappelons- le, s’en était lavé les mains, lors d’une récente conférence de presse qu’il a organisée à Alger, en affirmant notamment que Sonelgaz n’avait jamais paraphé de contrats avec la firme canadienne, déjà éclaboussée par le scandale » Sonatrach II « .
Qu’à cela ne tienne, les enquêtes judiciaires vont certainement s’approfondir au coeur des grands projets chapeautés par cette holding nationale, la seconde au niveau national en matière de fonds investis ces dernières années.
En plaçant son P-DG sous contrôle judiciaire, la justice va certainement faire toute la lumière sur les ambiguïtés et autres malversations qui ont émaillé certains projets d’envergure confiés à de grandes sociétés étrangères.
Ce n’est pas une première pour le groupe Sonelgaz, puisque, par le passé, des affaires de corruption et autres scandales avaient éclaboussé cette compagnie. A titre d’exemple, l’on se rappelle du triste épisode de surfacturation énergétique révélé par les médias, laquelle affaire qui avait conduit à la mort de l’ex- P-DG de la direction régionale de Bologhine (Alger) au sein même de la prison où il avait été écroué.
La surfacturation avait de surcroît pour cible, de hautes institutions de l’Etat, mais l’affaire avait vite sombré dans l’oubli suite au décès de ce responsable.
La direction centrale du Groupe Sonelgaz s’en était toujours sortie indemne de ces graves accusations, notamment après la restructuration de l’entreprise en holdings, où chaque filiale jouit d’une certaine autonomie de gestion, ce qui rend difficile de situer les responsabilités de ces dysfonctionnements.
Néanmoins, les enquêtes accentuées menées dans le cadre de la lutte contre la corruption, pourraient avoir des répercussions directes sur la direction générale de ce groupe énergétique jusque-là, à l’abri de toutes poursuites judiciaires.
M. A. C.