Une opération d’urgence visant à effacer les stigmates des malheureux événements qu’a connus la région du M’zab a été approuvée et sera «incessamment» lancée par la direction de la Conservation et de la Restauration du patrimoine culturel du ministère de la Culture, a indiqué le chargé du patrimoine à la direction de la Culture de Ghardaïa.
Cette opération, qui a été précédée par un diagnostic exhaustif et minutieux par des experts en matière de restauration du patrimoine culturel et architectural, conformément à la loi sur le patrimoine du 04/98, a pris du temps, notamment dans les procédures d’approbation de chaque phase d’étude du ministère de tutelle, a précisé Mohamed Alouani. Ces études ont été réalisées en quatre phases pour chaque site par des experts avec la participation des membres de la société civile, en vue de redonner à ces trésors culturels leurs valeurs d’antan et faire en sorte qu’ils contribuent au développement économique local, notamment dans le domaine du tourisme et de l’artisanat, a-t-il ajouté. Le lancement de l’opération de restauration s’effectuera «incessamment dans la transparence avec l’implication de la société civile après l’approbation par la tutelle de la quatrième phase qui a été achevée», a rassuré le responsable du patrimoine à la direction de la Culture de Ghardaïa, soulignant que toute intervention dans un secteur classée «secteur sauvegardé» est soumise à une approbation de la tutelle. Pour sa part, le tissu associatif local a déploré que l’opération de restauration et de mise en état des monuments funéraires et autres cimetières affectés lors des douloureux évènements qu’a connus la vallée du M’zab peine à se concrétiser sur le terrain. Dans une lettre adressée aux autorités compétentes, dont une copie a été remise à l’APS, les membres du tissu associatif activant dans la préservation du patrimoine culturel matériel et immatériel du M’zab ont jugé que le programme d’urgence de restauration de cinq sites, inscrit par les pouvoirs publics en 2014, tardait à se matérialiser sur le terrain après que la région de Ghardaia ait retrouvé la paix et la quiétude. Les membres du tissu associatif tirent une sonnette d’alarme sur la «dégradation avancée» de ce patrimoine composé essentiellement de monuments funéraires, tels les cimetières de Baba Aissa Oulawan et Baba Oudjema, le mausolée de Ammi-Moussa l’un des premiers fondateurs du Ksar de Ghardaïa l’an 1100, la mosquée Ammi-Saïd et la place El-Rahba du Ksar de Ghardaïa. «Ce patrimoine qui se dégrade de jour en jour à cause des vicissitudes du temps, de la cruauté des intempéries, et les effets de l’Homme, entache le passé prestigieux du M’Zab et demande une intervention urgente à l’orée de la saison printanière 2018 prometteuse en matière de relance de l’activité culturelle et touristique dans la région», selon le même document. Les membres du mouvement associatif local ont ainsi lancé un appel pressant afin de juguler la détérioration de ce patrimoine, de le restaurer, de le valoriser et d’œuvrer ensemble à lui trouver des solutions susceptibles de sauvegarder ce patrimoine et lui rendre vie.
La vallée du M’zab, qui compte quatre communes (Ghardaïa, Bounoura, El-Atteuf et Daya Ben-Dahoua), regroupe une pentapole de ksars fondée au 10e siècle et édifiée pour une vie communautaire en respectant la structure sociologique des habitants. Le périmètre de la vallée du M’zab, qui couvre une superficie de 4 000 hectares avec son bâti traditionnel, ses palmeraies, son système ancestral d’irrigation, ses monuments et sites historiques estimés à plus de 200 sites, a été classée en tant que patrimoine mondial en 1982. Cette vallée a été également classée par les pouvoirs publics comme «secteur sauvegardé» en promulguant le 4 juin 2005 un décret exécutif N 05/209 qui permet l’élaboration d’un plan de sauvegarde en conformité avec la loi sur le patrimoine 04/98 du 15/07/1998.