Pillage du sable à Tamanrasset : Mises en garde des associations écologiques

Pillage du sable à Tamanrasset : Mises en garde des associations écologiques

Un habitant dénonce et cite les ravages constatés aux sites Ihenghas et Tahabort, non loin d’In Chebbi, lesquels sont menacés d’érosion.

L’explosion des besoins en granulat du béton aura généré un trafic qui érode les oueds et les sites touristiques à Tamanrasset. Le manque de sablière et le boum ininterrompu de constructions immobilières que connaît la wilaya auront ainsi profité aux pilleurs de sable de tous bords qui se livrent, laxisme des autorités locales aidant, à une exploitation effrénée de ce matériau alluvionnaire. Malgré les mises en garde des associations écologiques et environnementales, les escouades d’enginistes continuent d’écumer les lits des oueds et les sites qui font la réputation touristique de la région pour l’extraction illicite du sable. “Certes, c’est une filière génératrice de profits juteux. Toutefois, la manière par laquelle est extrait le sable à Tamanrasset reste condamnable et interpelle plus d’un. L’ampleur connue par ce trafic laisse croire à une complicité à grande échelle”, dénonce un habitant qui cite les ravages constatés aux sites Ihenghas et Tahabort, non loin d’In Chebbi, lesquels sont menacés d’érosion à cause de ce phénomène qui s’est soldé par la création de profondes fosses où l’on aperçoit des engins atteindre les racines des arbres séculaires, dont l’acacia. Selon notre interlocuteur, “le nombre de ces bandes mafieuses augmente d’année en année, malgré nos doléances multiples et les missives adressées à l’APC de Tamanrasset et à l’Office national du parc culturel de l’Ahaggar. Le pillage de sable a pris des proportions alarmantes eu égard à l’état de certains endroits touristiques qui sont devenus des trous béants du fait de l’extraction irréfléchie de ce matériau”. Nous nous sommes rapprochés de la direction des ressources en eau de la wilaya de Tamanrasset pour avoir plus de détails sur ce fléau et les solutions envisagées pour stopper les massacres de l’écosystème. On a appris que des projets de sablières ayant bénéficié de l’aval du wali et de tous les secteurs concernés, dont l’environnement, sont en cours de réalisation. En attendant, des autorisations d’extraction de sable sont délivrées aux fins d’approvisionner en granulat les chantiers de bâtiment et de travaux publics lancés.

Rien que pour le 2e semestre 2018, la DRE aura accordé 811 autorisations pour l’extraction de 24 330 m3 de sable à seulement 7 km du chef-lieu de wilaya. “Cependant, ces autorisations provisoires ne servent que de justificatifs aux pilleurs pour passer entre les mailles du filet sécuritaire”, explique un chef d’entreprise qui s’est vu accorder une sablière depuis novembre 2018, mais “le projet demeure toujours bloqué par la direction de l’environnement de la wilaya pour des motifs qui prêtent à spéculation”, a-t-il dénoncé en faisant part d’une lettre de doléances adressée tout récemment au ministère de l’Environnement et des Énergies renouvelables ainsi qu’à toutes les autorités compétentes pour que ce projet portant exploitation de matériaux alluvionnaires à 40 km au nord de Tamanrasset voie enfin le jour.

RABAH KARECHE