Pékin déplore un «sentiment négatif» aux Etats-Unis: La guerre commerciale va nuire à l’économie mondiale

Pékin déplore un «sentiment négatif» aux Etats-Unis: La guerre commerciale va nuire à l’économie mondiale

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Cette surenchère dans la guerre commerciale enclenchée par le président Trump alarme les milieux économiques internationaux et les dirigeants des grandes puissances autres que les Etats-Unis.

De plus en plus, les experts en échanges commerciaux internationaux s’alarment aux Etats-Unis des conséquences négatives que vont avoir immanquablement, selon eux, les frictions entre la Chine et l’administration Trump sur l’économie américaine elle-même. Ces frictions, disent-ils, ne peuvent pas ne pas impacter les bénéfices des réductions d’impôt dont le corolaire sera une remontée de l’inflation. Au Centre des études stratégiques et internationales (CSIS), on fait observer que l’économie américaine tire bénéfice de ces réductions d’impôt depuis la fin 2017. Mais cette croissance rapide opérée par la baisse du commerce et la hausse de l’inflation ne manquera pas de modifier à terme le dynamisme du développement économique.

La conviction de nombreux spécialistes est faite qui prédit une baisse de ces réductions d’impôt dans un an ou deux avec, en filigrane, une catastrophe dont les Américains devront alors payer le prix. Et certains d’entre eux vont même plus loin, affirmant que les effets ne tarderont pas à se faire sentir au cours des prochains mois, prédisant aux consommateurs américains un choc initial dès les premiers mois de l’année prochaine.

S’agissant des relations internationales, les experts sont convaincus également que la guerre commerciale va freiner la croissance mondiale avec des incidences négatives sur le plan d’un protectionnisme exacerbé. La prétention affichée par l’administration Trump de bouleverser l’ordre économique international en profondeur sans en subir les retombées va en effet pousser d’autres pays, même de moindre importance, à emprunter une voie similaire pour conforter leur assise économique.

Ainsi, le fait que les Etats-Unis imposent depuis le 24 septembre dernier 10% de droits de douane supplémentaires sur 200 milliards de dollars de produits chinois, tout en affirmant qu’ils vont appliquer d’autres mesures plus drastiques n’a-t-il pas déclenché déjà une riposte de la Chine sur l’équivalent de 60 milliards de dollars de produits américains?

C’est cette surenchère dans la guerre commerciale enclenchée par le président Trump qui alarme les milieux économiques internationaux et les dirigeants des grandes puissances autres que les Etats-Unis. Le conseiller d’Etat et ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a ainsi déploré vendredi dernier un «sentiment négatif» croissant à l’égard de son pays aux Etats-Unis. «Beaucoup de gens engagés dans le maintien et la promotion des relations sino-américaines ressentent le vent froid qui souffle par derrière, ce qui devrait susciter l’attention et la vigilance des deux côtés», a-t-il regretté, lors de sa rencontre avec Richard Haas, président du Conseil des relations étrangères, un groupe de réflexion basé à New York.

A cette occasion, il a estimé que les allégations d’un prétendu déficit abyssal des Etats-Unis dans leur commerce avec la Chine sont totalement fausses. Chiffres à l’appui, il a soutenu qu’en 2016, «les entreprises américaines ont réalisé des ventes de plus de 600 milliards de dollars sur le marché chinois», soulignant au passage que le président chinois Xi Jinping a clairement déclaré à plusieurs reprises que la Chine ne fermerait pas sa porte au monde, mais élargirait au contraire son ouverture.

Et après avoir développé la réduction graduelle des droits de douane passés de 10 à 7,5% à compter du 1er novembre prochain, M. Wang a conclu combien «il est injuste que des entreprises américaines blâment la Chine alors qu’elles y ont non seulement gagné des parts de marché, mais aussi tiré des profits via le transfert des technologies». On le voit, dans cet espèce de dialogue de sourds entre Pékin et Washington, se cristallisent les germes d’une crise mondiale dont on imagine mal les tenants et les aboutissants.