La Route nationale 26 est saturée
Plus le temps passe, plus le projet de la pénétrante autoroutière prend l’allure d’une chimère.
Les travaux du projet de la pénétrante autoroutière reliant Béjaïa à l’autoroute Est-Ouest sur 100 km devraient commencer incessamment. Si les déclarations publiques de nos responsables ne sont pas mensongères, on devrait voir démarrer le matériel ces jours-ci sur l’ensemble de l’itinéraire du projet.
Malheureusement, ce n’est pas le cas. Et le calvaire continue autant pour les opérateurs économiques, que pour les simples usagers qui empruntent la RN26. Depuis quelques mois déjà, il faut quatre heures pour parcourir 90 km à Béjaïa, soit le tronçon routier qui sépare la ville de Tazmalt à l’entrée ouest de la wilaya et le chef-lieu. Cet axe est fortement saturé. Il le sera encore pendant des années tant que le projet de la pénétrante devant relier la wilaya de Béjaïa à l’autoroute Est-Ouest ne se concrétise pas. Ce projet qui a fait et continue toujours à faire couler beaucoup d’encre, devait démarrer ces jours-ci. Selon une déclaration faite sur les ondes de la radio locale, le directeur des travaux publics avait annoncé en grande pompe que les travaux devant toucher dans un premier temps le tunnel de Sidi Aïch, allait être de mise en fin mars.
Le wali, par contre, a parlé de la fin du premier semestre de l’année en cours. Au-delà de cette divergence sur la date du lancement des travaux, il convient de noter que rien n’indique que les choses évoluent en ce sens. Ce qui risque encore une fois de confirmer qu’à Béjaïa on parle beaucoup plus qu’on agit.
Un vrai calvaire
Plus le temps passe, plus le projet de la pénétrante autoroutière prend l’allure d’une chimère. Alors que la RN26 est saturée, chaque jour un peu plus ce ne sont pas les usagers qui vont nous contredire et alors que l’autoroute est en passe d’être livrée, les travaux de concrétisation de ce projet devant relier Béjaïa à celle-ci ne sont toujours pas entamés.
Le calvaire des usagers, notamment les opérateurs économiques de la région dure encore. Cette situation a poussé de nombreux acteurs politiques et citoyens à ouvrir même une page sur Facebook et sur laquelle on peut lire toutes les atrocités et souffrances endurées par tous ceux qui empruntent la RN 26, qui, au-delà de la saturation, présente des défauts sur la chaussée, minée par plus de 90 dos-d’âne loin d’être aux normes universelles.
«De toute façon, la conformité est le dernier souci des responsables qui gèrent notre quotidien», pour reprendre l’expression d’un internaute.
La concrétisation de cette pénétrante est l’urgence de l’heure. Elle est même plus que le cas du centre hospitalo-universitaire (CHU). Ce qui explique parfaitement la montée au créneau des acteurs de la société civile qui viennent d’interpeller les pouvoirs publics sur le retard qu’accuse l’entame des travaux de la pénétrante autoroutière. Où en est la pénétrante de la wilaya de Béjaïa? Qui se moque de qui? Autant d’interrogations que les internautes s’autorisent présentement. Il y a plusieurs mois, des responsables de l’Agence nationale des autoroutes (ANA) se sont déplacés à Béjaïa pour présenter l’étude définitive de la pénétrante autoroutière. Devant toutes les autorités de la wilaya de Béjaia (wali, élus APW, députés, sénateurs… etc) l’engagement a été pris pour engager les premiers travaux avant la fin mars 2013 avec cette précision de taille de commencer par le tunnel de Sidi Aïch.
Les autorités de la wilaya, appuyées par les députés et sénateurs sont allés jusqu’à demander au gouvernement l’octroi du ou des marchés de gré à gré et probablement le gouvernement a donné son accord. Quand bien même c’est le cas, il faudrait, selon les spécialistes, une durée minimale de six mois pour attribuer les marchés.
Pour le commun des mortels, à ce jour, aucun signe n’atteste de ce projet sur le terrain. Le mois de mars est achevé! Il ne faut donc pas s’étonner si le citoyen ne croit plus à rien. Le mensonge est-il public à Béjaïa?
Récemment, des acteurs de la société civile de la wilaya de Béjaïa se sont manifestés, mettant la pression sur les autorités afin de lancer ce projet. 34 associations ont signé un plaidoyer pour la réalisation de la pénétrante. Elles mettent en exergue le retard accusé pour la réalisation de la pénétrante. A travers un manifeste rendu public, les signataires ont expliqué que ce retard «pénalise les populations et met en péril le développement socio-économique et culturel de la wilaya». Se faisant plus explicite, ils énumèrent les raisons pour lesquelles le projet doit impérativement voir le jour. Outre, le port de Béjaïa, classé deuxième au niveau national «en termes de compétitivité», qui souffre énormément de l’absence d’une bretelle pour que le trafic soit plus fluide, l’aéroport, les zones industrielles et d’activité, les sites touristiques, les secteurs de la santé et de l’enseignement supérieur sont, eux aussi, cités comme étant pénalisés par l’état «catastrophique des routes», dont la RN26.
Dans la foulée, les signataires de la pétition donnent l’impression de ne plus croire à «ce rêve à réaliser». Le démarrage des travaux sont annoncés à plusieurs reprises, mais rien de concret n’est venu le confirmer sur le terrain. A ce titre, une réponse est attendue de la part des pouvoirs publics. Les signataires inscrivent leur démarche dans le cadre d’une médiation, de la concertation, du dialogue et de la participation à l’émergence d’une citoyenneté agissante.
Fuite des investisseurs
C’est dans cette optique qu’un appel est lancé à l’adresse des parlementaires, des représentants de l’administration, des élus locaux, des acteurs économiques, des associations citoyennes et actives afin de s’impliquer dans ce plaidoyer pour l’entame immédiat et effective des travaux de la pénétrante.
La problématique des investissements créateurs de richesses et d’emplois en Kabylie, ainsi que la dynamique de création d’entreprises, demeurent intimement liées à la réussite des projets structurants en matière d’infrastructures et équipements publics pris en charge par l’État. Que valent une zone industrielle, une zone d’activité, les incitations fiscales destinées aux petites et moyennes entreprises, et les dispositifs de microcrédits mobilisés en direction de jeunes universitaires versés dans l’aventure entrepreneuriale, si les routes, les chemins de fer, les ports, l’énergie électrique, le gaz, l’eau et autres facteurs de production, de stockage, de transformation, de transport et d’échange ne sont pas réunis?