La spéculation sur les pneus continue de faire des vagues en Algérie. En l’espace de quelques jours, deux tribunaux, à Oum el-Bouaghi et à Tiaret, ont ordonné la mise en détention provisoire de plusieurs suspects impliqués dans des trafics de grande ampleur. Ces affaires surviennent alors que l’État multiplie les mesures pour réguler le marché et moderniser le parc de transport.
À LIRE AUSSI : Hydrocarbures : SONATRACH s’allie à l’Américain Halliburton pour développer de nouveaux projets
Oum el-Bouaghi : 304 pneus saisis et un suspect écroué
À Oum el-Bouaghi, la justice a frappé fort contre la spéculation illégale sur les pneus de véhicules. Un commerçant de 49 ans, identifié par les initiales B.G., a été placé en détention provisoire après la saisie de 304 pneus stockés dans des entrepôts non déclarés. L’opération a été menée suite à des informations reçues par la police judiciaire, qui ont conduit à une perquisition fructueuse.
Présenté ce mardi devant le procureur de la République, le suspect a comparu en procédure de comparution immédiate. Le tribunal a décidé de reporter l’audience au 9 septembre 2025, tout en ordonnant son placement en détention provisoire. Cette affaire illustre l’ampleur des réseaux de spéculation qui alimentent la hausse des prix sur le marché des pneumatiques.
À LIRE AUSSI : Drame familial en France : une Algérienne soupçonnée d’avoir tué ses enfants avant de se suicider
Tiaret : deux prévenus incarcérés et un récidiviste condamné
La wilaya de Tiaret n’est pas en reste. Le 31 août 2025, les services de la police judiciaire y ont mis la main sur 525 pneus destinés à la spéculation. Deux individus, H.J. et M.B., ont été arrêtés et présentés devant le parquet. Comme à Oum el-Bouaghi, l’affaire a été renvoyée au 9 septembre 2025 et les deux suspects ont été placés en détention provisoire.
Mais ce qui retient l’attention, c’est le profil de l’un des mis en cause. M.B. avait déjà été condamné le même jour, le 31 août, pour une affaire similaire. Le tribunal correctionnel l’avait reconnu coupable de détention de 480 pneus destinés à la spéculation et l’avait condamné à 7 ans de prison ferme avec incarcération immédiate. Une récidive qui met en lumière l’ampleur du trafic et la sévérité croissante des juges face à ce phénomène.
À LIRE AUSSI : Nouvelle flambée de l’euro en Algérie : le marché noir des devises sous tension ce 2 septembre
L’État resserre l’étau : importation de pneus et modernisation du parc de bus
Ces affaires de spéculation interviennent dans un contexte de forte tension sur le marché algérien des pneumatiques et du transport. Pour répondre à la demande et freiner l’inflation, le gouvernement a autorisé l’importation de centaines de milliers de pneus. Dès septembre 2024, une première cargaison de 100 000 unités est arrivée, avec un objectif total de 300 000. Dans le même temps, le producteur national Iris a annoncé son ambition de doubler sa capacité, passant de deux à quatre millions de pneus par an.
À LIRE AUSSI : Industrie pharmaceutique : l’Algérie vise de nouveaux marchés à l’IATF-2025
Le secteur des transports connaît également une réforme majeure. Après des années de restrictions, l’Algérie a décidé d’assouplir l’importation de bus de moins de cinq ans. Le président Tebboune a par ailleurs ordonné le retrait progressif des bus âgés de plus de trente ans, dans un délai de six mois, à la suite du tragique accident d’Oued El Harrach qui a coûté la vie à 18 passagers.
Pour moderniser rapidement le parc, l’État a lancé un plan d’importation immédiate de 10 000 bus neufs, couplé à une importation massive de pneus. Ces mesures visent à assainir le marché, mettre fin aux pratiques spéculatives et renforcer la sécurité des transports collectifs.