«J’aimerais bien visiter l’Algérie un jour. Peut-être bien au mois d’août, cet été !»
Patrick Kluivert fait partie des grands footballeurs néerlandais et européens. Originaire du Surinam (ancienne colonie hollandaise située en Amérique latine), il a fait ses classes au sein du prestigieux centre de formation de l’Ajax Amsterdam, aux côtés de Seedorf et Davids, eux aussi de parents issus de la communauté surinamienne.
Il a connu ses jours de gloire sous les couleurs de l’Ajax mais également sous celles du FC Barcelone. Il eut également la chance de jouer pour d’autres clubs prestigieux tels que le Milan AC, Newcastle United, le PSV ou encore Valencia CF.
Sa carrière fut marquée par des hauts mais aussi des bas, notamment lorsqu’il est passé par le championnat de France (Lille). Mais le nom de Kluivert restera incontestablement comme l’un des plus importants du football international.
Nous l’avons croisé par un heureux hasard, devant son hôtel sis à Sandton, un quartier huppé de Johannesburg. Au début, Kluivert avait refusé de s’étaler devant nos micros. Mais voyant qu’on avait respecté totalement sa réserve, il s’est ressaisi par la suite, nous abordant à son tour, pour s’excuser à sa manière. C’est là qu’on a vu le vrai visage de ce gentleman qui nous a laissé l’image d’un homme très sympathique. A l’opposé de ce qu’on pouvait imaginer de lui, lorsqu’il était star incontestée du Barça ou du Milan AC. Appréciez.
Patrick Kluivert, ah, la surprise ! Patrick Kluivert en personne ! C’est un plaisir de vous rencontrer. Nous sommes algériens, vous connaissez l’Algérie ?
Le plaisir est partagé. L’Algérie ? Oui je connais, mais je n’ai jamais visité votre pays. C’est loin par avion. Il y a combien d’heures de vol ? Cinq heures ?
Du Surinam ou des Pays-Bas ? (On le taquine)
Non, de Hollande ! (Il se marre.)
C’est une affaire de deux heures et demie, tout au plus. Ce n’est pas loin, l’Algérie, vous savez ?
Je pensais que c’était un peu plus loin que ça.
Mais non, c’est juste après Marseille. C’est la Méditerranée qui sépare l’Algérie de la France. Vous ne voudriez pas passer quelques jours à Alger ?
Volontiers. Si vous m’organisez cela au mois d’août, je viendrai avec plaisir. Comme ça je découvrirai enfin l’Algérie. Franchement, j’en serais ravi.
Pari tenu. Et qu’est-ce que vous faites à Johannesburg, sans doute consultant comme les autres anciens joueurs, non ?
Oui, consultant. C’est un métier que je découvre. Je participe à la Coupe du monde à ma manière.
Et votre carrière de footballeur ?
C’est loin derrière. C’est fini. J’ai fait le tour en tant que joueur. J’ai connu le très haut niveau, j’ai joué dans plusieurs grands clubs et dans des championnats différents. J’ai connu de grands honneurs aussi avec la sélection des Pays-Bas. J’ai gagné des titres importants et j’ai raccroché au bon moment. Il fallait laisser la place aux jeunes. Je me prépare actuellement à reprendre, mais en tant qu’entraîneur. Je me suis préparé durant une année avec des cours pour passer les diplômes requis.
Et vous les avez eus ?
Oui, j’ai été bon élève cette fois. (Rires.) J’ai fait un long stage à Alkmaar, puis j’ai entraîné les attaquants chez les espoirs d’Eindhoven. Je peux entraîner enfin l’équipe première. Car avant, je n’avais le droit qu’aux jeunes catégories. Cette fois, c’est bon, je peux prendre une équipe professionnelle. J’ai les qualifications pour cela. J’espère que je vais réussir dans ce métier, mais je sais que ça ne sera pas facile. C’est plus difficile en fait que celui de joueur, car on ne gère pas seulement sa personne, mais tout un groupe. Je vais démarrer tranquillement, tout en restant attentif aux conseils des anciens.
Un nom aussi important que le vôtre ne devrait pas rester longtemps au chômage, surtout avec l’expérience que vous avez accumulée durant votre belle carrière. Avez-vous déjà trouvé un club ?
En principe, je ne devrais pas rencontrer de problème pour cela. Ce n’est pas encore précis, mais je compte commencer dès la saison prochaine. Mais ne me demandez pas ma destination, car je ne vous la donnerai pas. Mais j’aimerais bien réussir ma reconversion. J’aimerais devenir un entraîneur respectable.
Comme votre ancien coéquipier au Barça, Pep Guardiola ?
Ah, ce serait le top de faire comme lui. Pep a brûlé brillamment les étapes. Quelle réussite ! C’est sûr que j’aimerais faire comme lui. Qui n’en rêverait pas ? Mais Pep avait les prédispositions pour devenir entraîneur.
Vous l’aviez senti quand vous étiez avec lui au Barça ?
Oui, parfaitement ! Il avait toujours un mot pour recadrer ses coéquipiers. Il était, certes, capitaine d’équipe, mais cela n’explique pas tout. Je crois qu’il avait juste l’âme d’un coach. C’est un leader naturel. C’est pour cela qu’il n’a pas eu de soucis à se reconvertir. D’ailleurs, sa réussite a été rapide et ce n’est pas un hasard.
Vous êtes originaire du Surinam, comme bon nombre d’autres joueurs internationaux néerlandais. Ruud Gullit, Frank Rijkaard, Clarence Seedorf, Edgar Davids et vous. Vous imaginez ce que cela aurait donné dans une équipe nationale du Surinam ?
C’est sûr que cela aurait donné une très grande équipe. Mais vous savez, au Surinam, les responsables de la fédération ne s’intéressent pas trop au football. C’est sûr qu’on peut le regretter. Mais d’un autre côté, il ne faut pas nier que c’est la Hollande qui nous a donné la chance de devenir des joueurs internationaux. C’est grâce aux Pays-Bas qu’on est devenus connus. Je ne peux pas l’oublier et je suis même très fier d’avoir joué pour la Hollande.
Vous avez sans doute vu l’Algérie jouer dans ce Mondial. Comment avez-vous trouvé le niveau des Algériens ?
Oui, j’ai vu l’Algérie jouer, mais pas beaucoup, car j’avais d’autres groupes à commenter. Mais sur ce que j’ai vu, je peux dire que les Algériens ont montré de belles choses, surtout face à l’Angleterre.
Vous connaissez un peu les noms des joueurs algériens ?
Oui, je connais Ziani qui jouait à Marseille…
Ah, vous connaissez au moins un joueur algérien !
Je ne suis pas un joueur de golf pour ne pas connaître un footballeur aussi bon que Ziani ! (Rires.)