pénurie de Médicaments : Ould Abbès menace les importateurs

pénurie de Médicaments : Ould Abbès menace les importateurs

Les importateurs de médicaments qui n’ont pas respecté leur engagement ont jusqu’au 20 avril pour remédier à leur situation, sinon ils seront radiés de la liste.

« Nous donnons un moratoire à ces opérateurs spéculateurs jusqu’au 20 avril prochain. Si leurs engagements formulés selon le cahier des charges signé au mois de novembre dernier ne sont pas respectés, nous leur retirerons l’agrément et l’autorisation d’importation de médicaments », a menacé, hier, le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, lors d’une conférence de presse. Cette décision sera appliquée « quelle que soit la position sociale de l’opérateur ». Ainsi, le ministre a indiqué que son département a pris ses dispositions pour les remplacer. « J’ai déjà instruit la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) pour importer les produits qui manquent et nous assurons que tous les médicaments seront disponibles le 20 avril prochain », soutient M. Ould Abbès tout en indiquant avoir rencontré dans la matinée d’hier tous les acteurs intervenant dans le secteur du médicament. Le ministre a fait savoir que son département a diligenté une enquête au niveau des hôpitaux et des officines « pour élucider les causes de la pénurie de médicaments constatée ces derniers mois ». Constat, « le secteur est géré dans l’opacité ». D’après ses explications, la pénurie de médicaments incombe à certains importateurs. Ainsi, seuls 20% des importateurs en exercice ont fait preuve de sérieux et ont assumé leur mission. Sur la lancée, Ould Abbès a souligné que « le ministère a respecté les règles du jeu. Aux importateurs d’être à la hauteur de leurs engagements ou de partir ». Pour appuyer ses dires, il a fait savoir que sur les 2966 médicaments inscrits dans le programme prévisionnel d’importation, seulement 617 ont été importés, soit 20%. « Ces importateurs ont été pourtant et pour la première fois destinataires d’un cahier des charges le 15 novembre et ont été tous détenteurs d’autorisation d’importation avant le 31 décembre. Ils devaient importer dans les trois mois après la remise du programme prévisionnel », a-t-il expliqué. Malgré cela, le programme des importations accuse un retard considérable.

150 MILLIONS DE DOLLARS DE SURFACTURATION TOUCHENT 38 PRODUITS

En termes d’unités, les importateurs se sont engagés à importer plus de 254 millions de boites mais finalement, seulement 13,99% de cette quantité a été importée. S’agissant de l’importation de produits d’oncologie (cancer), sur les 134 enregistrés dans le programme prévisionnel, 15 ont fait objet de première importation arrêtée le 29 février dernier, soit plus de 19 millions de boites non importées. M. Ould Abbès a fait savoir que son département a pris ses devants et a instruit la PCH de se procurer des médianements destinés au traitement du cancer auprès de ses fournisseurs et que d’ici la fin avril, le problème de l’indisponibilité sera complètement réglé. « Le cancer est devenu malheureusement pour certains importateurs un fonds de commerce », a-t-il déploré avant de soulever le phénomène de la surfacturation estimée à 150 millions de dollars en 2012 contre 94 millions de dollars pour toute l’année 2011, qui a touché 38 produits (matière première). Quelle était la réaction des importateurs ? « Ils étaient surpris. Ils ne s’attendaient pas à ce qu’il y ait une telle évaluation », a répondu M. Ould Abbès avant d’ajouter que le problème d’enregistrement des médicaments qu’ils ont évoqués n’est pas fondé.

Wassila Ould Hamouda

– 46 directeurs d’hôpitaux suspendus

Sur les 600 directeurs de structures de soins et hôpitaux à travers le territoire national, 46 n’ont pas appliqué la note ministérielle du moi de février qui les astreint à signaler les besoins en termes de médicaments et faire des commandes. C’est la raison pour laquelle le ministère a décidé de les suspendre de leur poste jusqu’à l’aboutissement de l’enquête lancée dans ce cadre.

W.O.H.

– « Les salaires des grévistes seront ponctionnés »

« Je suis contre la grève. La loi sera appliquée. Celui qui s’absentera aura des ponctions sur son salaire ». C’est avec cet avertissement que le ministre de la Santé s’est adressé aux médecins spécialistes de la santé qui ont brandi la menace d’une grève illimitée à partir du 1er avril. Lors d’une conférence de presse animée hier au niveau de son département, M. Ould Abbès a affirmé avoir organisé plusieurs réunions de concertation avec leurs représentants. « Il y a des problèmes qui ont été réglés et d’autres qui prennent du temps », a-t-il signalé. Pour ce qui est des salaires, l’ensemble des travailleurs du secteur a eu des augmentations, a-t-il indiqué avant d’ajouter que certains touchent des salaires dépassant ceux de ministres. Concernant la revendication relative à l’instauration d’un plan de carrière, M. Ould Abbès a fait savoir que le programme de passage d’un grade à un autre est en voie de publication. Toutefois, il souligne que la question de l’abattement fiscal, soulevée par les spécialistes de la santé, n’est pas de ses prérogatives.

W.O.H.