La tentative désespérée du ministère de la Communication de bloquer la cession de parts par le groupe de presse El Khabar renseigne, au moins, sur une chose : le régime est dans une posture d’autodéfense.
Impuissant et en manque de solutions face aux problèmes et périls réels qui pèsent sur le pays, le pouvoir se braque plutôt sur tout ce qui ne lui est pas favorable, quitte à trouver un prétexte fallacieux pour annuler une transaction, somme toute, ordinaire. Et ce n’est certainement pas dans l’intérêt de la nation que le ministère de la Communication invoque l’article 25 du code de l’information comme argument “juridique”.
Le motif est évidemment “politique”, et c’est de notoriété publique, que lorsque le régime algérien est aux abois, il s’effarouche de tout ce qu’il ne contrôle pas. La preuve est que des propriétaires de groupes de presse sur lesquels l’article 25 du code de l’information aurait pu être appliqué valablement n’ont point été inquiétés.
Pour faire annuler le rachat d’actions du Groupe El Khabar, il fallait trouver au moins un prétexte, peu importe s’il est absolument irrecevable, pour faire capoter la transaction. Une acquisition de parts qui, aux yeux du régime, n’est pas conforme à ses intérêts, et qu’il considère donc comme une menace sur sa pérennité, étant établi que le régime ne réagit que face à ce qu’il estime périlleux pour sa survie.
Car les exemples illustrant cette passivité devant les vrais périls sont légion. Un ministre de la République en exercice a été cité dans une affaire planétaire d’évasion fiscale (Panama Papers) mais aucune institution officielle n’a jugé opportun de réagir. Le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, a récemment avoué ne pas savoir si l’argent d’Abdeslam Bouchouareb placé dans un compte offshore au Panama était sorti d’Algérie ou non.
La justice n’a pas, pour autant, jugé utile d’enquêter. Autre fait : c’est sur le plateau de LCP, une chaîne TV parlementaire française, que l’ancien chef de gouvernement, Sid-Ahmed Ghozali, avait soutenu, début avril, qu’il y a eu au moins un pot-de-vin avéré de 200 millions de dollars dans le scandale Sonatrach. Aucune réaction ne s’en est suivie. Chakib Khelil qui était au moment des faits à la tête du département de l’Énergie, donc Sonatrach, fait, aujourd’hui, la tournée des zaouïas sous la haute protection du régime en place.
La liste est encore longue. Mais, pour le clan aux commandes, l’autodéfense passe avant la défense des intérêts du pays.
Art. 40. — Il est institué une autorité de régulation de la presse écrite, autorité indépendante, jouissant de la personnalité morale et de l’autonomie financière.
À ce titre, elle est chargée notamment :
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national ;
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— de veiller à l’encouragement et à la consolidation de la publication et de la diffusion dans les deux langues nationales par tous les moyens appropriés ;
— de veiller à la transparence des règles économiques de fonctionnement des entreprises éditrices ;
— de veiller à l’interdiction de la concentration des titres et organes sous l’influence financière,
politique ou idéologique d’un même propriétaire ;
— de fixer les règles et les conditions des aides accordées par l’État aux organes d’information, et de veiller à leur répartition ;
— de veiller au respect des normes en matière de publicité et d’en contrôler l’objet et le contenu ;
— de recevoir des déclarations comptables des publications périodiques autres que celles
générées par l’exploitation ;
— de recueillir, auprès des administrations et des entreprises de presse, toutes les informations nécessaires pour s’assurer du respect de leurs obligations.
Les renseignements ainsi recueillis par l’autorité de régulation de la presse écrite ne peuvent être utilisés à d’autres fins qu’à l’accomplissement des missions qui lui sont confiées par la présente loi organique.