Le nombre de commerces qui s’installent chaque année dans les grandes agglomérations du pays a pratiquement explosé, notamment lors de cette dernière décennie, avec toutes sortes d’activités plus ou moins nouvelles.
Oran n’a pas été épargnée par cette donnée et l’on y assiste à l’émergence sur le devant de la scène économique à toutes sortes de créneaux dont certains résultent du progrès de la technologie, à l’image des magasins spécialisés dans la vente de téléphones portables, équipements pour le secteur de l’informatique, cybercafés, discothèques nouvelles vagues (CD audio et vidéo…).
Cependant, la plupart des autres commerces ont toujours existé, à l’exemple des cafétérias, boucheries, épiceries, boutiques de vêtements ou de chaussures, ateliers de mécanique, boulangeries, restaurants, etc., pour ne citer que ceux-là.
Ce qui déroge un peu à la règle parmi ces négoces, c’est justement la prolifération, presque énigmatique, des lieux de restauration rapide, à commencer par les pizzerias.
Toutefois, si les pizzerias pullulent un peu plus que les gargotes, les fast-foods ou les rôtisseries, en raison de sa récente introduction sur le marché de la restauration et dans les mœurs des consommateurs, il n’en demeure pas moins que leurs réputations varient d’un endroit à l’autre et en fonction de la qualité des produits proposés.
Mais, pour beaucoup de citoyens à Oran, il ne faudrait surtout pas se fier aux apparences qui, comme dit le proverbe, sont souvent trompeuses, car, dans ce secteur de la dégustation rapide, souvent l’hygiène laisse à désirer.
Le nombre de gargotes et autres endroits spécialisés pour le manger rapide sont très souvent en nombre important aux abords des zones à forte affluence humaine, tels que les chantiers, les pôles universitaires, les administrations, les gares, etc.
C’est le cas, par exemple, de la localité d’Es-Sénia où, sur un seul tronçon d’à peu près une centaine de mètres, situé entre l’entrée de celle-ci et sa sortie au niveau de l’avenue principale, on dénombre près d’une dizaine de locaux spécialisés dans la bouffe. Des cas similaires existent dans plusieurs quartiers de la ville et de sa banlieue.
Mais là où tous les records sont battus, c’est sans contexte à la corniche oranaise, avec en tête Aïn El-Turck. Là, les restaurants, gargotes, pizzerias, fast-foods et rôtisseries fourmillent, notamment en été, avec l’arrivée en force des estivants, ce qui entraîne une certaine frénésie chez monsieur tout le monde, qui, le temps de la saison chaude, se transforme en restaurateur en proposant des repas rapides dont la qualité et l’hygiène ne sont pas toujours de la partie. Il y a, certes, l’hygiène, mais la qualité des mets est bien souvent en deçà des attentes des clients.
Selon un ancien restaurateur aujourd’hui à la retraite et qui a transmis le métier à ses fils, les gargotes et autres pizzerias, qui ont un personnel (cuisiniers) qualifié, se compteraient sur les doigts d’une seule main.
La majorité de ces nouveaux arrivants dans le créneau se lancent eux-mêmes dans la préparation, ou emploient des jeunes désœuvrés, sans aucune aptitude ni connaissance en cuisine. «C’est seulement le gain qui les intéresse, car un personnel expérimenté leur reviendrait cher, et surtout ils doivent le déclarer», dira-t-il.
C. Moussa, 69 ans, retraité, né à M’dina J’dida, nous dira à propos de ces lieux de restauration rapide: «Dans ma jeunesse, à M’dina J’dida, jadis, les «hammassas» des gargotes vous servaient un menu préparé à l’avance, donc service ultra rapide, copieux et à un tarif ultra compétitif. On y mange des soupes «chorba ou h’rira», des ragoûts, des spaghettis, de la «loubia» (haricots secs), du riz, etc. Souvent, le tout était accompagné d’un petit morceau de viande.
C’était pas cher du tout et très propre. Pas comme aujourd’hui où on se soucie peu de l’hygiène. L’autre jour, avec un ami, on était un peu pressé et, comme nous passions dans le quartier de Plateau St-Michel, il m’a invité à déjeuner chez l’un des nombreux gargotiers qui s’y trouvent.
Inutile de vous raconter que je n’ai pas du tout apprécié l’endroit, car, outre le fait que le serveur portait un tablier sale, tout maculé de sauce, il y avait des cafards sur les murs. Le menu semblait bon mais se sont ces petits détails qui font fuir les clients.»
L’excès ne s’arrête pas là, puisque beaucoup de gérants ou de propriétaires de fast-foods et autres restaurants ont investi les trottoirs en y improvisant des barbecues en plein air, et même parfois en installant des comptoirs frigo.
Cependant, pour le citoyen, ce n’est pas le nombre de ces temples où l’on calme la faim qui les indispose, bien au contraire puisque la concurrence fait chuter les prix, mais c’est la qualité des aliments proposés qui pose de sérieux problèmes. Car c’est leur santé qui est ainsi exposée aux dangers.
D’ailleurs, les services de contrôle reprochent à ces établissements-là, en premier lieu le manque d’hygiène et la qualité douteuse des produits alimentaires utilisés. C’est ainsi que, durant l’année 2009, plusieurs restaurants ont été fermés et près d’une centaine de procès-verbaux établis.
Du poisson et de la viande congelés, à la place du frais, de l’huile de friture trop utilisée, du poulet repassé plusieurs fois à la rôtisserie, etc. sont autant d’ingrédients pour déclencher une intoxication et vous conduire aux UMC. D’ailleurs, ce service enregistre une moyenne importante par jour de personnes intoxiquées par ingurgitation d’aliments contaminés.
Faut-il éviter de manger hors de chez soi ? Certainement pas, car il existe de bons restaurants, gargotes et pizzerias qui font honneur à la gastronomie, à Oran et partout ailleurs en Algérie. Il suffit de connaître les bonnes adresses pour être définitivement fixé sur la qualité de la cuisine, de l’hygiène et du service.
S.A. Tidjani