Dans sa quête de solutions durables aux problématiques de la pratique de la pêche et de l’aquaculture, le secteur a fait appel à la CGPM (Commission générale de la pêche en Méditerranée et en mère Noire) dont l’expérience est considérable dans ce domaine.
Une séance de travail a été tenue hier à l’hôtel El Aurassi entre Sid-Ahmed Ferroukhi, ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, et le président de la CGPM, Stefano Ctaudella, dont l’objectif est d’industrialiser le secteur dans le respect de l’environnemet. La séance s’inscrit dans le cadre de la feuille de route de l’Algérie qui ambitionne de se repositionner au niveau régional d’abord et mondial par la suite.
Dans son intervention, le ministre a rappelé que les problèmes auxquels les pêcheurs sont confrontés, tels que la surpêche, la pêche illicite, la commercialisation, sont les mêmes dans toute la région méditerranéenne. « Ce qu’il nous faut donc, vu que nous avons des problèmes communs, c’est d’élaborer une base de règles communes et de réhabiliter la spécificité de la pêche méditerranéenne, à savoir la pêche artisanale dans un cadre durable », a-t-il indiqué.
A ce propos, il précisera que la CGPM ambitionne de moderniser la pêche industrielle dans la région, la valoriser sans porter atteinte aux ressources. Il s’agira d’une industrialisation durable de la pêche artisanale qui ne perturbera nullement les valeurs naturelles, locales et sociales de la région. « La pêche artisanale est la base même de la pêche pratiquée en Algérie. 70 000 familles en vivent, et sur les 4.500 embarcations existantes, les deux tiers sont petites.
C’est donc un créneau qu’il faut prendre en charge à moyen terme, d’autant plus que la relève existe dans ce domaine », fera remarquer le ministre. Dans le même contexte, le secrétaire exécutif de la CGPM, Abdellah Srour, a annoncé la tenue, en novembre prochain, à Malte, du premier symposium régional sur la pêche artisanale durable en Méditerranée et en mer Noire. « Des débats seront ouverts à cette occasion pour trouver un équilibre entre le côté économique et le côté social de l’activité artisanale. » « Nous sommes pas dans la pêche industrielle comme c’est le cas des régions du Nord », a souligné M. Ferroukhi en assurant que « l’Algérie, même si elle n’a pas encore une grande place dans la pêche mondiale, est bien placée au niveau du Bassin méditerranéen ». 200 000 tonnes, c’est le volume de nos ressources halieutiques, selon un cadre du ministère de la Pêche.
Par ailleurs, concernant l’adoption, à long terme, de la pêche industrielle au niveau de la Méditerrané, le président de la CGPM n’écarte pas cette éventualité mais dans un cadre bien défini. « Le poisson pêché d’une façon industrielle est moins cher que celui pêché de façon artisanale. Ce qui arrange évidemment le consommateur. Il faudra donc définir, avec l’aide des scientifiques, les espaces pour la pêche artisanale et ceux pour la pêche industrielle en prenant en considération le côté écologique et l’état des ressources halieutiques et en dehors de toute pression de lobbies sociaux et industriels », estime-t-il. Cette question sera également débattue lors de la rencontre de Malte afin de trouver, conclut M. Ferroukhi, « des formules adaptées aux spécificités de la région ». « Une industrialisation sans limites détruirait la Méditerranée », avertit-il.
Farida Belkhiri