Qu’est-il advenu de ces partis, ces «hizbicules» qui, plongés profondément dans la léthargie la plupart du temps, ne se manifestent qu’à l’occasion des rendez-vous électoraux qu’ils «agrémentent » pour redisparaître, aussitôt la «mission» accomplie.
Et le «scénario» semble s’être répété, tel un rituel, à l’occasion des dernières législatives, et de manière beaucoup plus «consistante» puisque aux starting-blocks, ils étaient une bonne trentaine dont une vingtaine «mis au monde» quelques jours seulement avant le scrutin, dans le sillage des réformes politiques que la conjoncture régionale faite de sanglants soulèvements populaires a imposées. Et tous, ou presque, claironnaient à qui voulait leur prêter une oreille attentive, qu’ils constituaient l’alternative aux partis «traditionnels » qu’ils considéraient dépassés et qu’il était temps pour que le «flambeau» leur soit transmis. Pour ce faire, ils ne faisaient aucunement l’économie des discours pour se faire valoir, aidés en cela par la «générosité» des médias publics mobilisés comme jamais, à l’effet d’accompagner cette «riche et diversifiée activité politique». Mais c’était compter sans la «naïvité» de certains de ces nouveaux leaders, sortis tout droit du néant, sans aucun parcours préalable dans un quelconque mouvement associatif ou syndical, comme cela est le cas dans les démocraties avancées. Mais sans aussi ces «chefs de parti» qui traînent telle une mauvaise casserole, leurs passages dans d’anciennes entités politiques, qui ont profité de cette brèche providentielle, pour se relancer dans la chose politique et se refaire, pourquoi pas, une «virginité », ralative soit-elle. Autant d’éléments qui n’ont pas échappé au citoyen lambda, donc aux potentiels électeurs, qui, filant le «manège », se sont superbement désintéressés de ce rendez-vous que seuls les participants ont tout fait pour lui revêtir le caractère d’«événement ». Au point où certains sont allés jusqu’à le comparer au 1er- Novembre 1954 ou au 5 Juillet 1962, comme pour titiller, dans un ultime effort d’intéressement, la fibre patriotique des Algériens.
Bivouac politique
Peine perdue puisque les abstentionnistes ont été les vainqueurs de cette consultation avec, en sus, une gifle et magistrale, infligée à cette nuée de partis-éprouvettes dont la raison d’existence ne dépasse le «souci» de servir de lièvres. Ceci quoique neuf de ces nouveaux «hizbicules», entre autres épithètes attribués à ces «partis», ils ont pu se frayer un petit chemin en réussissant à glaner des strapontins. Et tout indique que ces vainqueurs d’un jour ont dû déchanter, rapidement ou déchanteront bientôt avec l’intention prêtée à leurs nouveaux élus de rejoindre leurs familles politiques d’origine, comme c’est le cas, par ailleurs, du reste de ces petits partis recalés. C’est que ces derniers servent de véritables centres de transit, de bivouac politique, pour nombre de militants des «grosses» pointures de la scène politique nationale, qui, déçus de ne pouvoir postuler au nom de leurs partis de «raison», se rabattent sur ces partis-secours, le temps d’une échéance électorale. Un véritable marché de tranferts, de mercantilisme politique dont seule notre «classe» politique détient le secret. Le comble est que tout ce beau monde est conscient de ces «singularités» politiques algériennes, mais de là à essayer d’y remédier… Preuve en est que pour leur écrasante majorité, ces «acteurs» politiques, ces «faiseurs d’opinions » sont aux abonnés absents.
L’impérative remise en cause
Rares sont ceux qui, inscrivant leur démarche dans la durée, s’essaient à reprendre les esprits du terrible coup de «massue» du 10 mai dernier. Dont l’UFDS (Union des forces démocratiques et sociales) dont le président affirmera, tout de go, que les dernières législatives n’ont été qu’une occasion pour se faire connaître auprès de l’opinion publique. «Nous ne nous sommes pas fait beaucoup d’illusions vu que notre parti a été agréé la veille du scrutin», dira Noureddine Bahbouh pour qui il n’est pas opportun ni indiqué de s’apesantir sur tout ce que ces élections ont enregistré comme dépassements et irrégularités. «Nous ne sommes pas de ceux qui attisent le feu et la stabilité du pays est au-dessus de tout autre considération », soutiendra l’ancien ministre de l’Agriculture pour qui, l’option est désormais de s’inscrire dans l’avenir en prenant en compte tout ce que ce scrutin a engendré comme conséquences et leçons. C’est dans ce sens que l’UFDS a contracté une alliance parlementaire avec le MPA d’Amara Benyounès et le FNJS de Bounedjma. Une alliance qui pourra vraisemblablement s’élargir tout prochainement avec l’accord de principe, dira Bahbouh, d’autres formations politiques. Pour le leader de l’UFDS, il est même question d’alliances en prévision des prochaines échéances électorales, au moment où au niveau du parti, l’on s’attelle à la structuration. Le même chantier est entrepris du côté du PEP (Parti de l’équité et de la proclamation). Sa première responsable, Naïma Salhi, affirmera que le temps est à la rentabilisation du large écho des idées du parti auprès du peuple avec le score «honorable», jugera-t-elle de 116 000 voix récoltées, et avec la «fraude» qui a caractérisé cette élection, commentera-t-elle. En plus d’une campagne de structuration du parti, la patronne du PEP dira poursuivre l’action dans le cadre du Front pour la sauvegarde de la démocratie, un front composé de 16 partis politiques qui récuse les résultats des dernières législatives, allant jusqu’à introniser un Parlement populaire. Des campagnes de sensibilisation seront menées aux quatre coins du pays pour expliquer le bien-fondé de la démarche du front, déclarera Naïma Salhi. Pour Sofiane Djilali de Jil El Djadid, les dernières législatives ont été mises à profit pour faire avancer les idées que nous avançons dans la perspective de la construction d’un nouveau courant de pensée. «Nous ne nous attendions aucunement à des miracles quant à arracher des sièges. Nous considérons que les 100 000 voix que nous avons récoltés en deux mois d’existence seulement nous incitent à aller de l’avant et ne pas dilapider ce large élan de sympathie », dira Djilali qui considère, néanmoins, que le chemin est encore long pour enraciner la démocratie dans le pays. «La décantation doit encore attendre tant que les voix des citoyens ne sont pas respectées», assénera-t-il, non sans mettre l’accent sur l’œuvre de structuration du parti qui s’impose à la lumière des nouvelles donnes.
M. K.