Les élèves des classes d’examen, notamment ceux de la terminale, sont les plus concernés par le prolongement des protestations de leurs enseignants et le non sérieux du ministère de l’Education nationale qui tarde à résoudre définitivement la crise avec la grève qui a paralysé l’école durant des mois et ce n’est pas fini…
La colère et les inquiétudes des élèves des classes d’examen ne font que perdurer tout comme les protestations et la grève de leurs enseignants qui se prolonge dans le temps. Combien de temps faudra-t-il pour que ces élèves puissent bénéficier d’une scolarité normale et trouver un climat propice pour la préparation de l’épreuve qui les attend à la fin de l’année.
C’est la question que se posent à l’unanimité les candidats du Bac ainsi que les élèves d’autres classes d’examen, qui sont conscients des répercussions catastrophiques que peuvent engendrer les mouvements de protestation sur leurs bulletins de fin d’année.
Si le ministère de l’Education tente de dédramatiser la situation en les rassurant que le programme tracé sera accompli avant le 25 mai, date de l’arrêt des cours, alors que les grévistes ont entamé depuis mercredi une semaine de grève reconductible, les élèves se demandent, quant à eux, de quelle manière seront-ils sauvés du retard, de la surcharge et du rythme accéléré des cours.
«On en a assez de ces perturbations cette année, les enseignants ont entamé l’année avec une grève de quelques semaines, quelques-uns ont repris le travail, et voilà, ils reprennent leur grève. Conséquence, nous n’avons qu’une semaine pour les vacances d’hiver et beaucoup de contraintes et d’inquiétude pour le reste de l’année.
Le ministère de l’Education et les enseignants continuent à se jeter la balle, tandis que nous, les élèves, sommes seuls à payer le non sérieux des uns et l’exagération des autres… », se plaint Mourad, candidat au Bac. Le climat s’annonce stressant pour le reste de l’année, et les solutions non satisfaisantes proposées par le département de Benbouzid qui a perdu beaucoup de temps pour maîtriser la crise de son secteur.
Il y a plus de trois mois, le ministère de l’Education s’est engagé par écrit, un certain 24 novembre 2009, en répondant soi-disant favorablement aux revendications des enseignants concernant le régime indemnitaire, les œuvres sociales et la mise en place d’une médecine du travail au profit des travailleurs du secteur. Cet engagement a eu lieu après trois semaines de grève. Trois mois après, les grévistes sont insatisfaits.
Malgré l’augmentation de leurs salaires, les enseignants ont entamé hier une grève d’une semaine sous prétexte que le dossier des œuvres sociales et celui de la médecine du travail sont toujours négligés.
C’est-à-dire que le ministère n’a pas respecté son engagement du mois de novembre dernier, qui, pour rappel, a été qualifié de «réussite» après une forte solidarité et mobilisation des travailleurs du secteur, à leur tête les syndicats autonomes.
On s’achemine actuellement vers une année blanche, sauf que le ministère de l’Education trouve à chaque fois le moyen de reconduire les enseignants dans les classes en gagnant du temps afin d’échapper au spectre d’une année blanche. Les enseignants sont cette année plus que jamais solidaires entre eux et déterminés à en finir avec les promesses de Benbouzid jusqu’à satisfaction totale et concrète de leurs revendications.
Entre-temps, se sont les élèves qui sont lésés. Sur tout un autre registre, il semble que les revendications des enseignants ont dégradé leur image auprès de leurs élèves, car ils sont nombreux à reprocher et déclarer que «leurs enseignants sont égocentriques et ne se soucient pas des préoccupations des élèves, d’autant qu’ils n’ont pas inclus d’autres revendications liées aux problèmes de l’école algérienne, comme la qualité et la surcharge des programmes sur la liste de leurs revendications…», reproche un groupe de lycéens rencontré à la porte de leur lycée paralysé par la grève.
Et d’ajouter que la grève les a perturbés et que maintenant il appartient aux élèves d’investir la rue pour exprimer leur colère vis-à-vis des interminables mouvements de protestation dont ils sont victimes pour faire réagir le ministère de l’Education dans l’espoir que ce dernier mette fin aux inquiétudes des élèves.
En attendant, ces perdants au premier degré se rencontrent avec leurs enseignants durant les séances des «cours de soutien». Ceux qui n’ont pas les moyens de payer les cours supplémentaires se contentent de rattraper le retard à partir des polycopies des cours que leur ont distribués leurs enseignants, en espérant que les portes de leurs écoles soient enfin déverrouillées.
Yasmine Ayadi