Pénurie de médicaments et risque d’épidémie: Après les cancéreux, les tuberculeux

Pénurie de médicaments et risque d’épidémie: Après les cancéreux, les tuberculeux

Un vent de panique souffle sur les structures médicales. Et pour cause. Une pénurie de médicaments vient encore frapper le secteur. Les praticiens n’ont pas omis de tirer la sonnette d’alarme cette fois-ci encore. Ainsi après le désarroi des cancéreux, c’est les tuberculeux qui sont confrontés à un manque de médicaments à en croire les spécialistes.

L’état lamentable des centres de radiothérapie et la pénurie de médicaments et de réactifs pour le traitement des cancers n’a pas été encore réglé qu’une autre pénurie touche d’autres services de la santé en Algérie. Malheureusement, les tuberculeux se retrouveront eux aussi sur le chemin moribond des hôpitaux algériens avec des praticiens munis d’une large compétence médicale mais sans remède pour y faire face.

Pourtant, la pénurie de médicament représente un véritable problème majeur de santé public. D’autant plus qu’un risque d’épidémie à grande échèle est à envisager dans le pays.

C’est en somme ce qu’a déclaré le Pr. Salim Nafti, chef du service de pneumo-phtisiologie de l’hôpital Mustapha, au micro d’un journaliste de la radio nationale Chaîne III, en affirmant que cela relève d’une extrême urgence d’autant plus que «la pénurie touche le médicament de bacille multi-résistant. Ce manque touche autant les pharmacies que les secteurs hospitaliers».

Devant cet état des lieux intolérable vis-vis de nos malades souffrants, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, ne cesse d’affirmer qu’il n’y a pas de pénurie de médicaments mais qu’«il y a une mauvaise distribution».

Pour faire face à ce mal qui ne cesse d’engendrer des maux pathologiques, il annonce que l’enquête sur la pénurie de médicaments est toujours en cours et que des sanctions seront infligées aux auteurs présumés de cette pénurie. Mais en attendant ce déblocage bureaucratique, qui pense aux maux infligés par la maladie sur les souffrants et qui ne cessent de les ronger chaque jours ?

D’autant plus que toutes les formes de tuberculose nécessitent un traitement antibiotique qui dure au minimum 6 mois. Et pour faire face à cette maladie, les patients doivent impérativement prendre leur médicament tous les jours. Une condition sine qua none pour ne plus être contagieux, guérir de la tuberculose et limiter le risque de rechute.

Ce qui ne peut être respecté vu le cas du secteur médical. En matière de la lutte contre l’épidémie de la tuberculose, cela se fait en Algérie dans le cadre d’un programme national. D’ailleurs, dès 1966, un programme national de lutte a été mis en œuvre, suivant les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé, donnant la priorité à la détection des cas contagieux et au traitement ambulatoire de la maladie par une chimiothérapie standardisée.

Les années 80, un nouveau progrès a été accompli avec la généralisation des régimes de chimiothérapie de courte durée appliqués à tous les cas de tuberculose.

Après un fléchissement dans les performances du programme au cours de la décennie 1990, le premier plan de relance de la lutte contre la tuberculose (2001-2005) a permis d’améliorer le taux de détection des cas de tuberculose et le taux de succès du traitement, en moyenne nationale.

Ensuite, en raison de l’évolution démographique et de la situation socio-économique de l’Algérie, de nouveaux progrès restent à faire pour réaliser les objectifs du second plan de relance (2006-2015) qui font partie des «Objectifs de Développement du Millénaire», en les adaptant à la situation épidémiologique et à l’organisation sanitaire du pays.

Malgré tous ces programmes et plans de lutte, près de 20.000 nouveaux cas sont enregistrés et diagnostiqués annuellement par les 196 centres de dépistage et de traitement antituberculeux répartis sur le territoire national. Ce qui n’est guère près de diminuer !

Kahina Hammoudi