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Comme pour toutes les régions du pays, des mesures préventives ont été prises pour éviter la propagation chez le restant des troupeaux.
La peste des petits ruminants se propage à une vitesse ahurissante. Au rythme des découvertes du cheptel malade de cette épizootie, l’on craint que les vaccins, attendus pour la fin du mois en cours, ne servent pas à grand-chose. Les dernières informations en date font état de l’apparition de la maladie dans 20 endroits différents dans la wilaya de Khenchela. Quelque 400 bêtes en sont mortes.
L’inspection vétérinaire à la direction des services agricoles (DSA) de la wilaya de Khenchela qui a communiqué sur le développement de la maladie, a diagnostiqué le terrible mal parmi les ovins et caprins des communes du sud de la wilaya. Ouled Rechach, Babar et Chechar comptent désormais, parmi les localités où la peste des petits ruminants sévit. Les 400 têtes déjà perdues ne constituent, malheureusement, que le début d’un cauchemar qui n’est pas près, de disparaître en raison de l’indisponibilité du vaccin, visiblement seul traitement efficace contre la maladie.
Le même scénario est à déplorer à l’extrême ouest du pays, où pas moins de 30 foyers de la peste des petits ruminants ont été diagnostiqués, avant-hier, dans la wilaya de Tlemcen. Ces foyers ont été localisés dans 20 communes du sud de la wilaya après les résultats positifs des analyses des prélèvements effectués sur du bétail décimé par ces deux maladies. Le bilan encore provisoire des pertes à Tlemcen est terrible. On enregistre la mort de 1077 agneaux entre le 27 décembre et le 8 janvier dernier. Le nombre de victimes de cette maladie parmi les petits ruminants est en hausse quasi exponentielle.
Comme pour toutes les régions du pays, des mesures préventives ont été prises pour éviter la propagation chez le restant des troupeaux. Des marchés de bestiaux ont ainsi été fermés pour une durée d’un mois sur décision des walis. La mesure vaut pour tout le territoire national.
Et comme un malheur n’arrive jamais seul, la peste des petits ruminants s’est déclarée parallèlement à la fièvre aphteuse, une zoonose toute aussi inquiétante, mais avec la différence que les vaccins sont disponibles. Quelque 5000 doses de vaccin ont été réservées pour lancer une première étape de vaccination du bétail à travers les communes les plus touchées par ces deux zoonoses.
Cela pour Tlemcen. Concernant la wilaya de Kenchela, pour les seuls 10 premiers jours de 2019, quelque 7300 ovins ont été vaccinés contre la fièvre aphteuse à travers toutes les communes.
Il convient de souligner que l’ensemble des wilayas agropastorales a actionné un plan d’urgence, avec l’objectif de contenir les deux maladies. Des permanences au niveau des DSA et des subdivisions des daïras travaillent sans interruption, y compris les fins de semaine. L’on insiste au ministère de l’Agriculture sur l’observation des mesures prophylactiques, notamment l’interdiction du déplacement des troupeaux d’une région à une autre, sauf vers les abattoirs avec dérogation spéciale des services vétérinaires.
Mais il semble que toutes les mesures décidées par les autorités du pays n’aient pas permis de circonscrire les deux zoonoses qui continuent à se propager dangereusement. Les incidences sur les éleveurs sont immédiates et beaucoup évoquent une catastrophe sans précédent. La filière viandes rouges en souffrira pendant plusieurs années. Même si aucun chiffre n’est avancé par les services compétents, les spécialistes n’hésitent pas à évoquer des pertes sans commune mesure. Bref, la peste des petits ruminants restera dans l’histoire de l’élevage en Algérie, comme l’épreuve la plus dure depuis l’indépendance du pays.
Il y a lieu de souligner également que cette situation impactera fortement le marché de la viande rouge et par effet domino, celui de la viande blanche. On parle déjà d’une hausse des prix exceptionnelle pour ces deux produits, à moins que le gouvernement ne procède à des importations massives de viandes rouges.