Demain à Biskra, Ahmed Ouyahia, qui célébrera la cérémonie officielle du 21e anniversaire de la création du Rassemblement national démocratique (RND), sera particulièrement attendu sur ce qu’il dira en cette période d’agitation sociale et politique.
Le Premier ministre Ahmed Ouyahia paraît bien silencieux depuis quelques semaines, alors que le front social gronde et que les conflits sont loin d’avoir trouvé une issue. Le chef de l’Exécutif, d’habitude prolixe lorsqu’il s’agit des thèmes importants qui agitent le pays, semble avoir entrepris un retrait qui laisse interrogateur sur les positions d’un homme politique de premier plan mais aussi celles officielles du gouvernement.
Le « retrait » communicationnel d’Ouyahia aura d’ailleurs été interprété diversement par les observateurs, certains l’imputant aux « péripéties » du Premier ministre sur le sujet des privatisations. Ce dernier aurait pourtant été d’un grand apport en ces périodes de difficultés à entrevoir les portes du dialogue. Lors de ses dernières conférences de presse, Ouyahia avait grâce à ses aptitudes d’orateur pu détendre bien des situations de tension, expliquant les options de l’Etat notamment sur le plan économique. Les capacités d’orateur reconnues du Premier ministre auraient été bienvenues en ces temps de blocages sur le front social mais aussi sur les différentes interrogations pendantes à propos des récentes initiatives économiques de l’Etat. En sa qualité de secrétaire général du RND, Ouyahia semble également observer un silence notable sur les questions de l’heure, tant sur le plan de la politique interne que sur les positions du parti de la coalition gouvernementale. Ainsi Ahmed Ouyahia sera particulièrement attendu lors de la cérémonie officielle du 21e anniversaire de la création du Rassemblement national démocratique (RND) vendredi à Biskra. Le RND devrait déjà esquisser les grandes lignes de sa politique dans la perspective de 2019.
Ce rendez-vous intervient dans un contexte social particulièrement tendu où le gouvernement est soumis à une tension sociale multiple. Les initiatives des partis politiques sont d’ailleurs les parents pauvres dans ces nombreux bras de fer avec les différents syndicats en débrayage. Cinq groupes parlementaires, dont le RND, ont appelé le gouvernement « à agir avec rigueur et à ne pas céder aux provocations qui vont à l’encontre du principe de l’égalité entre toutes les catégories sociales et entravent la bonne prise en charge des revendications légitimes ». Ces groupes estiment que « les mouvements qui secouent certains secteurs ont pris une orientation injustifiée, bien que l’exercice du droit syndical soit garanti par la Constitution ».
Ils appellent « les grévistes à faire preuve de sagesse, à mettre un terme à la grève ouverte, à rejoindre leurs postes, pour l’intérêt des élèves et des malades et, à faire prévaloir le dialogue pour la satisfaction de leurs revendications légitimes ».
Demain à Biskra, Ouyahia sera obligé, même de façon habile, de sortir de sa casquette de chef de parti pour parler au nom du gouvernement qu’il dirige. Et les sujets brûlants sont loin de manquer.