En proie a une crise budgétaire sans précédant, la Grèce s’est vue donner un délai de 30 jours par les ministres des Finances de la zone euro pour convaincre de sa détermination à mettre pleinement en oeuvre son plan d’austérité.
Quatre jours seulement après avoir reçu le soutien politique de l’ensemble de l’Union européenne, le gouvernement grec a été forcé de s’engager devant ses pairs de la zone euro et proposer, avant le 16 mars, de nouvelles mesures budgétaires si la réalisation de ses objectifs de réduction de déficits s’avérait d’ici là insuffisante.
« Si un nombre de risques associés au déficit et à la dette se matérialisaient, la Grèce devra annoncer dans un rapport devant être présenté le 16 mars 2010 des mesures additionnelles à celles proposées (…) pour s’assurer que ses objectifs budgétaires de 2010 sont remplis », a déclaré le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker.
« Ces mesures supplémentaires seraient préparées par l’Eurogroupe et décidées à la majorité qualifiée, sans la participation de la Grèce », a-t-il ajouté, précisant qu’il pourrait s’agir de baisses de dépenses ou de hausses d’impôts.
La Commission européenne, en liaison avec la Banque centrale européenne (BCE), sera chargée de mener une première évaluation avant la prochaine réunion des ministres des Finances mi-mars. Officiellement, les Vingt-Sept espèrent que les effets conjugués des pressions politiques et du plan d’austérité grec permettront de venir à bout de ces difficultés budgétaires et d’apaiser les marchés, mais plusieurs ministres jugent que la conjoncture obligera Athènes à annoncer sans tarder de nouvelles mesures. La Grèce a confirmé la semaine dernière qu’elle n’était pas sortie de la récession lors du quatrième trimestre 2009, et devra en outre faire face en mars et avril à deux échéances de refinancement de dettes pour un montant total supérieur à 8 milliards d’euros.
La semaine dernière, les dirigeants de l’UE avaient appelé le gouvernement grec à appliquer à la lettre le programme de stabilité endossé par Bruxelles, qui vise à ramener d’ici 2012 le déficit sous le plafond des 3% du produit intérieur brut (PIB) fixé par le pacte de stabilité et de croissance, contre 12,7% en 2009.
Ils se sont aussi engagés à prendre, si nécessaire, des mesures coordonnées pour garantir la stabilité de la zone euro. Toutefois, les modalités de cette intervention a déçu les marchés, qui ont attaqué l’euro et les emprunts grecs. Lundi, Jean-Claude Juncker a repris cet engagement et a également cherché à clore le débat sur la nécessité ou non de rendre publics les détails d’un éventuel plan de soutien.
Auparavant, le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou avait pourtant estimé que seules ces précisions seraient à même de mettre un terme aux attaques des marchés contre son pays. Selon plusieurs sources au sein de la zone euro, les ministres des Finances des Seize restent fortement divisés sur les modalités d’un plan d’aide à la Grèce, qui pourrait notamment consister en des achats d’obligations grecques par des banques publiques de la zone euro.
Dans le cadre des mesures d’économies destinées à réduire le déficit abyssal du pays, M. Papandréou avait décidé début février un gel total des salaires des fonctionnaires, la suppression des primes dont bénéficient certaines catégories comme les douaniers et les agents de fisc, l’augmentation de l’âge du départ à la retraite et une hausse des taxes sur les carburants .
Agences