Petite histoire de nuit au chu Beni Messous, Infirmier de garde ou voyou ?

Petite histoire de nuit au chu Beni Messous, Infirmier de garde ou voyou ?

Urgences du CHU Béni Messous. Dimanche 26 janvier à 19 h00. Un couple de quinquagénaires, dont la femme souffrait d’une violente crise d’otite, se présente au service des urgences -ORL du CHU de Béni Messous.

Un préposé au service les informe de l’obligation de passer par les urgences médicales qui doivent délivrer un bulletin d’orientation. Nullement convaincu d’une telle aberration réglementaire, le couple s’exécute toutefois, va aux urgences médicales où il y avait grande foule, dont une bonne partie vociférait contre cette réglementation imposant de passer -et perdre surtout un temps vital- par un service même pas doté de l’outillage nécessaire ni de spécialités.

Après plus de trois quarts d’heure d’attente, les «urgences urgentes» s’accumulant et la douleur de la dame culminant, l’homme résolu de revenir à l’ORL. Accompagné de sa femme, il y trouva un cerbère, identifié par la suite comme étant l’infirmier de garde. Lui expliquant la situation, ce dernier refusa net, mettant en avant la sacro-sainte réglementation en vigueur.

L’homme le pria alors de les laisser au moins tenter de sensibiliser le médecin. Entre temps, l’infirmier sortit à la rencontre d’un homme et de son fils -vraisemblablement une connaissance- descendus tout droit de leur véhicule et les emmena pour consultation. C’est un jeune résident, très affable au demeurant, qui les écouta et s’en alla porter leur doléance au maître assistant. Celle-ci, car c’est une jeune femme, opposa un niet catégorique. Devant son refus, l’homme tint à la remercier pour ce sens très élevé de l’humanisme et de sa notion du serment d’Hippocrate.

À son «Merci, madame », cette dernière répondit par un claquement de porte aussi rageur qu’impoli. Ce à quoi, l’homme rétorqua en lançant «vous manquez d’éducation ». La malheureuse patiente, faisant fi de sa douleur, s’accrochait à son conjoint pour éviter que les choses ne dégénèrent. En sortant à l’extérieur, le couple est dépassé par l’infirmier de garde, visiblement désireux d’en découdre et impressionné sûrement par son gabarit de colosse et son crâne chauve. À l’exclamation d’indignation de la dame, il lâche une invective attentant à la dignité de cette dernière.

Le mari s’accroche à lui et faillirent en arriver aux mains, n’était l’interposition d’agents et de citoyens. Les agents orientent le couple vers le directeur de garde. Ce dernier a eu une attitude diamétralement opposée. Se coupant en quatre pour ne pas laisser la dame repartir dans cet état et sans soins, il les accompagne avec deux de ses collaborateurs à l’ORL. Peine perdue, puisqu’après quelques minutes de palabres à l’intérieur, le directeur de garde a dû faire face à l’intransigeance du médecin apparenté à la cuisse de Jupiter.

Il pria l’homme de le suivre aux urgences médicales pour l’inscription en consultation. C’est ce qu’il fit faire, en dépit du voeu du couple de surseoir à cette visite. Mais le bonhomme n’était pas, lui également au bout de ses peines. En effet, et une fois de retour et ayant sans doute mal digéré que l’affaire prenne une telle tournure, le médecin profita de ce que la porte était entrebâillée pour la claquer violemment une nouvelle fois au nez de son supérieur en théorie se tenant debout dans le patio. Confus et très mal à l’aise par un tel geste, ce dernier lâche à l’adresse de l’assistance : «Il est tout a fait normal de fermer la porte mais pas de cette façon… voyez vous, il ne suffit pas d’édifier des structures ultramodernes, ce sont les esprits qu’il convient de réformer. Mais à la limite, il s’agit d’une question d’éducation ».

À la fin de la visite de la patiente, le directeur de garde s’engouffra dans le cabinet pour, sûrement, une explication orageuse- et pour causedont le couple ne connaîtra pas l’issue. Enfin, et pour rajouter au dégoût, le couple fut interloqué de s’entendre dire par le directeur de garde à sa première intrusion dans le service, que le mari aurait tenu des propos vulgaires dans le patio où il y avait son épouse et des patients (Sic) : un argument de lâcheté à l’algérienne et comme témoin, le quidam «ami» que l’infirmier a fait passer sans encombres. Une consolation quand même : la disponibilité et l’humanisme de ce directeur de garde qui n’en pouvait, mais… Avis au DG du CHU, voire au ministre, si d’aventure ils venaient à lire cet humble écrit!

R. S.