Les hôpitaux font face, depuis quelques semaines, à une grosse rupture de médicaments essentiels.
Des interventions chirurgicales, des examens radiologiques (IRM), des analyses médicales spécialisées et des cures de chimiothérapie sont reportés à des dates ultérieures.
La principale raison avancée aux patients est la rupture de stocks des produits nécessaires pour la réalisation de ces gestes médicaux.
La liste de ces produits semble être longue, ce que le ministère de la Santé réfute. Pourtant, sur le terrain, la réalité est tout autre.
Plusieurs gestionnaires d’hôpitaux se plaignent du manque de produits vitaux dont les commandes ont été transmises à la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) il y a cinq ou six mois sans réponse à ce jour.
La loi est pourtant claire à ce propos, précise-t-on. Les délais de livraison sont précis et la réglementation prévoit qu’en cas de défaillance du fournisseur retenu suite aux appels d’offres qui sont lancés et exécutés, l’hôpital peut acquérir les produits dont il a besoin auprès d’autres fournisseurs, à la charge du soumissionnaire retenu au préalable.
Mais cette clause est, malheureusement, non appliquée, selon nos interlocuteurs, qui se démènent pour se procurer de petites quantités chez des fournisseurs privés tout en respectant les clauses d’une réglementation très rigoureuse à ce sujet ou auprès d’autres établissements moins chargés pour pallier cette rupture, notamment pour les cas urgents.
Mais la situation semble se compliquer davantage. « L’été s’annonce vraiment chaud pour les malades hospitalisés.
Plusieurs produits seront encore en rupture et il sera difficile de s’en procurer.
En plus de cela, les fournisseurs seront en congé », s’inquiètent certains gestionnaires.
Plusieurs actes médicaux ne sont pas pratiqués à ce jour en raison de ce manque.
L’on cite, par exemple, les produits utilisés pour la réalisation des Imagerie par résonance magnétique (IRM), qui ne se fait plus depuis plus de 20 jours dans tous les établissements publics.
Il est aussi question du médicament nécessaire pour la réalisation d’une fibroscopie (xylocaine visqueuse).
Les cancéreux, eux, qui endurent énormément à cause du poids de la maladie, souffrent aussi du manque de médicaments pour ralentir l’évolution de leurs lésions.
Le Methotrexat, produit de chimiothérapie, « le pain quotidien » des services d’oncologie médicale, est quasiment introuvable, notamment pour les doses pédiatriques.
« De nombreux malades ont arrêté leur cure à cause de ce produit. Ce qui fera perdre les bénéfices des cures précédentes », relève un spécialiste en précisant que le Melphalan, un anticancéreux utilisé par voie orale, est également concerné par cette pénurie.
Les cardiaques sont aussi touchés par ces ruptures. Un médicament essentiel dans la prise en charge de cette pathologie, la Digloxine, est inexistant.
Le Diazépam injectable et en gouttes, indiqué pour soulager des crises d’angoisse et les convulsions chez l’enfant, le Midazolan utilisé pour la sédation (pré-anesthésie), l’interféron pégylé prescrit pour le traitement des hépatites B et C, le sérum lymphocytaire nécessaire pour pratiquer les greffes rénales sont aussi énumérés sur la liste des manquants.
Les bénéficiaires d’une greffe du rein ont également beaucoup de difficultés à trouver leur traitement, comme certains immunosuppresseurs prescrits à vie.
Les explorations de certaines maladies – hépatites B et C ou VIH sida – ne se font plus dans les établissements publics.
« Les charges virales nécessaires pour le suivi d’un patient atteint d’hépatite C (qui ne se fait plus à l’hôpital depuis quelques mois) ne se font plus en raison du défaut de réactifs de sérologie. Il en est de même pour les tests pour le VIH sida », nous dit-on, en signalant que le problème se pose également pour les examens diagnostics et bactériologiques.
A ces produits hospitaliers qui se font rares s’ajoute une longue liste d’autres médicaments, toutes pathologies confondues, vendus en pharmacie.
Par ailleurs, des vaccins, importés exclusivement par l’Institut Pasteur tels que le DT coq-polio-hib ne sont pas non plus disponibles dans certaines structures de santé (PMI).
Il en est de même pour le sérum antitétanique. Cette rupture de stocks de vaccins serait, selon une source proche du dossier, due aux nouvelles directives de l’actuel directeur de l’Institut Pasteur d’Algérie.
Les commandes sont désormais adressées directement aux entreprises mères étrangères, sans passer par les représentants exclusifs présents en Algérie.
Ce qui a d’ailleurs fait réagir plusieurs d’entre eux. La directive a pris effet sans pour autant qu’un stock ne soit constitué. C’est ce qui a induit cette pénurie.