Le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbas, a décidé d’intervenir une fois de plus pour rassurer les Algériens sur la crise du médicament. Des promesses non tenues jusqu’à présent jouent fortement sur la crédibilité du ministre.
En effet, le premier responsable du département de la santé est intervenu jeudi dernier lors d’une réunion à laquelle ont participé les représentants des distributeurs et des importateurs de médicaments pour annoncer une série de mesures afin de pallier la pénurie des médicaments au niveau des officines et de la Pharmacie Centrale des Hôpitaux (PCH).
La plupart des pharmacies accusent un manque important de médicaments, essentiellement en matière de traitements substantiels ou ceux utilisés dans les maladies chroniques.
Au niveau d’une pharmacie du côté des Anassers, le gérant cite un nombre important de médicaments en rupture tels que : le Ditentiel à 10mg (traitement de l’hypertension artérielle), le Diamicron à 30 mg (traitement du diabète insulino-dépendant), la Digoxine en comprimés (insuffisance cardiaque). Les causes de la pénurie, selon le pharmacien, sont imputables à la mauvaise gestion du médicament, au manque de matières premières et au retard dans la validation des programmes d’importation de ces dernières.
Selon lui, la pénurie est également liée au nouveau système commercial appliqué, à savoir le crédit documentaire. Les fournisseurs du médicament sont dorénavant obligés de payer les factures relatives aux produits lors de la commande, ce qui ralentit fortement la disponibilité et l’accessibilité du traitement.
Pour pallier cela, la délivrance des programmes d’importation pour l’année 2012 qui concernent les matières premières figure parmi les mesures annoncées par le ministre.
L’autre volet de la pénurie de médicaments est celui de la PCH qui, rappelons-le, est la structure étatique qui alimente les pharmacies en médicaments injectables (anticancéreux, antibiotiques, anti-inflammatoire…). A cet effet, la deuxième mesure prise par le ministère concerne l’assainissement de la situation financière de la PCH,
«laquelle a bénéficié récemment d’un prêt bancaire de 30 milliards de DA, avec un taux de 1% pour une période de remboursement qui s’étale sur dix ans», indique M. Ould Abbas. «Avec le paiement de toutes les factures de la PCH, celle-ci aura la possibilité de réguler ses stocks et de contracter des lettres de crédit», a ajouté M. Ould Abbas.
Cette procédure permettra à la PCH d’être à l’abri des dysfonctionnements relatifs à la disponibilité des médicaments et ce, pour une durée de six mois. Selon le ministre, «la PCH sera dotée d’un nouveau statut particulier qui lui permettra de traiter avec les services hospitaliers de gré à gré et de pouvoir vendre au privé,
le but étant de faire face à toutes formes de rupture de stock de médicaments». Ainsi, le nouvel organigramme du ministère comprendra trois directions générales, dont une direction générale de la pharmacie au niveau de son ministère.
Pour leur part, les officines étaient obligées de stocker certaines catégories de médicaments et de solliciter les grossistes pour des quantités inhabituelles à cause de la perturbation de la procédure d’approvisionnement (les médicaments n’étaient disponibles sur le marché que pour une courte durée).
Parmi les médicaments dont la disponibilité a été perturbée, on peut citer certaines catégories de collyres, quelques antidépresseurs et anti-inflammatoires en pommade… Pour mettre un terme à ce manque qui paralyse toute la structure de santé, le laboratoire étatique Saidal compte répondre à 50% de la demande et du marché pour mettre un terme à la perturbation de la procédure d’approvisionnement.
Une enveloppe budgétaire allouée au ministère de la Santé
Il est aussi question, pour mettre un terme aux fluctuations du marché du médicament et à la rupture de stock, d’affecter 50% de l’enveloppe budgétaire globale allouée aux produits pharmaceutiques, qui est de 55 milliards de DA annuellement au ministère.
«La moitié de l’enveloppe reviendra au ministère pour pallier toute pénurie ou autre urgence ainsi que les programmes nationaux comme les vaccins», annonce le ministre de la Santé.
La dernière mesure porte sur l’assainissement de la situation des molécules concernées par l’activité de l’enregistrement, à savoir l’actualisation de l’arrêté portant importation et commercialisation des produits non enregistrés, la relance des comités des experts cliniciens pour molécules hors nomenclature nationale ainsi que la révision de la nomenclature des médicaments.
Cette rencontre avec le ministre et les représentants des importateurs locaux était l’occasion de mettre en place une commission nationale consultative du médicament et des produits pharmaceutiques qui regroupera tous les acteurs de la sphère médicale (ministère de la santé, importateurs, fabricants et distributeurs, représentants des ministères des Finances et du Travail. Le rôle de cette commission est de veiller sur la disponibilité des médicaments,
d’évaluer les besoins du citoyen en établissant des bases de données étatiques et de promouvoir l’industrie pharmaceutique pour être à l’abri des pénuries.
«Cette commission se réunira périodiquement, une fois par mois au moins», a indiqué le ministre, ajoutant : «la mission de la commission consiste notamment à juguler les pénuries et les spéculations par une évaluation «régulière» de la quantité de médicaments existante».
Enfin, il s’agit, selon le ministre de «lutter contre l’opacité» caractérisant le marché du médicament en procédant d’abord à l’assainissement du réseau des distributeurs. Les représentants des fabricants et importateurs des médicaments, présents à cette réunion, ont «salué» les décisions prises par le ministère, considérant que l’assainissement de leurs rangs est «nécessaire» pour un bon fonctionnement du marché du médicament.
C. L.