Les pays occidentaux hésitent à frapper face à la menace russe: Damas contrôle la Ghouta

Les pays occidentaux hésitent à frapper face à la menace russe: Damas contrôle la Ghouta

Durant quarante-huit heures, le pire était à craindre tant les discours étaient en faveur des frappes, mais la tension est quelque peu retombée face à la détermination affichée par le Kremlin et confirmée par les déclarations de diplomates russes, comme au Liban et en France.

Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France poursuivaient hier leurs examens des différentes options militaires qu’ils affirment vouloir exercer contre la Syrie au motif d’une attaque chimique présumée à Douma, dans la Ghouta orientale. Mais l’imminence des frappes qu’ils déclaraient vouloir engager mardi, puis mercredi dernier, avant de tergiverser en affirmant «étudier» la situation, a cédé place à une prudente analyse des risques face à la menace explicite de la Russie qui a clairement indiqué qu’elle n’hésitera pas à répliquer en cas d’attaque.

Du coup, Washington, Londres et Paris ont cherché à éviter l’escalade, se donnant le temps «d’une réflexion» avant la «décision finale» que le président américain Donald Trump n’avait pas encore prise jeudi soir. C’est dans ce contexte attentiste que le Conseil de sécurité des Nations unies devait à nouveau se retrouver hier, à la demande de la Russie qui détiendrait des preuves de la «mise en scène» de cette attaque chimique présumée par les Casques blancs, une structure paramédicale proche des groupes extrémistes et une ONG américano-syrienne.

Durant quarante-huit heures, le pire était à craindre tant les discours étaient en faveur des frappes, mais la tension est quelque peu retombée face à la détermination affichée par le Kremlin et confirmée par les déclarations des diplomates russes, comme au Liban et en France. «Si vous êtes attaqué, avait déclaré l’ambassadeur russe en France à adresse des soldats présents en Syrie, vous pouvez et vous devez riposter».

Ainsi s’explique la déclaration de l’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzian qui a affirmé que «la priorité est d’éviter le danger d’une guerre entre les Etats-Unis et la Russie». Il semble que cette appréhension, ou plutôt ce souci, ait été entendu à Washington où le ministre de la Défense Jim Mattis a expliqué au Congrès que la perspective de frappes imminentes de la part des Américains, des Français et peut-être des Britanniques se heurte «sur un plan stratégique, à la question de savoir comment nous évitons une escalade hors de contrôle, si vous voyez ce que je veux dire».

On ne saurait dire plus clairement la réticence de la Maison- Blanche à provoquer de front la Russie, d’où l’attentisme du président Trump qui a choisi de temporiser tout en agitant continuellement la menace. Pressé par ses alliés britannique et français qui ne cessent de clamer qu’ils «détiennent des preuves de la responsabilité du régime syrien dans l’attaque chimique» de Douma, le président américain entend garder sa liberté de manoeuvre, surtout que Londres reste évasif sur sa participation à d’éventuelles représailles militaires, préférant s’en remettre à la «coordination d’une réponse internationale». Et pour cause, la question divise profondément l’opinion et la classe politique du Royaume-Uni.

La plupart des alliés des Etats-Unis, tout en pratiquant la surenchère autour de la nécessité et de la légitimité de frappes contre la Syrie, motivées répètent-ils à satiété par des «preuves irréfutables» quant à son implication, mais sans en apporter le moindre indice à cette heure, ont vite fait de réfréner leurs ardeurs au lendemain des déclarations des dirigeants russes dont ils ont mesuré la détermination et les conséquences directes comme indirectes. Il ne reste plus à l’administration Trump qui cherche désormais à tirer son épingle du jeu sans courir le risque d’un affrontement préjudiciable avec la Russie qu’à négocier un nouvel agenda dans le conflit syrien.

Pour les Etats-Unis, en effet, la détermination de l’armée syrienne à poursuivre son offensive vers Deraa et Idlib avant de parachever la libération de la province de Deir Ezzor constitue avec l’opération turque «Rameau d’olivier» un sujet de préoccupation à la fois urgent et lourd de menace. S’ils parviennent à obtenir un statu quo auprès de la Russie, ce serait un motif nécessaire et suffisant pour apaiser le climat au profit de leurs alliés kurdes qui redoutent les avancées vers Manbij. L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (Oiac), qui doit se réunir lundi, a confirmé l’information des autorités syriennes selon lesquelles ses experts étaient parvenus en Syrie et devraient commencer leurs investigations dès aujourd’hui.

Au même moment, le Kremlin a tenu à rappeler que la ligne spéciale entre militaires russes et américains présents en Syrie, pour éviter tout incident aérien et autre, est toujours «dans un état actif et utilisée des deux côtés». Enfin, la mise en garde du président Bachar al Assad qui considère que «toute attaque (contre la Syrie) ne contribuera qu’à déstabiliser davantage la région» est intervenue dans un contexte particulier au cours duquel la population de la Ghouta manifestait sa liesse de voir le drapeau syrien flotter de nouveau dans cette région, après des années de terreur exercée par les groupes extrémistes.