Que représenterait la date du 5 juillet pour les générations futures ? Question ardue qui ressemble à s’y méprendre à l’intrigante réplique de la pièce shakespearienne «être ou ne pas être».
Sans nul doute la réponse, se trouve chez les anciennes générations, celles qui, avec leurs parents, ont vécu, à l’issue de sept années de guerre contre un oppresseur par trop longtemps demeuré sur un sol qui ne lui a jamais appartenu, une première fête de l’indépendance exceptionnelle et pour les 15 années qui ont suivi… rayonnantes.
La fête de la Jeunesse ne se décrète pas, elle est dans les têtes parce qu’il s’agit comme son titre l’indique d’une…fête que les Algériens attendaient avec grande ferveur parce qu’elle était préparée non pas la veille mais dés la rentrée scolaire par les responsables de l’éducation qui consacraient une plage horaire aux répétitions de ce que l’on appelait à l’époque «les mouvements d’ensemble» devenus par la suite les Algériades en référence évidemment aux Spartakiades. De leur coté, usines, manufactures, ateliers tant publics que privés s’évertuaient à préparer leurs troupes pour le même rendez-vous auquel les populations à travers tout le territoire accordaient, à leur tour, alors un trés grand interêt parce que justement il dérogeait non seulement à la routine mais flattait leur fibre nationaliste et dans la foulée gardait incandescente la flamme qui alimentait l’amour de la patrie qui sommeillait en chacun
des Algériens.
Décidée, la fête de la jeunesse ne l’est certainement pas pour ceux à qui elle est destinée, en ce sens qu’ils (les jeunes) sont tenus en marge, non pas de sa commémoration, et encore faudrait-il qu’ils acceptent, en compagnie de personnes avec lesquelles ils n’ont rien à voir, d’aller tuer le temps dans des cérémonies où à la vitesse de la lumière sont inaugurées les chrysanthèmes, mais (en marge) d’une prise en charge réelle et effective des revendications les plus ordinaires et légitimes. La quête d’une dignité reste le mot-clé de la plus importante proportion de la population algérienne et celle-ci ne saurait venir, non pas à partir de discours pompeux des Ministres de l’Education, Formation professionnelle l’Enseignement supérieur, Travail, l’Action sociale mais d’une prise en charge effective qui permettrait de trouver une alternative à l’exclusion scolaire précoce, d’accéder réellement à une machine-outil sinon au moyen d’accompagner un enseignement théorique qui ne sert à rien une fois issu des CFP, disposer d’un titre universitaire «grâce » auquel le lauréat n’ira pas seulement allonger la liste des chômeurs de luxe ou aura à rougir face à sa dévalorisation par de potentiels employeurs qui rejettent l’idée même de tenir compte d’un «morceau de papier», de ne pas être obligé d’avoir des affinités à hauteur des agences de l’emploi pour s’assurer une égalité de chances à un poste de travail, discrimination de sexe, de vivre le pré-emploi en tant que période de formation pour un emploi futur, pérenne et non pas telle une aumône, voire une sinécure pour ceux qui n’ont en réalité, pas besoin de travailler. Comble de l’ironie, le ministère spécifique à cette catégorie en l’occurrence la Jeunesse et les sports, censé être la courroie de transmission entre tous ces secteurs, semble le moins proche des 75% de la population concernée.
Lobotomisée donc, la jeunesse n’est pas ou n’est plus portée sur des repères de l’Histoire nationale définitivement ancrés en des dates…de simples dates que ponctuellement les médias publics écrits, sonore ou visuels rendent encore plus rébarbatives, compte tenu des doctes et absurdes séances psychopédagogiques auxquelles ils se livrent à qui mieux… mieux. Or, le bonheur des millions de jeunes n’est pas censé résider dans les discours de circonstances des officiels, des souvenirs et faits d’armes ressassés d’anciens moudjahidines, d’immuables figures politiques triturant l’Histoire et/ou encore de caisses de résonance médiatiques officielles.
Comme leur douleur et détresse ne peuvent être édulcorées dans les colonnes de la presse réputée indépendante et qui détient, quant à elle, l’art d’exploiter en parfait fonds de commerce ce mal de vivre qu’elle traduirait par les émeutes populaires éparses, le phénomène des harraga, la violence urbaine…
Alors 5 juillet, Fête de la jeunesse dites-vous ?