Une pénurie qui suscite la colère des citoyens
A certains endroits, le fardeau d’eau minérale est cédé à 200 dinars.
On avait pensé, à tort, qu’il s’agissait là d’un délit d’initié. Ceux qui ont fait courir le bruit selon lequel le prix de la bouteille d’eau minérale allait être augmenté, dans les prochains jours, sur le marché, en ont eu pour leur argent. Après avoir disparu, le temps d’une semaine, des étals, l’eau minérale a refait surface dans de nombreux magasins d’alimentation générale, sans connaître le moindre changement. Du moins, c’est ce que nous ont déclaré nombre de commerçants d’Alger qui pensent que la pénurie a été sciemment provoquée et qu’elle est l’oeuvre des spéculateurs qui ont profité de la fête de l’Aïd pour créer la tension, en achetant de grandes quantités de ce produit sensible. «Alors que le prix du fardeau tourne habituellement autour de 160 dinars, certains commerçants l’auraient cédé à 200 dinars, voir 40 dinars de plus. C’est, en tout cas, ce que nous a précisé ce commerçant de la rue Harrichet, lors de la virée que nous avons effectuée, hier, dans de nombreux quartiers de la capitale Selon lui, ils auraient écoulé le fardeau de petites bouteilles d’eau minérale à 300 dinars.
Lorsque nous lui avons demandé combien il vendait la bouteille d’eau minérale de 1,5 litre, il nous a répondu que le prix était toujours le même, c’est-à-dire 25 dinars l’unité. Concernant la rareté du produit constatée dans de nombreux magasins, il reconnaît volontiers que la consommation a augmenté considérablement à l’occasion de cette période estivale, mais refuse de croire qu’il y a pénurie. «Certes, certains produits tels les jus et les boissons gazeuses ont manqué parfois pendant l’été, mais l’eau minérale était toujours disponible», nous a- t’il précisé. Pour cet autre commerçant d’un quartier voisin, c’est le circuit de distribution qui est mis au banc des accusés. «Cela fait plus d’une semaine que nous avons passé commande pour l’approvisionnement en fardeaux d’eau minérale, le distributeur ne s’est toujours pas manifesté.» Idem concernant ce marchand de la commune de Kouba qui s’étonne du silence radio du distributeur, alors que la commande lui avait été passée avant la fête de l’Aïd. «Je n’ai plus d’eau minérale», nous a-t-il répondu. Lorsque nous lui avons demandé de nous expliquer pourquoi, il a esquissé un sourire plein de sous-entendus: «C’est ça l’Algérie!» A l’Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), on est conscient du problème même si, comme tentera de nous l’expliquer M.Kherbache, «c’est la perturbation du circuit de distribution, particulièrement, pendant la période estivale, qui est pour une bonne part dans la pénurie de l’eau minérale ces derniers jours». «Beaucoup de commerçants ont constitué d’importants stocks, ce qui a perturbé sérieusement la distribution.» Ce n’est pas tout. Selon lui, l’arrêt de certaines usines en congé constitue, lui aussi, un facteur aggravant. N’empêche que des commerçants ont saisi cette occasion pour faire monter les prix qui ont atteint en certains endroits jusqu’à 30 dinars la petite bouteille d’un demi-litre. «En réponse à une cliente qui lui avait demandé pourquoi payer 30 dinars une petite bouteille d’eau achetée habituellement à 15 dinars, le vendeur lui a répondu qu’il l’avait achetée en deuxième ou troisième main», nous a rapporté le représentant de l’Ugcaa. Comme on le voit, il n’y a pas que le pain, l’eau minérale et le lait, ainsi que de nombreux autres produits de première nécessité manquent à chaque fois sur le marché. Il est temps de se pencher plus sérieusement sur ce problème qui n’a que trop duré, en sortant ce projet de loi qui dormirait dans les fonds des tiroirs.