Les craintes sur la capacité de l’Algérie à honorer ses engagements à l’exportation du gaz naturel, soulevées par la presse nationale, ne sont pas aussi avérées.
Les risques soulevés, selon des prévisions de la commission de régulation de l’électricité et du gaz concernant l’évolution de la demande interne en gaz à l’horizon 2018, n’expliquent qu’en partie les scénarios envisagés.
Un éminent expert en énergie et gaz naturel en Afrique du Nord, de l’Institut des Études énergétiques de l’université d’Oxford, M Hakim Darbouche, vient de battre en brèche ces scénarios dans une analyse rendue publique, jeudi dernier. » En réalité, il n’a jamais été question de cession des exportations de gaz de la part de la Sonatrach, ou même de faillir à ses engagements contractuels.
Après tout, les réserves prouvées de gaz naturel en Algérie sont relativement importantes, et l’Algérie n’est pas l’Iran, l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, ou le Koweït », a-t-il souligné, expliquant que l’Algérie ne basculera pas de sitôt vers le statut de pays importateur de gaz naturel. Rappelons que, selon le rapport de la Creg, la demande globale intérieure en gaz atteindra 62,96 milliards de m3, soit un rythme d’évolution annuel moyen de 11,3% entre 2008 et 2013 et de 6,7% entre 2013 et 2018. Cette évolution de la demande est établie selon le scénario fort incluant la consommation des gros projets.
La crainte pèse sur la capacité de l’Algérie à honorer ses engagements gaziers envers l’étranger en raison de l’augmentation de sa consommation interne d’ici à 2018. Les exportations sont déjà de 60 milliards de m3. Or, la demande interne pourrait évoluer entre 50,48 milliards et près de 63 milliards de m3 à l’horizon 2018. Actuellement, 40% des 40 milliards de dollars des exportations en hydrocarbures proviennent du gaz.
Or, pour cet expert, les perspectives d’exportations de gaz de l’Algérie ne peuvent être évaluées sérieusement que si les projets de la Sonatrach et ses partenaires dans l’amont gazier sont passés au peigne fin, y compris la gestion du déclin tout à fait naturel des capacités de production de quelques-uns des gisements en production depuis des années.
» En d’autres termes, les perspectives d’exportations de gaz dépendent non seulement des scénarios de la Creg, mais aussi et surtout du profil et potentiel de l’offre de gaz sur la même période. En plus, les termes des engagements contractuels à l’exportation de la Sonatrach (volumes, durée de vie, etc.) doivent également être pris en considération.
Ainsi, tout exercice de pronostic sur les exportations de gaz de notre pays du genre qu’on nous a proposé récemment est sans valeur ajoutée réelle. « , a-t-il fait savoir en se penchant vers un problème. En effet, ce sont les objectifs d’exportation (85 milliards de m3 en 2013, et 100 milliards de m3 après 2015) fixés par le département de l’énergie au début des années 2000, qui sont dans l’incertitude, selon M. Darbouche.
» Les causes de ce doute sont liées aux retards qu’ont connus d’importants projets, tels que Gassi Touil, ainsi qu’aux retombées sur les activités amont des modifications apportées à la loi 05-07 et de sa mise en application subséquemment. » explique-t-il encore considérant que la réévaluation de la stratégie d’exportation aurait dû être opérée durant la période propice du milieu des années 2000. Cet éminent expert considère, par ailleurs, qu’il y a énormément de travail à faire pour le développement des énergies nouvelles, en insistant sur l’importance de l’exploitation du potentiel avéré de Algérie dans le nucléaire et les énergies renouvelables.
» Le développement de sources alternatives d’énergie, pour les besoins du marché national surtout, permettrait non seulement d’alléger la pression de la demande sur l’offre de gaz, dégageant plus de volumes à l’exportation, mais aussi de développer de nouvelles industries et prendre un élan compétitif dans la région méditerranéenne.
Plutôt, le gouvernement adoptera une stratégie résolue dans ce domaine, et développera les outils législatifs et réglementaires nécessaires, le mieux ce sera pour l’avenir énergétique et économique de notre pays « , a-t-il conclu.
Y. F.