La classe politique explique le désintérêt des citoyens par rapport aux échéances électorales par l’inconsistance des programmes auxquels il faut accorder la priorité.Les programmes demeurent l’une des pierres angulaires sur lesquels les candidats aux élections érigent et mènent leurs campagnes électorales.
La force d’un parti politique se mesure à son programme et au nombre de ses adhérents. Les militants, eux, ont pour tâche d’expliquer et défendre leurs programmes respectifs.
A moins de trois mois des élections législatives auxquelles une dizaine de nouveaux partis-en cours de constitution participeront, l’inconsistance des programmes est pour quelque chose dans le désintérêt des électeurs et des citoyens de manière générale pour l’action politique. Certains responsables de partis reconnaissent que les formations politiques, notamment celles n’ayant pas un nombre d’adhérents et de sympathisants suffisant, ne proposent pas de programmes consistants à même de susciter l’intérêt des citoyens. Ce désintérêt affaiblit la base militante et électorale de ces partis, notamment à l’approche des élections législatives. D’où l’échec et le divorce entre les partis politiques et le peuple qui, même à la veille du scrutin législatif, n’accorde aucun intérêt à cette échéance encore moins à la chose politique. Le porte-parole du RND Miloud Chorfi estime que l’inconsistance de certaines formations politiques résulte d’une crise interne qui menace leur capacité de composer avec les évènements et les derniers développements enregistrés sur la scène politique. Autrement dit, Chorfi plaide pour la modernisation et l’actualisation des programmes par rapport à la réalité et à la conjoncture. Le nomadisme politique, pratique qui refait surface à l’approche de chaque échéance électorale, émane, selon Chorfi, d’une inconscience politique qui fait que la personne court après les postes et les intérêts. De son côté, le secrétaire général du mouvement En-Nahda, Fatah Rebiai, soutient que certains partis politiques n’apparaissent qu’occasionnellement, à la faveur d’échéances électorales pour s’éclipser tout de suite après l’annonce des résultats. Les adhérents, dit-il, peu convaincus par les performances de leur groupe, préfèrent prospecter d’autres espaces donnant lieu ainsi au nomadisme politique. M. Rebiai pense que le nomadisme n’est pas dénué de visées, puisque la véritable motivation étant de se retrouver en tête des listes électorales au détriment des idées et programmes. Pour Fatah Rebiai, les partis doivent orienter leur intérêt vers les véritables militants.
Pour sa part, Hamlaoui Akkouchi, secrétaire général du mouvement d’El Islah, explique le peu d’intérêt des citoyens pour les partis par les conflits enregistrés au sein des formations, soulignant la nécessité d’accorder la priorité aux programmes susceptibles de servir la société. Kassa Aïssi, chargé de la communication au parti FLN, estime pour sa part que la majorité des partis, à l’affût des rendez-vous électoraux pour surgir, ne possèdent pas de programmes. «Les anciens partis sont aussi appelés à moderniser leurs discours et leurs méthodes de travail avant qu’ils ne soient dépassés et ne perdent les moyens de leur politique», a-t-il préconisé. Par ailleurs, Kamel Meddi, du Mouvement de la société pour la paix (MSP), a imputé le désintéressement des citoyens par rapport aux programmes des partis politiques en grande partie à l’absence de locaux, notamment dans les wilayas de l’intérieur du pays. «Le citoyen accorde généralement beaucoup d’importance à son image et à l’impact qu’elle pourrait subir s’il venait à adhérer à tel ou tel parti, d’autant qu’il trouve que les programmes de tous les partis sont identiques», a-t-il indiqué à l’APS. Abondant dans ce sens, M. Meddi, a expliqué que ce sentiment d’indifférence remonte aux années du parti unique. Rappelons enfin que l’opération de retrait des dossiers de candidature pour les législatives du 10 mai prochain, qui a déjà débuté, intervient alors que les nouveaux partis continuent de tenir leurs congrès constitutifs.
Par Yazid Madi