En plus des armes et des financements, le terrorisme sévissant dans la bande sahélo-saharienne profite aussi d’une médiatisation.Un «privilège» qui s’inscrirait dans une certaine démarche en vigueur depuis quelque temps consistant à mettre certaines chaînes satellitaires au service du chaos qui s’installe dans certaines régions du monde, dont le Maghreb arabe.
Pour le Mali, la démarche ressemble beaucoup plus à un encouragement à «aller encore plus de l’avant», et ne pas s’arrêter à Kidal, Tombouctou ou Gao. Le dernier acte, en la matière, a été l’entretien accordé par la chaîne de télévision Al Jazeera au chef du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique-du-Nord (Mujao), organisation terroriste «dissidente d’AQMI» (Al-Qaïda au Maghreb Islamique).
Cette dernière avait pourtant, revendiqué la prise d’ otages, en décembre 2011, d’humanistes occidentaux, à Tindouf, et l’attentat suicide perpétré contre le siège du groupement de la wilaya de Tamanrasset de la Gendarmerie nationale. Dans l’entretien, le chef du Mujao, créé en 2011, a indiqué :
«Nous avons pris la ville de Gao et notre organisation compte, dans ses effectifs, des Algériens, des Marocains, des Maliens et des Mauritaniens.»
Cette chaîne, qui a déjà exprimé son manque de considération envers les victimes du terrorisme, à travers le honteux sondage sur les attentats à l’explosif, en Algérie, renoue avec une «politique» qui ne peut qu’encourager les exactions terroristes dans la bande sahélo-saharienne et ailleurs, au détriment de l’instabilité, non seulement en Libye mais partout où les acolytes de Droukdel,
«émir» national d’AQMI, ont un pied-à-terre. Le Mujao, dont le chef serait le Mauritanien Hamada Ould Mohamed Kheirou, alias Abu Qumqum, ne pourrait pas commettre de tels attentats sans les armes provenant de Libye, les rançons payées en contrepartie de la libération d’otages et une médiatisation comme arme redoutable dans l’instauration de l’instabilité.
Le choix par les terroristes d’AQMI et du Mujao d’occuper des villes entières du Mali et de sévir dans des régions frontalières avec l’Algérie n’est pas du tout fortuit.
«Les peuples et les pouvoirs maghrébins résisteront à l’extrémisme, c’est certain, même si le propre de l’extrémisme est de ne pas céder. Ni en Afrique du Nord ni en Afrique subsaharienne qui, elle, dans une subtile stratégie de division du travail, est «confiée» au Mujao», ajoute-t-il.
L’auteur sous-entend que jamais dissidence n’a eu lieu entre AQMI et Mujao, et que les deux organisations terroristes, armées avec une partie de l’arsenal libyen et alimentées avec l’argent des rançons, partagent un rôle dont les tenants et aboutissants ne sont connus que par leurs commanditaires. «Entre Tombouctou, aujourd’hui, et Maidiguri, entre Aqmi et Boko Haram, les arguments d’une alliance stratégique sont devenus plus forts», explique-t-il.
T. H.