Les crédits octroyés par le gouvernement dans le cadre de l’Agence nationale de soutien à l’emploi des jeunes (Ansej) se sont avérés problématiques, en ce sens que plusieurs bénéficiaires peinent à tirer profit de leurs entreprises pour pouvoir rembourser leurs crédits que les pouvoirs publics ne semblent pas enclins à éponger.
En effet, le directeur général de ce dispositif de création d’emplois vient de réitérer le refus du gouvernement d’effacer les dettes des entreprises déficitaires, emboîtant ainsi le pas au ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi. Actuellement, c’est un vrai dilemme auquel le gouvernement fait face, coincé entre l’enclume de recouvrer des crédits importants, notamment en cette conjoncture financière difficile, et le marteau de poursuivre une politique sociale d’encouragement de la création d’emplois et de richesses.
S’il est vrai cependant que les critères d’octroi de crédits seront vraisemblablement durcis dans le sillage de la rationalisation des dépenses publiques, il n’en demeure pas moins que le recouvrement des crédits octroyés représente une nécessité vitale. Or, nombreuses sont les entreprises déficitaires et des jeunes bénéficiaires de crédits Ansej à ne plus pouvoir rembourser les banques débiteuses de leurs projets.
Selon Mourad Zemali, DG de l’Ansej, 350 000 petites et moyennes entreprises ont été financées à hauteur de trois milliards de dollars depuis la création de ce dispositif, il y a 19 ans. «On est une entreprise économique et entrepreneuriale et non un organisme social», a-t-il martelé, hier, sur les ondes de la Radio nationale, pour dire que l’effacement des dettes des entreprises déficitaires n’est pas du tout à l’ordre du jour.
En revanche, il a invité les bénéficiaires de projets Ansej dont les entreprises sont mal en point de se rapprocher de l’agence à la place de la banque afin de trouver un compromis etrééchelonner leurs dettes. C’est dire que le gouvernement ne songe absolument pas, tel que colporté par certaines rumeurs, d’éponger les dettes des contractants de crédits Ansej. Ces derniers devraient ainsi se débrouiller afin de satisfaire leurs contrats avec les banques et les pouvoirs publics, se retrouvant dans une situation très critique.
La réalité du terrain illustre bien le désarroi de ces milliers de bénéficiaires de crédits, dont la plupart a opté pour le transport de marchandises, qui peinent à se frayer une place dans la sphère économique du pays, à cause de la saturation du marché du travail et de la raréfaction des opportunités d’investissement à cause de la contraction des réserves financières du pays. En dépit des chiffres optimistes des pouvoirs publics, la situation est beaucoup plus critique que l’on pense.
De jeunes bénéficiaires ont carrément changé d’activité, d’autres ont bradé leur matériel illégalement et d’autres encore ont tout simplement fui à l’étranger après avoir encaissé la cagnotte de leurs crédits. Cette situation qui saigne sèchement le Trésor public met le gouvernement particulièrement dans une situation embarrassante, notamment en ces temps de vaches maigres où toutes les ressources financières sont les bienvenues pour renflouer les caisses de l’Etat vidées par la crise pétrolière.
M. A. C.
