Pendant l’hiver ou sous la chaleur de l’été, Cherchell demeure une ville grouillante de monde. Ses ruelles étroites, notamment celles qui maillent la ville, accentuent davantage et agréablement le sentiment de convivialité et confirme en quelque façon la notion d’hospitalité que font leur ses habitants.
Les rues du centre-ville sont quasiment bordées de part et d’autre de petits commerces, tels les restaurants et cafés d’où s’égrainent invariablement des sourires en guise de bienvenue. Happé à tous les coups par l’ambiance bruyante mais conviviale de la Cité, le visiteur évoluerait pour ainsi dire en terrain conquis, tant le dépaysement semble être banni dans cette contrée bercée jalousement par la mer. «Certes, la ville est belle et l’on hume l’air de la Méditerranée qui est répandu dans tous ses coins, les habitants sont accueillants. La seule petite ombre sur ce joli tableau aux couleurs chatoyantes est malheureusement due certainement à un manquement qu’on peut facilement juguler.
En effet, je veux parler de la présence de sachets d’ordures dans quelques endroits que j’ai visités au milieu de la journée, alors que normalement à cette heure-ci, ils ne devraient pas y être. Toutefois, ce n’est pas ce détail qui peut avilir ou bien cacher la beauté de la ville, loin s’en faut», nous dit un visiteur. De tous les endroits, la place des Martyrs du centre-ville, qui jadis portait le nom de place Romaine, est celle qui attire de prime abord le regard des visiteurs. Ce vaste espace caressé à longueur de jour comme de nuit par la brise marine et côtoyant l’ancien musée, représente à lui seul un circuit touristique.
LE BELOMBRA, L’ARBRE QUI MONTRE LA PLACE
En son sein et quasiment sur le long de sa bordure on est d’emblée subjugué par la générosité de dame Nature incarnée par un arbre à l’allure étrange et majestueuse à la fois. Soutenu par un tronc démesurément large, dépassant aisément le 1,5 mètre, l’arbre en question d’une hauteur moyenne est coiffé d’une large couronne de branches entièrement serties de feuilles d’une couleur vert clair projetant sur le sol et alentours une ombre, tant recherché en ces temps de chaleur. «Cet arbre millénaire porte le nom de belombra. On ne le retrouve que dans de rares endroits du Bassin méditerranéen et nulle part ailleurs. C’est dire, sa précieuse valeur. En quelque sorte, c’est l’une des mascottes les plus notoires chez nous», se vante un citoyen de Cherchell rencontré assis sur l’un des bancs de la place profitant de l’ombre du belombra. Au milieu de la grande esplanade, une autre curiosité, cette fois-ci œuvre de l’homme, attire l’attention. C’est un jet d’eau dont les parois saillantes de la masse de pierre supportée par le socle sont ornées par des sculptures représentant quatre têtes humaines. «Ce sont des répliques ciselées à l’image de têtes des statues mises au jour par un ecclésiastique archéologue en 1850 suite à des fouilles effectuées dans le site abritant les thermes de l’ouest de la ville antique. On les surnomme les têtes colossales. Ce sont des représentations de quatre dieux de la mythologie. A savoir, Zeus, Neptune, Mars et Saturne», renseigne à ce propos Larbi Houari, un habitant de Cherchell. L’autre particularité de la place est qu’elle draine les foules en été. En famille ou bien en groupe de copains, on y vienne la nuit pour prendre sa revanche sur la canicule qui leste lourdement le jour.
On s’y promène, on s’y partage des espaces, on y tient des discussions au gré des affinités jusqu’à ce que fatigue s’en suive et on y savoure également des glaces.
Ces séquences de la vie meublent constamment, en saison estivale, le décor de nuit de la place des Martyrs de Cherchell. L’ambiance des douces soirées d’été ici n’est pas uniquement appréciée par les Cherchellois, d’autres familles issues d’autres régions ont succombé à l’appel de la place. «J’aime bien me promener en famille ici pendant les soirée, question de sortir du train-train habituel des vacances. A chaque fois que j’annonce à mes enfants qu’on va passer la soirée à Cherchell, leur réaction est invariablement la même. Ils sautillent jusqu’au plafond de joie, car ils savent qu’ici ils peuvent courir, jouer et prendre autant de glaces qu’ils en réclament. En un mot, c’est une aubaine de venir prolonger sa journée ici», confie un père de famille de Hadjout.