Près de cinq ans après avoir été annoncé, le projet de la révision constitutionnelle est fin prêt. Mais il faut encore attendre les “prochains jours”, à en croire la présidence de la République, pour en connaître la teneur précise. Quand on a attendu autant, on peut bien patienter un peu plus longtemps.
En attendant, les quelques indications données sur le contenu de cette révision n’auront pas changé grand-chose à la donne : la classe politique, les constitutionnalistes et l’opinion publique restent dans l’expectative et ne peuvent que spéculer, espérer, douter et s’interroger. En un mot, c’est encore l’Arlésienne.
Mieux, les bribes d’informations que la présidence de la République a livrées dans son dernier communiqué ne manqueront pas de donner lieu à des lectures croisées, voire contradictoires. Mais cela ne donnera pas un débat éclairé sur la question car l’objet même du débat est inconnu. On n’aura donc pas beaucoup avancé.
Au reste, il n’y a, pour le moment, que Amar Saâdani à s’exprimer, sûr de son fait, comme s’il était le rédacteur du projet. Les autres, tous les autres responsables politiques, et pas seulement ceux de l’opposition, se gardent d’émettre le moindre avis. Et on peut les comprendre.
Car pourquoi donc s’attarder à évaluer ou à analyser ce qui, pour l’heure, reste aussi mystérieux qu’un ovni aperçu par six personnes dans les parages d’El-Mouradia ? Mais ce silence quasi national sur un tel projet peut s’expliquer par cette conviction assez partagée au sein de la classe politique : la révision constitutionnelle, telle qu’engagée par le chef de l’État, n’était pas le bon remède à la situation politique peu enviable du pays.
On se rappelle que, déjà en leur temps, les consultations conduites successivement par Abdelkader Bensalah et Ahmed Ouyahia autour de ce projet n’avaient pas emballé grand monde. L’absence de réactions à l’annonce de la finalisation du projet tient sans doute plus de ce pessimisme-là, que de la méconnaissance du contenu de la révision constitutionnelle.