Perspectives de la filière textile et cuirs en Algérie : Les professionnels confiants

Perspectives de la filière textile et cuirs en Algérie : Les professionnels confiants

Amélioration de la demande des produits de textile

Les professionnels du textile et cuirs en Algérie s’attendent à de meilleures perspectives pour cette filière, grâce aux résultats positifs enregistrés par la filière durant le dernier trimestre de l’année 2012, selon une enquête de l’ONS.

Outre une hausse de l’activité et une stabilité des effectifs, les industriels de cette filière prévoient de « bonnes perspectives » de la trésorerie, indique une enquête d’opinion réalisée par l’Office national des statistiques (ONS) auprès des chefs d’entreprises de ce secteur. En effet, les industriels enquêtés ont déclaré que près de 68% des entreprises des textiles et plus de 49% de celles des cuirs ont utilisé leurs capacités de productions à plus de 75%.

Cette enquête d’opinion, qui porte sur le type et le rythme de l’activité industrielle, note que le degré de satisfaction des commandes en matières premières est toutefois inférieur à la demande exprimée, selon 50% des chefs d’entreprises des textiles, mais reste égal à la demande exprimée pour les industriels des cuirs qui ont relevé une stabilité de l’activité au dernier trimestre 2012.

Cependant, près de 21% des entreprises du textile ont connu des ruptures de stocks, induisant des arrêts de travail inférieurs à 10 jours. Plus de 31% des entreprises du textile et 90% de celles du cuir ont connu des pannes d’électricité conduisant à des arrêts de travail inférieurs à 12 jours pour l’ensemble, alors que l’approvisionnement en eau a été satisfaisant pour toutes les entreprises du secteur.

Amélioration de la demande des produits de textile

Malgré la hausse des prix de vente enregistrée durant les trois derniers mois de 2012, la demande en produits finis des textiles a augmenté, contrairement à celle des produits en cuir qui s’est stabilisée au même titre que les prix.

La majorité des industriels des textiles et l’ensemble de ceux des cuirs déclarent avoir satisfait toutes les commandes, mais avec des stocks de produits fabriqués, selon 70% pour les premiers et près de 50% pour les seconds, situation jugée « anormale » par 35% des concernés du secteur des textiles et par près de 81% de ceux des cuirs. Près de 24% des entreprises de textiles ont eu des problèmes de transports durant ce trimestre, selon l’ONS.

La trésorerie a été jugée « normale » par plus de 40% des chefs d’entreprises des textiles et « mauvaise » pour près de 35% de ceux des cuirs. L’allongement des délais de remboursements, les charges trop élevées et la rigidité des prix continuent toujours d’influer sur la trésorerie. Toutefois, plus de 56% du potentiel de production des textiles et 50% des cuirs ont recouru à des crédits bancaires, et près de 38% des premiers et plus de 49% des seconds ont eu des difficultés à les contracter, selon l’enquête.

En raison essentiellement de la vétusté et des problèmes des équipements, plus de 73% des patrons des textiles et plus de 48% de ceux des cuirs ont enregistré des pannes d’équipement, induisant des arrêts de travail qui restent inférieurs à 15 jours. D’autre part, l’ensemble des chefs d’entreprises du textile ont procédé à une remise en marche de leurs équipements en panne et l’ensemble de ceux des cuirs ont effectué des extensions. Plus de 40% des industriels des cuirs et l’ensemble de ceux des textiles déclarent pouvoir produire davantage avec un renouvellement des équipements et sans embauche supplémentaire de personnel. Les effectifs continuent leur baisse dans le secteur des textiles, en raison de la compression, contrairement à ceux des cuirs qui ont subi une augmentation.

Par ailleurs, les professionnels du secteur des cuirs estiment que le niveau de qualification du personnel est suffisant et n’ont pas eu de difficultés à recruter. Par contre, près de 30% des patrons du secteur des textiles et 40% de celui des cuirs ont jugé que le niveau de qualification du personnel est insuffisant, et près de 34% des premiers ont eu de difficultés à recruter du personnel cadre et de maîtrise. Cette reprise du secteur des textiles devrait se confirmer, durant les prochains mois, selon le ministre de l’Industrie, des PME et de la Promotion de l’investissement, M. Cherif Rahmani, qui avait déclaré dernièrement que le secteur de textiles sera dynamisé. Ce secteur, qui a failli « disparaître complètement avec l’ouverture violente du marché et le démantèlement tarifaire, sera dynamisé et donnera ses preuves sur le terrain d’ici à une année », avait t-il déclaré en marge d’une visite de travail à Constantine.

Les partenariats lancés avec des industriels en textile turcs permettront à l’Algérie de prendre progressivement des segments dans les marchés du textile et de la confection, restés pendant plusieurs années « littéralement envahis » par des produits en provenance de certains pays étrangers, avait t-il relevé. Les projets liés au secteur des textiles et de la confection seront financés par l’État, en partenariat avec des entreprises turques, avait-il ajouté.

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Produire et acheter national

Le 11e Forum d’Alger sur la gestion d’entreprise, organisé récemment par le cabinet Emergy à l’hôtel Sheraton, a encore une fois posé le problème de fond de l’économie nationale, à savoir la faiblesse en volume et en diversité de l’offre de biens et de services sur le marché intérieur, en croissance soutenue depuis des années au fil de l’expansion des revenus des ménages et des entreprises. Le credo qui s’est dégagé de cette rencontre est «acheter national».

Pour ceux qui ont de la mémoire, cela rappelle le credo «made in bladi» lancé il y a quelques années par le FCE, mais qui visiblement resté sans lendemain puisque la rigidité de notre vision et structures économiques fait que 70 pour cent des besoins de l’économie et de la société sont satisfaits par l’importation. C’est là une situation dangereuse à terme au regard de l’épuisement des ressources en hydrocarbures et des besoins d’émancipation économique et sociale des nouvelles générations.

Cette réalité a été rappelée sous toutes les coutures et sur tous les modes depuis des années par nombres d’acteurs institutionnels, espaces intermédiaires, spécialistes et autres observateurs, mais il est patent que l’ouverture du commerce extérieur, sans projection structurante à moyen et long terme, a aiguisé à la fois les appétits des entreprises étrangères (notamment en période de crise, voire de récession), d’une part, et les groupes d’intérêt locaux constitués au gré des opportunités de la demande du marché domestique, de la commande publique et des tergiversations des politiques publiques au sujet de l’investissement et de la mise en valeur des ressources nationales.

Aussi «acheter national» ne relève pas uniquement ou exclusivement du comportement du consommateur vis-à-vis du produit national, même s’il faut admettre que le «fétichisme de la marchandise» fonctionne chez nombre d’entre nous. Par conséquent, rien ne sert de le culpabiliser outre mesure ou l’implorer par des incantations stériles pour «acheter national», car l’enjeu est ailleurs dans la mesure où « le championnat de la consommation» se déroule sur un autre terrain, celui plus concret, plus structurant et plus révélateur de la production.

Pour faire preuve de pédagogie et de clarté, reprenons les choses une à une, si vous le permettez : pour «acheter national», il faut «produire national» ; et pour produire national, il faut «investir national » dans le cadre d’une vaste et puissante stratégie, visible et lisible par tous les acteurs de la vie publique et économique, et mettant en lumière des choix pertinents et concertés pour développer secteurs, branches et régions du pays.

Or, peut-on valablement et durablement augmenter et diversifier l’offre nationale de biens et de services avec 2 pour cent du PIB consacré à l’investissement productif hors hydrocarbures ? La réponse est non, et ce n’est pas faute de ressources financières. Peut-on améliorer le volume de la production nationale tant que l’acte d’importer est plus facile et rémunérateur que l’acte d’investir ? La réponse est là aussi, non.

Peut-on sécuriser et encourager les investisseurs lorsque le cadre juridique, législatif et réglementaire, ainsi que les instruments d’encadrement des marchés changent souvent, faute de vision à moyen et à long termes ? Peut-on faire émerger des entreprises compétitives dans un environnement bureaucratique et sans promotion vigoureuse de l’esprit et de la pratique entrepreneuriale au sein de la société ?

Peut-on continuer à pratiquer un traitement social du chômage ? Peut-on nous contenter d’un système bancaire hyperliquide et confronté à une pénurie prétendue ou réelle de projets et d’entrepreneurs, pénurie elle-même fruit de nombreux facteurs d’inertie ? Peut-on laisser nos administrations centrales et nos collectivités locales sans moyens humains et d’intervention de qualité face aux défis économiques et sociaux du développement ? La liste des questionnements est longue et loin d’être exhaustive. À toutes ces questions fondamentales, la réponse est bien évidemment, non, car il s’agit bien de préserver et d’assurer, voire assumer l’avenir de notre pays, de notre économie, de notre souveraineté et de notre jeunesse.

Toutes ces question ont des réponses appelées réformes, voire refontes, à concevoir et à conduire avec détermination, concertation et succès. Il ne s’agit pas de promouvoir l’autarcie, loin s’en faut, qui ne peut exister en ces temps modernes, mais il faut bien distinguer entre protection de l’économie et protectionnisme. Tout le monde observe comment les grandes nations encouragent les investissements et la croissance, parfois en violation des accords de libre- échange et dispositions énoncées par les textes organisant les espaces économiques multilatéraux connus, tels que l’OMC, l’UE, l’ALENA, etc. La préservation de l’emploi, voire son élargissement passent avant toute autre considération, pour beaucoup d’États et de gouvernements. Pour preuve, les marques de patriotisme, voire de nationalisme économique qui ne manquent pas de marquer les échanges internationaux, ceux des pays émergents, et notamment ceux connus sous le vocable de «BRICS» qui en sont l’exemple le plus illustratif pour la façon dont ils ont fait jouer la «carte», voire «l’atout du marché intérieur» comme facteur de croissance et de développement. Alors, pourquoi pas nous afin que «acheter national» soit à la fois une réalité tangible, pérenne, créatrice de valeur et d’emploi au profit des nouvelles générations. Il faut l’espérer au plus vite.

Yacine Ould Moussa