Pas de mafia du médicament en Algérie, selon le président de la société algérienne de pharmacie

Pas de mafia du médicament en Algérie, selon le président de la société algérienne de pharmacie

M. Farid Benhamdine, président de la société algérienne de pharmacie, appelle à produire plus de médicaments, et à consommer mieux. Pour lui, la courbe de la consommation est « normale ».

Il n’y a pas de mafia du médicament. M. Farid Benhamdine est catégorique. Le président de la société algérienne de pharmacie affirme que le marché du médicament, en pleine expansion, reste ouvert, comme l’atteste le nombre élevé de nouveaux projets initiés en 2012. Il prône un effort important pour encourager la production, et faire face au boom de la consommation. Dans différents forums et émissions, il a défendu une démarche qui rejette toutefois l’idée selon laquelle la facture des importations de médicaments est trop élevée.

La facture algérienne de médicaments a doublé en huit ans. Entre 2004 et 2012, elle a augmenté de 250%, passant de 940 millions de dollars à près de 2.5 milliards. Mais M. Benhamdine se dit « effaré » qu’on la trouve élevée. Pour lui, « cette évolution est tout à fait normale. C’est une courbe normale, et elle va encore augmenter », dit-il.

La santé représentait 7% du PIB en Algérie en 2011. La norme mondiale est au-dessus de 11%. « Nous irons vers ce cap, irrémédiablement. Il ne faut pas s’en étonner, mais s’en réjouir ». Il cite l’amélioration du niveau de vie, l’allongement de la durée de vie, l’augmentation du nombre de prescripteurs, celui des malades, des examens plis pointus, qui détectent des maladies ignorées auparavant, etc., comme facteurs ayant contribué à cette augmentation. Il note que les plus de 60 ans représentent 8% de la population. Ils seront quatre millions d’ici 2020, loin des chiffres que connait l’Europe, mais pour un pays considéré traditionnellement comme jeune, c’est une évolution importante.

Pour M. Benhamdine, le défi ne situe pas sur ce terrain, mais celui de la production, qu’il faut élargir et diversifier. L’Algérie compte 62 unités de production, et une autre qui doit entrer en production ce mois-ci. Les producteurs sont prêts à satisfaire 70% des besoins du marché, mais « la bureaucratie, le manque de fluidité, les méthodes désuètes, etc., bloquent cet effort », dit.

Un secteur ouvert

Il conteste cependant l’existence d’une « mafia du médicament », une idée très répandue en Algérie, selon laquelle des barons de l’importation contrôlent ce segment et y interdisent la concurrence comme ils interdiraient la production locale, pour préserver leur rente. « Il n’y a pas de mafia du médicament. Ce n’est pas une réalité », a-t-il dit, citant comme preuve les nombreux investissements dans le secteur. Selon lui, 28 projets pour lancer de nouvelles unités de production ont été introduits en 2012, en plus de 23 projets d’extension et un projet de passage du conditionnement de produits à celui de production.

Il pointe du doigt les difficultés que risquent de rencontrer les producteurs. « L’adhésion à l’OMC risque de gêner producteurs locaux », dit-il, affirmant qu’il est « urgent de mettre en place les mécanismes de protection de la production ». Il maintient qu’il faut « privilégier produits fabriqués localement », et appelle à « discuter avec les associations de producteurs ». Il soutient également l’interdiction d’importer les produits fabriqués localement, mais il prône un contrôle du marché pour éviter les pénuries.

Il accuse ouvertement certains responsables de favoriser les multinationales. « On nous a fait le coup plusieurs fois. Quand un marché se ferme, on nous parle de long terme, des années 2020, 2030, pour sauver les intérêts des multinationales ».

Selon lui, l’Algérie a été amenée à dépenser plus en médicaments, elle doit apprendre à dépenser mieux. Il relève par exemple que 4.500 produits sont remboursés par la sécurité sociale, « c’est beaucoup. Il faut revoir ces listes pour préserver le système de sécurité sociale, opérer un « toilettage soft » en privilégiant produits indispensables et la production nationale ». Il faut aussi prescrire le médicament le meilleur et le moins cher ».