Alors que les accidents de la circulation continuent de faucher des vies à un rythme préoccupant, le débat sur la sécurité routière refait surface au Parlement.
Devant les députés de l’Assemblée populaire nationale, le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et des Transports, Said Sayoud, a levé le voile sur plusieurs mesures contenues dans le projet de loi portant Code de la route.
Au cœur des discussions, le permis à points, longtemps annoncé, mais aussi une série d’amendements destinés à renforcer la prévention et la dissuasion, sans, assure le ministre, « terroriser » les citoyens.
Permis à points en Algérie : un dispositif attendu, mais encore en préparation
Le dossier du permis à points en Algérie, évoqué depuis plusieurs années, n’est toujours pas opérationnel. Said Sayoud l’a confirmé clairement devant les députés , ce système n’est pas encore prêt. Selon lui, sa mise en place pourrait intervenir d’ici la fin de l’année 2026, une échéance qui marque une nouvelle étape dans un chantier longtemps repoussé.
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Ce dispositif, déjà en vigueur dans de nombreux pays, vise à responsabiliser les conducteurs en sanctionnant les infractions répétées par un retrait progressif de points, pouvant aller jusqu’au retrait du permis. En Algérie, son intégration au nouveau Code de la route s’inscrit dans une refonte plus large de la politique de sécurité routière.
Nouveau Code de la route : des sanctions renforcées, sans volonté de « terroriser »
Face aux inquiétudes exprimées sur un durcissement excessif des amendes et des mesures répressives, le ministre a tenu à nuancer. « Nous ne voulons pas terroriser les citoyens », a-t-il affirmé, précisant que le projet de loi cible avant tout les conducteurs qui enfreignent délibérément les règles.
Said Sayoud insiste sur la philosophie du texte : il ne s’agit ni d’un instrument fiscal déguisé ni d’un moyen de pression généralisé. « Nous ne sommes pas en train de présenter une loi de finances avec des augmentations injustifiées ou de nouvelles taxes », a-t-il souligné, ajoutant que l’objectif principal reste la protection des usagers de la route.
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Le ministre rappelle que le recours à la dissuasion n’a rien d’exceptionnel. Selon lui, dans les pays où les accidents ont reculé, ce résultat n’a pas été obtenu « par l’émotion, mais par le recours au caractère dissuasif de la loi ».
Accidents de la route : l’état des infrastructures aussi mis en cause
Reconnaissant la complexité du phénomène, Said Sayoud n’a pas limité l’analyse aux seuls comportements des conducteurs. Il a admis que l’état des routes constitue un facteur réel dans la hausse des accidents de la circulation en Algérie. Toutefois, il a également pointé du doigt d’autres causes récurrentes, notamment :
- L’excès de vitesse.
- Les manœuvres dangereuses.
- L’erreur humaine, même chez des conducteurs expérimentés.
« N’importe qui peut être victime d’un accident, même le meilleur conducteur au monde », a-t-il déclaré, soulignant la nécessité d’une approche globale combinant prévention, infrastructure et contrôle.
Ralentisseurs anarchiques : plus de 70 % hors normes, selon le ministre
Autre point sensible abordé lors de la séance plénière, la prolifération des ralentisseurs anarchiques. Le ministre a révélé que plus de 70 % des ralentisseurs installés sur les routes seraient le fait de citoyens, sans respect des normes techniques.
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« Chaque personne agit selon sa propre vision », a-t-il regretté, évoquant une situation devenue ingérable. Des instructions ont déjà été adressées aux walis pour procéder au retrait de ces ralentisseurs non conformes, y compris, fait plus grave encore, sur certains tronçons de l’autoroute.
Said Sayoud a promis une prise en charge rapide du dossier, rappelant que l’installation de ralentisseurs relève exclusivement des services des travaux publics, avec un engagement clair, réinstaller des dispositifs conformes aux normes de sécurité.
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À travers ce projet de loi, les autorités semblent vouloir poser les bases d’une réforme progressive, combinant sanctions ciblées, amélioration des infrastructures et responsabilisation des conducteurs. Le permis à points en Algérie, bien qu’encore en gestation, s’inscrit dans cette logique à moyen terme, alors que le nouveau Code de la route ambitionne de répondre à une urgence devenue nationale.
