Partis politiques,des déclarations pas comme les autres

Partis politiques,des déclarations pas comme les autres

Aucune position claire des partis par rapport à l’élection d’avril 2014

Un parti ne peut pas prétendre être prêt pour un rendez-vous électoral et avoir, en même temps, des réserves.



Cette semaine, certains de nos partis se seraient décidés à bouger. Le RCD dit enfin quelque chose et réitère ses exigences.

Le RND donne son bulletin de santé jurant qu’il a guéri de la crise. Le MSP avertit qu’il risque de participer et qu’il risque de boycotter et TAJ déplore que certains reprochent à Sellal de faire campagne pour Bouteflika. Aux dernières nouvelles (L’Expression du 1/12/2013), on serait enfin «fin prêt» au MSP pour affronter l’élection présidentielle de 2014. On prend toutefois la précaution d’avertir, en prenant à témoin la population, que cette décision n’est pas définitive et que le parti pourrait boycotter cette élection si jamais, affirme son président, leurs revendications ne sont pas satisfaites. Makri ajoute que l’idée d’une alliance nest pas à écarter et que le programme du parti MSP serait bientôt bouclé.

Pas de programme!

Voilà donc un parti qui serait prêt, mais qui ne l’est pas totalement. Exactement comme la majorité des partis qui, soit ne sachant pas ce qu’ils ont à faire, soit faisant ce qu’ils n’ont pas à faire, continuent à marcher à côté de leurs pantoufles avec l’espoir, et même la certitude pour certains, que le peuple ne remarquera rien et qu’il continuera à dire qu’il a des partis d’opposition et des partis au pouvoir! Mais, en réalité, et bien qu’il ne dit rien, le peuple sait!

Un parti ne peut pas prétendre être prêt pour un rendez-vous électoral et avoir, en même temps, des réserves parce que soit on est prêt et l’on va, ou on n’est pas prêt et il faut alors cesser d’induire les gens en erreur. Dire que l’on est prêt, mais que, en cas de manque de transparence ou si nos revendications ne sont pas satisfaites, on se retire, est un jeu inventé bien avant la venue de Makri à la tête du MSP et le peuple, qui est là avant Makri, a eu tout le temps d’en avaler des comme ça jusqu’à satiété et à force d’en avoir ingurgités

cela ne lui fait plus d’effet aujourd’hui.

Le peuple sait qu’une telle attitude signifie que si jamais le MSP prend part à l’élection, il aura la latitude de rappeler qu’il l’avait dit et si jamais il ne prend pas part, il aurait aussi la possibilité de dire qu’il l’avait prédit. A quoi rime tout cela?

Mais le MSP n’est pas seul dans son hésitation. Ils sont nombreux les partis qui, jusque-là du moins, ne savent pas s’ils vont être de la partie ou pas. Leurs prévisions et leurs informations ne sont ni sûres au point de leur permettre de foncer ni dubitatifs au point de les faire renoncer et, entre les deux, comme dit l’autre, leur coeur balance!

Etre prêt signifie avoir un programme. Que Yasmina Khadra dit ne pas avoir bouclé son programme, passe encore, car après tout, il aurait pu ne prendre la décision que tardivement, mais qu’un parti qui est là depuis le début des temps et qui court après le pouvoir depuis aussi longtemps, n’ait pas son programme ficelé aujourd’hui, en décembre, alors que l’élection sera en avril, voilà qui ne peut être compris.

Est-ce que nos partis agissent à l’image des mauvais élèves qui ne préparent leurs devoirs que la veille parce qu’ils ne savent pas qu’un programme se prépare sur des années ou est-ce parce qu’ils ne croient pas à la nécessité d’avoir un programme? Dans le premier cas, ils auraient encore beaucoup à apprendre et, dans le second cas, ils devraient revoir ce qu’ils ont appris de la politique et, surtout, concernant l’opposition. Si telle est la réalité de certains de nos partis, ce serait se tromper que de croire qu’ils ont la capacité d’améliorer les choses en Algérie. Ni aujourd’hui ni demain!

En réalité, le MSP de Makri veut, par cette dernière sortie, déplacer l’attention des observateurs et celle du peuple en posant des questions autres que celles qui méritent d’être posées et en soulevant des interrogations autres que celles qu’il devait soulever.

Les exigences du MSP sont nombreuses et variées. Desquelles parle-t-on au juste? De la commission indépendante de surveillance de l’élection? Du report de la révision de la Constitution? De la non-utilisation des moyens de l’Etat pour une campagne électorale avant terme? Des garanties de transparence? De la maladie du chef de l’Etat? De la non-satisfaction desquelles de ces conditions dépendra le fameux boycott du MSP? On ne nous dit rien là-dessus et ce sont pourtant des thèmes sur lesquels le MSP a communiqué et continue de le faire!

Apprentissage de la démocratie

Que le MSP aille faire quelques alliances, c’est là son droit le plus absolu et il ne sera pas le premier à le faire. Qu’il présente un candidat du parti, c’est aussi son droit que personne ne peut lui contester. Qu’il décide de boycotter demeure aussi son droit que nul ne peut remettre en question. Ce qui dérange dans tout cela, c’est cette démarche qui ne dit ni oui ni non à la participation Qui ne dit ni oui ni non aux alliances, et qui ne clarifie aucune position par rapport à l’élection d’avril 2014. Pourquoi parler lorsqu’on n’a rien à dire?

Mais cette semaine, il n’y a pas que le MSP qui étonne de par ses déclarations. Il y a aussi TAJ de Amar Ghoul. Finalement, on se rend compte dans la réalité que le TAJ et le MSP ont des choses en commun! Le responsable de TAJ s’est mis en tête de défendre le Premier ministre Sellal contre ceux qui considèrent qu’il est parti en campagne électorale au profit d’un quatrième mandat. Pourquoi est-ce Ghoul qui réagit? Et en quoi se sent-il visé lorsqu’un parti, un journaliste ou un candidat déclare que Sellal mène une campagne pour tel ou tel candidat? D’abord, le Premier ministre est assez grand pour se défendre lui-même, et il l’a fait à plusieurs reprises. Ensuite, généralement, lorsqu’on critique un ministre, le chef du gouvernement ou le Premier ministre intervient pour le défendre lorsqu’il considère qu’il n’est pas dans le tort. Cela se fait par solidarité gouvernementale comme on dit. Or, dans le cas de figure qui nous intéresse ici, c’est l’inverse qui se passe, pourquoi? Et puis, si Sellal était du parti de Ghoul, on aurait compris la réaction du responsable de TAJ, mais tel n’est pas le cas non plus. Pourquoi ce n’est pas Toumi ou Messahel ou quelqu’un d’autre qui se serait élevé pour défendre Sellal? N’est-ce pas étonnant?

La démocratie est difficile à apprendre. Après tout, le long temps que nous avons vécu loin d’elle et sans elle, il nous est difficile de nous accommoder de ses caprices qui veulent que nous laissions l’Autre parler, que nous respections ses idées et ses discours, surtout lorsqu’ils sont différents des nôtres. Et pourtant, ce n’est qu’avec des discours autres que ceux de ceux qui sont au pouvoir ou de ceux qui les louent que nous pouvons, en tant que pays et en tant que nation, dépasser nos problèmes et, surtout, nous débarrasser de notre démence qui nous lie fortement à la queue de la misère et à l’enseigne du sous-développement.

Ghoul est bien dans son droit de choisir, de s’opposer ou de s’allier au pouvoir.

Il est aussi dans son droit de présenter un candidat ou de soutenir un candidat qui ne sort pas des rangs de son parti, mais il a cessé de l’être lorsqu’il a pris la défense de Sellal car rien, absolument rien, ne l’y autorise. Sellal fait campagne pour Bouteflika? Que les gens le lui disent, il n’y a aucun mal. Il ne fait pas campagne pour Bouteflika? Qu’il le leur dise et, là non plus, il n’y a pas de mal! Le mal commence à partir du moment où les remarques des autres aux autres nous irritent au point où l’on va jusqu’à leur répondre alors que leur discours est dirigé ailleurs! Mais mettons cela aussi sur le compte de l’apprentissage de la démocratie et disons que nous avons encore devant nous tout le temps qu’il nous faut. Quelques éternités si cela suffit, sinon on demandera d’autres éternités… Juste comme ça… pour la route!