Les prix du pétrole ont clôturé mercredi à leur plus haut niveau depuis 2014 à New York et à Londres, poussés par des commentaires de responsables américains sur l’Iran remettant sur le devant de la scène les sanctions imminentes contre le pétrole iranien. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en novembre, référence américaine du brut, a gagné 1,18 dollar ou 1,6% pour clôturer à 76,41 dollars sur le New York Mercantile Exchange. Il est monté dans la journée jusqu’à 76,90 dollars. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a bondi de 1,49 dollar ou 1,8% pour terminer à 86,29 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE). Il a grimpé jusqu’à 86,74 dollars en cours de séance.
Les cours du brut avaient pourtant débuté la séance près de l’équilibre, alors que la Russie et l’Arabie saoudite ont affirmé avoir ouvert les vannes à fond pour assurer un certain équilibre sur le marché. Les investisseurs s’inquiètent en effet depuis plusieurs mois d’un potentiel déficit de l’offre d’or noir sur le marché mondial après l’entrée en vigueur début novembre de sanctions américaines contre les exportations de l’Iran. Donald Trump, qui voit d’un mauvais oeil la flambée des prix de l’essence juste avant les élections de mi-mandat en novembre, accuse régulièrement l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et ses partenaires d’avoir fait grimper les prix en limitant leurs extractions depuis début 2017. Mais le président russe Vladimir Poutine lui a répondu mercredi lors d’un forum consacré à l’Energie à Moscou que son pays avait déjà augmenté sa production de 400.000 barils par jour. « S’il le faut, nous pourrions l’augmenter encore de 200 à 300.000 barils par jour », a-t-il indiqué. Le prix du brut est « essentiellement le résultat des activités de l’actuelle administration américaine » et « de sa politique irresponsable qui a un impact direct sur l’économie mondiale », a-t-il aussi affirmé.
Le ministre saoudien de l’Energie, Khaled al-Faleh, a pour sa part indiqué que son pays extrayait début octobre environ 10,7 millions de barils par jour, soit le niveau de son record historique de 10,72 millions de barils atteint en novembre 2016, et pourrait encore augmenter la cadence en novembre.Les prix des barils ont piqué du nez juste après la diffusion en cours de séance d’un rapport américain montrant une hausse bien plus élevée que prévu des stocks de brut aux États-Unis, en raison notamment d’une chute des exportations. Mais ce repli n’a pas duré. « Les investisseurs spéculatifs en ont profité pour faire des achats à des prix moins élevés », selon Robert Yawger de Mizuho. « Puis Mike Pompeo et John Bolton ont parlé de l’Iran, ce qui a fait bondir les cours », a-t-il ajouté. Le chef de la diplomatie américaine a notamment accusé l’Iran d’être « derrière la menace actuelle contre les Américains en Irak » tandis que le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump a affirmé que « le régime iranien (avait) systématiquement conduit une politique hostile aux États-Unis » lors d’un point-presse à la Maison Blanche. « Ces commentaires font encore monter la température entre les deux pays avant même l’entrée en vigueur des sanctions », a remarqué Phil Flynn de Price Futures Group.