PAS GOSTO ! Miloud Chorfi cible des émissions de dérision politique de la chaîne KBC et suscite la controverse

PAS GOSTO ! Miloud Chorfi cible des émissions de dérision politique de la chaîne KBC et suscite la controverse
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L’autorité de régulation de l’audiovisuel a fait, lundi 30 juin 2015, une sortie controversée en adressant un avertissement « verbal » à la chaine de télévision privée KBC (El Khabar TV), ciblant des programmes qui traitent, sous la forme de la dérision, des questions politiques.

Dans un communiqué publié par l’agence APS, le président de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV), Miloud Chorfi, indique avec avoir convoqué le directeur de KBC, Ali Djerri pour lui adresser un « avertissement verbal » au sujet de « dépassements répétés » dans les émissions « Allô » et « Jornan El Gosto ».

Dans ces deux émissions, indique Miloud Chorfi, ancien député du RND, des « noms et des symboles de l’Etat ainsi que de hauts-responsables dans différentes structures et institutions de la République sont systématiquement injuriés et tournés en dérision ».

Des tels « agissements », indique le communiqué, violent la « déontologie de la profession et tombent sous le coup des lois sur l’Information et de l’audiovisuel » indique Miloud Chorfi tout en affirmant que l’Autorité de régulations entendant promouvoir la « liberté de création et d’expression sans censure ni contrainte ».

LG Algérie

Le communiqué se termine par une sommation à « observer scrupuleusement les lois » et à « mettre fin à ces dépassements… Faute de quoi, les pouvoirs publics n’hésiteront pas à prendre les mesures légales qui s’imposent ».

Ali Djerri : Ni violence, ni apologie du terrorisme

Dans une réaction à « l’avertissement » qui lui a été adressé, le Directeur général de KBC, Ali Djerri, a d’abord indiqué qu’il avait été « bien accueilli » par M.Miloud Chorfi qui a donné son « point de vue » sur la grille des programmes de KBC et précisément les émissions « Allô oui » et « Jornan al Gosto ».

Miloud Chorfi a ensuite évoqué ensuite la déontologie de l’information « d’une manière susceptible d’interprétation » a indique le directeur de KBC. On aurait voulu que l’Autorité de régulation « explique la nature des dépassements avec précision sans laisser de marge pour l’interprétation ».

« L’avertissement ne nous dérange pas, il ne signifie pas qu’il y a eu effectivement des dépassements » a-t-il indiqué. « On ne doit pas prendre nécessairement ces choses comme étant une pression mais mais nous nous disons cependant attention à un glissement vers les restrictions à la presse » a-t-il indiqué.

Ali Djerri a défendu les programmes de KBC en soulignant qu’ils ne comportaient pas « ni violence, ni d’apologie du terrorisme. Il y a de la dérision politique et la politique a besoin de ce genre de critiques ».

Le Directeur de KBC assure que l’administration de la chaîne veille « quotidiennement à contrôler la grille des prigrammes et il lui arrive parfois de supprimer des choses qui ne cadrent pas avec le sentiment général ».

L’insistance du DG d’El Khabar sur le fait que sa chaine ne fait ni dans la violence, ni dans l’apologie de la violence vise clairement à rappeler aux responsables qu’ils font preuve d’une grande sensibilité à la dérision politique alors qu’ils n’ont réagi, qu’après une levée de bouclier dans les médias et réseaux sociaux au sujet d’émissions faisant dans l’apologie de la violence et dans le mimétisme des actions terroristes.

Beaucoup d’algériens ont été scandalisés de voir le salafiste Hamadache passer sur la Radio Echourouk FM pour affirmer, sans aucune gêne, que s’il était président « il ouvrirait une ambassade au Daech en Algérie ».

La même chaîne a diffusé une émission de caméra cachée, les « otages » simulant un enlèvement à la mode Daech. Dans les deux cas, la réaction des autorités n’est intervenue qu’après une levée de bouclier sur les réseaux sociaux et dans les médias.

Polarisation idéologique violente

« Les autorités font preuve d’une susceptible politique maladive lorsqu’on brocarde des hommes politiques mais ne semblent pas du tout s’inquiéter de programmes qui suscitent des clivages profonds et lourds au sein de la société, au point de ramener les choses à la polarisation idéologique violente des années 90 » observe un universitaire.

Le ministre des affaires religieuses, Mohamed Aissa, a décidé de saisir lui-même l’Arav sur les prestations sur ces chaines agrées de ces « imams et cheikhs autoproclamés » dont les discours sont  » sont détachés de la réalité des Algériens ».

Le ministre de la communication, Hamid Grine, a, lui aussi, réagi après la levée de bouclier dans les médias et aussi des écrits stupéfaits dans les médias internationaux au sujet des caméras cachées violentes qui banalisent la violence et font l’apologie du terrorisme.

Sur les réseaux sociaux on met en relief ces dérives graves dans un pays encore marqué par la plongée dans les violences des années 90 qui n’ont pas suscité la réaction attendue et on la compare avec l’hypersensibilité des responsables à des émissions de dérision politique.

« L’avertissement verbal » de Miloud Chorfi ne fait qu’alimenter la controverse au sujet de la gestion du paysage audiovisuel « off-shore » par les pouvoirs publics.