Les cours ont rechuté depuis le début juillet, après avoir tenté de se stabiliser autour de 60 dollars le baril à New York, entre avril et juin.
Les cours du pétrole viennent d’atteindre leur plus bas niveau depuis mars 2009. Dans un marché disposant de peu d’éléments pour sortir de cette spirale baissière, les prix demeurent plombés par les inquiétudes sur une surabondance durable de l’offre. Les cours poursuivaient leur baisse vendredi en Asie.
Le baril de Light Sweet Crude (WTI) pour livraison en septembre cédait 17 cents, à 42,06 dollars en fin de matinée, après être tombé sous le seuil de 42 dollars en début de séance, un plus bas depuis 6 ans. Le baril de Brent, la référence européenne du brut, pour livraison à la même échéance, perdait deux cents, à 49,20 dollars.
Bernard Aw, analyste chez IG Markets à Singapour, a expliqué que les pressions à la baisse avaient encore été renforcées par les estimations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), pour laquelle la surabondance va perdurer pendant l’année 2016. “Le brut va rester sous pression, et connaître sa septième semaine de baisse”, a-t-il dit. Pour lui, l’“évaluation de l’AIE ajoute plus de pessimisme”. Les cours du pétrole, qui rechutent depuis le début juillet, ont encore été lestés par la dévaluation inattendue du yuan, de nature à décourager les exportations vers la Chine, deuxième consommateur mondial de pétrole. La production continue à être très élevée que ce soit au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui dépasse largement son plafond théorique de 30 millions de barils par jour (bpj), comme aux États-Unis,
en dépit d’une baisse la semaine dernière.
De plus, les investisseurs s’inquiètent du risque d’afflux d’or noir iranien à la suite de l’accord sur le nucléaire conclu à la mi-juillet avec les grandes puissances en échange d’une levée des sanctions économiques imposées à Téhéran. Plus largement, les cours ont rechuté depuis le début juillet, après avoir tenté de se stabiliser autour de 60 dollars le baril à New York, entre avril et juin. “En gros, tous les éléments à l’origine de la baisse de plus de 20 dollars, enregistrée depuis un mois et demi, continuent à peser sur le marché”, a résumé Gene McGillian, de Tradition Energy. “On ne voit toujours aucun signe d’une amélioration prochaine de la surabondance (de l’offre) de deux millions de barils par jour sur le marché mondial”, a-t-il indiqué.
On entend même dire, précise-t-il, qu’elle va durer jusqu’à la fin de l’année prochaine. Faute de signes encourageants du côté de l’Opep, le marché va comme tous les vendredis surveiller le décompte des puits de pétrole en activité aux États-Unis, établi par le groupe privé Baker Hughes, dans l’espoir d’y trouver des signes annonciateurs d’une baisse de la production.
L’Opep a, une nouvelle fois, révisé à la hausse mardi dernier ses prévisions pour la demande de pétrole brut pour 2015, et table sur une reprise de la demande pour 2016. Dans son rapport mensuel, l’Opep s’attend à une hausse de la demande de 1,38 million de barils par jour (mb/j) en 2015. Pour 2016, l’organisation évoque, comme lors de ses premières prévisions publiées en juillet, une accélération de la demande de l’ordre de 1,34 mb/j, liée à un rebond de la croissance mondiale à 3,5%, contre 3,2% cette année. L’Opep appuie son analyse sur “la croissance meilleure qu’attendu de la demande mondiale de pétrole cette année, et certains signes de reprise des économies des principaux pays consommateurs”. Elle estime que “la demande de pétrole brut devrait continuer à s’améliorer dans les mois à venir et réduire ainsi graduellement le déséquilibre entre offre et demande”.
B. K