Peste et fièvre aphteuse effraient les consommateurs: Les démons de la viande bleue

Peste et fièvre aphteuse effraient les consommateurs: Les démons de la viande bleue

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Le ministère du Commerce a instruit ses structures d’observer une plus grande vigilance au niveau des abattoirs et d’accentuer les contrôles chez les bouchers. Une instruction qui renseigne sur la présence d’un risque lié aux pratiques immorales de certains.

Le consommateur algérien a toutes les raisons d’avoir peur. N’a-t-il pas eu une viande bleue dans son assiette? Des saucissons à la viande d’âne et même du poulet bourré aux antibiotiques et aux OGM. Avoir peur aujourd’hui de consommer de la viande rouge est compréhensible surtout que la peste des ruminants et la fièvre aphteuse se propagent à grande vitesse.

En fait, même si le virus de la peste des petits ruminants n’infecte pas directement l’homme, consommer de la viande contaminée a sûrement des conséquences sur la santé. D’ailleurs, le ministère du Commerce «a instruit ses structures d’observer une plus grande vigilance au niveau des abattoirs et d’accentuer les contrôles chez les bouchers» comme l’a affirmé, hier, un de ses cadres. Une instruction qui renseigne sur la présence d’un risque. Ce risque-là n’est que le résultat de l’inconscience de certains éleveurs et vendeurs qui ne cherchent qu’à se remplir les poches.

Les consommateurs ont déjà été victimes de ces pratiques immorales lorsqu’ils ont eu la mauvaise surprise de découvrir la viande de leur mouton virant au bleu. Ce scandale de la viande putréfiée avait gâché l’Aïd de bien des familles, faut-il le rappeler. Le démantèlement d’un réseau illicite de commercialisation de produits pharmaceutiques non autorisés pour l’engraissement d’animaux à M’sila, quelque temps après, avait alors donné libre cours aux spéculations. Et même si tout lien entre ce réseau et la viande ovine putréfiée, avait à l’époque été écarté, il n’empêche que cela a renseigné sur l’existence de filières d’importation illicites de produits engraissant les animaux.

Cela a averti également sur le risque de la consommation de la viande blanche en raison de son engraissement. Faut-il rappeler l’alerte donnée, l’année dernière, par un vétérinaire, membre de l’Association de protection et orientation du consommateur et son environnement (Apoce) en relevant que le poulet de chair commercialisé contenait des résidus d’antibiotiques en raison du non-respect du temps d’attente (une vingtaine de jours) que doivent observer les producteurs entre l’administration des médicaments à la volaille et son envoi à l’abattage. Il y a aussi eu la saisie à Oran de plus de 300 kg de viande d’âne.

Les exemples de pratiques illégales sont légion et le consommateur ne peut être aujourd’hui à l’abri des agissements immoraux. Certaines personnes peuvent aisément égorger leurs caprins ou ovins malades et les mettre sur le marché. Vendus sous forme de saucissons, le consommateur n’y verra que du feu! C’est la raison pour laquelle, la vigilance est de mise jusqu’à la vaccination de tout le cheptel. Et c’est ce à quoi s’attelle le ministère de l’Agriculture.

Le ministre, Abdelkader Bouazghi, a affirmé dernièrement qu’une enveloppe financière de 400 millions de dinars a été débloquée pour l’acquisition du vaccin contre la peste des petits ruminants et le début de la campagne en 2019, avec la prise de toutes les mesures sanitaires visant à prévenir la propagation de cette épizootie.

«Les premiers lots de vaccin contre la peste des petits ruminants seront disponibles d’ici la fin du mois de janvier» a déclaré le ministre indiquant que «des mesures d’urgence ont été prises par le gouvernement pour l’acquisition de grandes quantités de vaccin afin de les mettre à la disposition des éleveurs en vue de contenir la propagation de l’épidémie.» Il a précisé également que de multiples opérations préventives ont été lancées, à savoir fermeture des marchés à bestiaux, interdiction de déplacement de cheptel, notamment en zones frontalières, et le renforcement des contrôles vétérinaires.

Mais la mesure la plus importante reste la maîtrise des déplacements des animaux vers les abattoirs, où il est désormais obligatoire de se présenter munis d’un certificat médical émis par des services officiels qui prouvent que ces animaux sont exempts de toute pathologie, ainsi que l’interdiction d’importation des bovins aux fins de prévention de cette maladie. Si le contrôle est strictement effectué et que les mesures d’hygiène sont scrupuleusement observées, le consommateur peut être rassuré. Mais pour les plus craintifs, une seule option: suivre l’adage qui dit «vaut mieux prévenir que guérir» ce qui équivaut à supprimer la viande rouge de son assiette.