La multiplication des enquêtes menées par les différents pays contre Chakib Khelil a touché la société CGKL Associates, fondée le 20 février 2012 à Vienne, dans laquelle notre ancien ministre de l’Energie s’est associé à trois de ses homologues. CGKL compte en effet, l’ancien ministre nigérian Rilwanu Lukman, l’Irakien Issam Chalabi et le Libyen Chokri Ghanem, qui a trouvé la mort dans des circonstances mystérieuses deux mois plus tard dans la capitale autrichienne.
Les quatre anciens ministres de l’Energie proposent à travers CGKL des consultations dans le secteur de l’énergie pour le compte des gouvernements, des compagnies pétrolières, des institutions financières, des agences de l’énergie, des entreprises de services, ainsi que des conseils dans les domaines de la construction, de l’ingénierie et de la fabrication.
La mort de Chokri Ghanem
Les enquêtes ont touché CGKL en raison d’abord de la mort de l’ancien ministre libyen du Pétrole. Car, cette société constituait sa seule et unique activité après avoir déserté les rangs du gouvernement libyen. L’ancien ministre du Pétrole de Mouammar Kadhafi a été découvert à Vienne, flottant dans les eaux du Danube alors que Mediapart faisait état de la décision du gouvernement libyen de financer la campagne électorale de Nicolas Sarkozy à hauteur de 50 millions d’euros. Chokri Ghanem était suspecté d’avoir supervisé les opérations de transfert d’argent pour le compte du candidat français. La presse française, proche des milieux du renseignement, précisait alors que Chokri Ghanem savait beaucoup de choses sur les relations entre l’Europe et la Libye, notamment les relations avec la classe politique française. La mort suspecte de Chokri Ghanem a mis la société CGKL sous pression et Chakib Khelil a dû intervenir auprès de ses deux associés pour mettre en veilleuse toutes ses activités.

Les explications du ministre irakien
Joint par téléphone, l’ancien ministre irakien de l’Energie, Issam Chalabi, a expliqué que CGKL devait être «un espace de concertation» entre les quatre associés pour proposer divers services aux différents intervenants dans le secteur de l’énergie. «Mais cette association ne devait pas empêcher chaque membre d’activer individuellement avec d’autres partenaires», précise encore l’ancien ministre irakien du Pétrole. Tout en évitant d’évoquer l’implication de Chakib Khelil dans les affaires de corruption, Issam Chalabi a indiqué que toutes les activités de la société ont été gelées au lendemain de la mort de leur associé libyen. «Deux mois à peine après la création de CGKL, Chokri Ghanem a été retrouvé mort à Vienne. Cet événement tragique a contraint le reste des associés à mettre un terme à l’activité de CGKL», ajoute- t-il. Une source bien informée a indiqué qu’en raison des enquêtes qui entouraient CGKL, Chakib Khelil et son homologue nigérian Rilwanu Lukman ont préféré se joindre au groupe qui gère la société Wilton Ressources au Canada. Ils sont arrivés en Algérie sous la casquette de la petite société First Calgary Petroleum (FCP) pour arracher un partenariat avec Sonatrach sur le bloc 403 de Menzel Ledjmet Est. Avant même qu’il ne soit mis en exploitation, les participations de FCP sur ce permis ont été revendues aux Italiens de l’ENI. Les Canadiens sont repartis dans leur pays avec un chèque de 607 millions d’euros. Jusqu’à ce jour, Chakib Khelil est toujours employé par Wilton Ressources, même s’il évite de se rendre au Canada.
Mokhtar Benzaki