Le patriotisme, la probité et l’intransigeance de Réda Malek évoqués à Alger

Le patriotisme, la probité et l’intransigeance de Réda Malek évoqués à Alger

Le patriotisme, la probité et l’intransigeance du défunt moudjahid, journaliste, politicien et diplomate, Réda Malek, décédé le 29 juillet 2017, ont été évoqués samedi à Alger par des personnalités l’ayant côtoyé.

« Réda Malek était l’autre nom de la probité, sa vertu cardinale. Il était le premier à reconnaître ses erreurs », a d’emblée témoigné le président de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV), Zouaoui Benhamadi, lors d’un hommage rendu par le forum d’El-Moudjahid à l’ancien Chef du Gouvernement et moudjahid, dans le sillage de la célébration de la Fête de la Victoire (19 mars).

Le témoin, qui a approché le défunt quatre décennies durant, a ajouté que ce dernier lui avait donné « carte blanche » pour gérer la rédaction d’Algérie Actualité alors qu’il était ministre de l’Information, et ce, en dépit du contexte particulier de l’époque (fin 70).

Pour M. Benhamadi, le « succès » d’Algérie Actualité, qu’il qualifia de « belle page » du journalisme algérien, était surtout dû à Réda Malek dont il relèvera « la compréhension de la notion d’Etat » qui l’avait également caractérisé.

A ce propos, M. Benhamadi dira que Réda Malek a été « un patriote jusqu’au bout des ongles et non pas un nationaliste chauvin et sectaire », évoquant, par ailleurs, « le courage, la fermeté et l’optimiste » qu’il avait affichés durant la décennie 90 marquée par la tragédie nationale.

« Faute de richesses, un Etat est pauvre mais faute de patriotisme, un Etat n’est que pauvre! » , a conclu l’intervenant sur une des citations phares du défunt.

De ce dernier, l’ancien diplomate, Messaoud Ait-Chaâlal, qui l’a connu un demi siècle durant, dira qu’il fût un « intellectuel, un connaisseur de l’histoire millénaire du pays, un militant intransigeant et résolument engagé ainsi qu’un grand politique, dans le sens le plus élevé du terme ».

Durant la tragédie nationale, témoigne-t-il, Réda Malek a mené « une bataille résolue et pugnace contre toutes les déviations ayant perverti notre religion », avant de souligner le rôle de l’épouse du défunt, dont elle a accompagné le long parcours.

Pour l’ancien ministre, Nacer Mehal, Réda Malek « s’est donné corps et âme à son pays (…) Il fût un grand homme et une école en matière de patriotisme », avant d’évoquer la « reconnaissance » des officiels américains pour son rôle dans le dénouement de la crise des otages en Iran en 1981.

Egalement l’ancien diplomate, Abdelaziz Rehabi retient que le défunt « a contribué à la formation d’une identité et d’un socle normatif pour la diplomatie algérienne », considérant cette question comme étant une « référence fondamentale ».

L’ancien cadre de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), Aissa Kasmi, se souvient du défunt qui, à peine nommé Chef du Gouvernement, avait organisé, en septembre 1993, une réunion au siège de cette institution dans le contexte de la situation sécuritaire de l’époque et leur avait dit : « Je sais que vous aussi, vous vous posez des questions ! ».

« C’est lors de cette réunion qu’il avait prononcé sa fameuse phrase +la peur doit changer de camp+ et que nous avions senti que l’Etat était là et que la victoire n’était pas loin ! », a-t-il poursuivi.Natif de Batna en 1931, Réda Malek est l’un des membres fondateurs de l’Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA) en 1955. De 1957 à 1962, il a occupé les fonctions de directeur du journal El Moudjahid, hebdomadaire du Front de libération nationale (FLN). Il a été Porte-parole de la délégation algérienne aux négociations des accords d’Evian (1961-1962).

A l’indépendance en 1962, il  a été nommé au poste d’ambassadeur en Yougoslavie, en France en 1965 puis en Union Soviétique, en 1970. En 1977, il a occupé les fonctions de ministre de l’Information et de la Culture, avant d’être à nouveau nommé ambassadeur aux Etats-Unis en 1979,  puis en Grande-Bretagne, en 1982.

En avril 1992, il a été désigné président du Conseil consultatif national, puis en juillet de la même année, comme 5ème membre du Haut Comité d’Etat (HCE). En février 1993, il a été nommé ministre des Affaires étrangères, puis Chef du Gouvernement en août 1993, jusqu’à avril 1994. En 1995, Réda Malek a été élu président du Parti « Alliance nationale républicaine » (ANR).

Réda Malek est, par ailleurs, l’auteur de nombreux ouvrages dont « Tradition et révolution », « Le véritable enjeu, l’enjeu de la modernité en Algérie et dans l’islam », « l’Algérie à Evian » et « Histoire des négociations secrètes (1956/1962).