Même si la mise en application de la peine capitale est suspendue depuis 1993 en Algérie, nombre de citoyens et de juristes estiment que cela doit être différent cette fois-ci. D’abord vu l’atrocité du crime, et ensuite pour donner l’exemple. Et là, c’est tout le débat sur la peine de mort qui est remis sur le tapis.
Peine de mort à l’encontre des criminels. Une sentence attendue et réclamée par toute la société. «Reste sa mise en application, surtout que l’on sait que depuis 1993, plus aucun condamné à mort n’a été exécuté», disent nombre de citoyens qui ont eu le privilège d’assister à l’audience. Contacté ce matin, Habib Seghier, avocat et militant de la défense des droits de l’Homme, dit que «la peine de mort, ou peine capitale, est une peine prévue par la loi de notre pays. Elle consiste à exécuter une personne ayant été reconnue coupable d’une faute qualifiée de crime capital. Dans le cas de l’affaire des enfants Haroun et Ibrahim, la sentence a été prononcée souverainement par une institution judiciaire de la République à l’issue d’un procès. Il faudrait donc, à mon avis, procéder à son exécution, n’en déplaise aux humanistes de pacotille.
L’application de la sentence répondrait, selon moi, à la souffrance des parents des enfants assassinés. Elle doit aussi servir de mise en garde», nous dit-il. Pour ce qui est de son confrère Moussa Khiter : «Il faudrait d’abord reconnaître que la peine capitale prononcée par le juge de la Cour du tribunal criminel de Constantine, est en définitive prévue dans les textes de loi de presque cent pays à travers le monde, mais seuls 20 des 198 pays du globe ont procédé à des exécutions en 2011.
C’est une sanction reconnue bien que désapprouvée par des abolitionnistes qui sont aujourd’hui majoritaires, mais ils ne représentent encore qu’une minorité de la population mondiale. Chez nous, depuis 1993, aucun condamné à mort n’a été exécuté, alors que la peine de mort n’est pas abolie.» Plus tranchant, Mohamed Naceri, un analyste de renom dans les affaires judiciaires, estime qu’«il n’est pas question de surseoir à l’exécution de la sentence prononcée par une institution judiciaire». Notre interlocuteur, après avoir retracé toutes les péripéties qui ont conduit à la suspension «temporaire» de l’exécution, dans les faits, de la peine capitale en Algérie, dit que «sa reconduction et sa mise en application nécessitent qu’elle soit régulièrement prononcée par un juge pénal à la suite d’un crime légalement prévu par le code pénal, comme c’est le cas du double assassinat de Constantine». «Il s’agit d’un homicide commis volontairement», ajoute-t-il. Au nombre des crimes pouvant être sanctionnés de la peine capitale, notre interlocuteur cite outre l’homicide volontaire, l’espionnage, l’empoisonnement, le parricide, le crime de trahison et le génocide (extermination d’un groupe humain), dit-il. «On peut se réjouir de ce que les incriminations pouvant recevoir la sanction de la peine capitale chez nous, soient réduites.

Ce qui n’est pas le cas de certains pays qui ont élargi les crimes sanctionnés de la peine de mort au viol, du vol avec violence et de la détention de plus de 250 g d’héroïne ou de cocaïne», conclut notre interlocuteur.
R.K