Quand la tripartite fait du sur-place
Le gouvernement a raté l’opportunité de faire de la tripartite de Biskra un grand événement économique et social consacrant l’aboutissement à un consensus sur la meilleure riposte à la crise financière qu’enregistre le pays. La manière expéditive choisie par l’Exécutif dans l’organisation de cette séquence du dialogue social présageait du résultat. On n’a pas enregistré véritablement des discussions, débat et négociations pour aboutir à un compromis sur le contenu et l’approfondissement du plan anti-crise.
Du coup, aucune décision, aucune mesure concrète n’a été arrêtée sur la voie de l’enrichissement de la feuille de route du gouvernement pour faire face aux retombées négatives de la chute importante des prix du baril. Tel n’était pas l’objectif. La tripartite de Biskra s’est limitée à la présentation d’une évaluation de la mise en œuvre du pacte économique et social.
Des chantiers pas encore achevés ont été présentés comme des actions déjà réalisées : lancement du crédit à la consommation, amélioration du climat des affaires.
Différents participants ont évoqué la bureaucratie administrative qui se dresse comme un rempart infranchissable sur la voie de l’évolution économique du pays. Cette situation a une explication : la réforme de l’État qui prévoit une modernisation de l’administration, suite à un travail de réflexion d’éminents spécialistes, élaborée au début des années 2000, n’a pas été encore mise en œuvre.
Tout cela donne l’impression que le gouvernement ne parvient pas à neutraliser les capacités nocives de cette main invisible et hésite à opérer les changements salutaires. En fait, des centres de décision au plus haut niveau se nourrissent de ces lourdeurs administratives qui sont à l’origine du mal-être des vrais producteurs et des vrais investisseurs.
Résultat des courses : l’Algérie s’est transformée en un royaume de comptoirs commerciaux en lieu et place d’un État où les activités productives, la recherche et l’innovation prédominent sur le négoce.
En fait, cette tripartite renvoie à un gouvernement en mauvaise posture dans cette bataille anti-crise. Il ne veut pas toucher aux subventions pour préserver la paix sociale.
Sur le volet rationalisation des importations, il bute sur les lobbies de l’import-import, très réticents à la remise en cause de leurs positions de rente dans les activités du commerce extérieur. Mais paradoxalement, il rechigne à réduire le train de vie de l’État, tant le souci de conserver tous ses privilèges a la peau dure chez maints décideurs et hauts fonctionnaires.
Alors qu’il existe des possibilités de concocter un cocktail subtil qui ne lèse pas les intérêts de la majorité des citoyens et qui réduit le grand gaspillage lié aux subventions. Le cas de la carte à carburants montre qu’avec un effort d’imagination, on peut résoudre de véritables casse-têtes chinois. Mais nos gouvernants ont-ils besoin aujourd’hui de recourir à l’intelligence des Algériens pour riposter de manière efficace aux conséquences négatives de la chute des prix du pétrole sur l’économie nationale ? Au moment où l’Algérie recherche la mobilisation des différents acteurs pour riposter.