Pauvreté, narcotrafic, armes lourdes libyennes, terrorisme…: Alger au secours du Sahel

Pauvreté, narcotrafic, armes lourdes libyennes, terrorisme…: Alger au secours du Sahel

C’est aujourd’hui que s’ouvrent au palais des Nations, dans la périphérie ouest d’Alger, les travaux de la conférence internationale sur la lutte contre le terrorisme et toutes les variantes du grand banditisme qui menacent la région du Sahel.

Pas moins de 36 délégations prendront part à cette large concertation sur la stratégie et les moyens à mettre en œuvre pour pacifier la région, longtemps livrée à la criminalité. La dissémination récente d’armes lourdes dans cette zone sensible, comme dégât collatéral de la crise libyenne, vient noircir le tableau.

S’articulant autour de l’expérience des pays directement touchés par l’activité terroriste sévissant au Sahel, tels le Mali, le Niger, la Mauritanie et bien entendu l’Algérie, la rencontre donnera la parole aux experts du monde entier capables d’apporter un plus dans ce défi titanesque de pacifier ce qui est devenu le terreau le plus fertile de la violence armée terroriste.

Parmi les participants sont attendus, entre autres, des ministres des Affaires étrangères des pays voisins, mais aussi de hauts responsables dans le domaine militaire ou de la sécurité sous tous ses aspects.

On peut citer ainsi le coordinateur de la lutte antiterroriste de l’Union européenne, Gilles de Kerchove, le patron de l’Africom, le général américain Carter F. Ham et de nombreux autres spécialistes de la question. La France, dont les livraisons d’armes à la rébellion libyenne pourraient avoir incidemment profité aux groupes terroristes de la région, sera aussi représentée par une délégation de haut rang. On peut d’ores et déjà supposer qu’elle pourra, en quelque sorte, pallier l’absence regrettable de la Libye à cette réunion, qui la concerne particulièrement.

Par-delà la menace supplémentaire créée par la conjoncture insurrectionnelle libyenne, les participants auront aussi à plancher sur des sujets plus stables comme la relation entre l’extrême pauvreté de la bande sahélienne et la vulnérabilité qu’elle suppose chez des populations locales, hôtes de tous les trafics.

Il faut savoir, en effet, que des études sérieuses telles celles menées par le Centre africain d’études et de recherches sur le terrorisme, le CAERT, dont on annonce une présence active lors de cette conférence, prouve que le Sahel s’est transformé ces dernières années en véritable plaque tournante du trafic de drogues dures, acheminées du continent sud-américain vers la façade atlantique de l’Afrique pour transiter via le Sahel vers l’Europe.

Un narco business pris en main localement par la pègre terroriste qui finance ainsi ses activités criminelles par un autre genre de crime. Il s’agira donc de réfléchir à une aide conséquente au développement et à l’amélioration des conditions de vie des autochtones, pour briser la chaîne de recrutement et l’implication plus ou moins forcée des Sahéliens dans la tourmente terroriste.

Une expertise économique très pointue sera donc engagée en complément de l’évaluation sécuritaire.

Enfin, dans le prolongement de la réunion des états-majors des pays sahéliens qui s’est tenue sous l’impulsion d’Alger à Tamanrasset l’année dernière, on doit s’attendre à une sorte de nouveau plan de coordination de la lutte militaire contre les hordes qui sévissent au milieu du désert. Un plan qui engagera chaque pays, devant un panel important de responsables qui pourront mesurer les efforts fournis par les Etats contre l’un des maux du siècle.

Le rendez-vous d’Alger lance donc un défi au terrorisme mais aussi à l’inaction de certaines parties face à la menace.

Nordine Mzalla