L’Organisation de pays exportateurs de pétrole a déclaré qu’elle détenait environ six millions de barils par jour de capacité de production non utilisée, soit 7% de la demande mondiale.
Pour la première fois depuis octobre 2008, les cours du baril de pétrole ont dépassé à Londres le seuil symbolique des 100 dollars.
Les conséquences des troubles politiques en Egypte, qui contrôle le canal de Suez et des pipelines reliant la Mer rouge à la Méditerranée, sont toujours visibles.
En effet, selon la banque helvétique Bordier & Cie, « les flux de pétrole transitant dans la région du canal de Suez sont estimés à 3 millions de barils/jour, soit près de 15% de la consommation européenne ».
La tendance haussière des prix du brut, qui ont gagné 30% depuis septembre dernier, ne se dément donc pas. Les évènements d’Egypte “ont accru les incertitudes pesant sur le marché et ont donc ajouté à la pression qui s’exerce déjà sur les prix”, commente l’Agence internationale de l’Energie (AIE).
Cependant, et en raison des stocks- tampons détenus par les pays- membre de l’AIE (145 jours d’importations nettes), tout risque de rupture d’approvisionnement semble exclu.
L’Agence réitère à cette occasion sa mise en garde contre les effets économiques néfastes du pétrole cher : « l’expérience de 2008 montre de façon concluante que des prix du pétrole durablement élevés ne sont pas plus dans l’intérêt des consommateurs que des producteurs ».
En conséquence, « l’AIE invite les producteurs de pétrole à être sensibles aux signaux du marché et à faire preuve de souplesse dans l’approvisionnement suffisant et abordable », indique un document. L’Agence semble ainsi ajouter aux rumeurs selon lesquelles le cartel pétrolier OPEP pourrait relever ses quotas de production, inchangés depuis deux ans, dans les mois qui viennent. Justement, l’Organisation de pays exportateurs de pétrole a déclaré qu’elle détenait environ six millions de barils par jour de capacité de production non utilisée, soit 7% de la demande mondiale, qu’elle pourrait utiliser pour répondre à une éventuelle pénurie. L’essentiel de cette capacité est détenue par l’Arabie saoudite.
Le ministre saoudien du pétrole Ali al Nouaimi et le secrétaire général de l’Opep Abdallah al Badri ont signalé lundi que l’Opep n’avait pas l’intention de convoquer de réunion avant la prochaine, prévue en juin. Les marchés sont bien approvisionnés, ont-ils estimé. L’AIE et l’Opep ont régulièrement des vues divergentes sur la demande et les niveaux de production, l’Opep accusant l’Occident de relever la taxation des produits pétroliers pour ensuite demander aux producteurs plus de brut. « Ce que nous demandons à l’Opep c’est d’être souples », a déclaré le premier responsable de cette institution, Nobuo Tanaka. De son côté, le secrétaire général de l’organisation, Abdallah Salem El- Badri, a estimé que l’Opep serait prête à accroître sa production si la situation en Egypte empirait et menaçait les approvisionnements de brut. Une chose est sûre : le principal facteur de hausse des prix du pétrole est « le potentiel d’instabilité géopolitique » en Egypte, a déclaré hier Jean-Louis Schilansky, président de l’union française des industries pétrolières (Ufip) qui a affirmé que c’est cette « instabilité qui inquiète les marchés » en premier lieu, et non pas les risques de fermeture du Canal de Suez. « 5% de la production mondiale transitent par le Canal de Suez, ce n’est pas le facteur principal expliquant la hausse des cours du pétrole », a-t-il déclaré. Par ailleurs, l’expert a également indiqué que les prix du pétrole étaient également tirés vers le haut par la hausse de la demande.
« En 2010, la demande a augmenté de 3% par rapport à 2009, et en 2011, elle devrait progresser de 2% », a-t-il estimé. Selon lui, les prix de l’essence à la pompe sont directement liés à ceux du pétrole brut. « Si le prix du brut continue à monter, les prix du carburant vont suivre », a-t-il averti.
M. Schilansky estime cependant que les records des prix du carburant, datant de l’été 2008, ne devraient pas être battus ces prochains jours.