Partis politiques, La confusion jusqu’en 2014 ?

Partis politiques, La confusion jusqu’en 2014 ?
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Dans quel contexte politique va se tenir l’élection présidentielle de 2014, dont pas plus d’une année seulement nous rapproche ?

Ce qu’on appelle encore le phénomène de « mouvements de redressement » qui minent les partis politique a, tout compte fait, ouvert la voie à une situation inédite. C’est la première fois depuis 1995, en effet, que l’on s’achemine vers une construction politique où il n’existe pas de bloc politique central, mais un émiettement des forces politiques dont on ne sait encore leur position vis-à-vis d’une question aussi capitale pour le pays.

Par bloc politique central, on entend la coalition qui se place avec force au centre de l’échiquier politique, afin de permettre au chef de l’Etat, de gérer les différents antagonismes et clivages et, dans le même sillage, de disposer d’un relais politique, aussi bien parmi la société qu’au sein des institutions et notamment dans les assemblées élues, nationales ou locales.

Lors du mandat de Liamine Zeroual, ce bloc était constitué par le RND, le FLN et le MSP, avec cet ordre d’importance en termes de sièges dans les assemblées, même si cette coalition ne devait s’affirmer en tant que telle qu’à l’issue des législatives de 1997.

Mais lors de la présidentielle de 1995, une partie du FLN et de l’administration, ainsi que les « patriotes » et autres syndicats et organisations qui devaient plus tard, se réunir sous la bannière du RND, avait déjà choisi de jouer le rôle de parti présidentiel, tandis que le FLN a changé de cap avec le départ (ou l’éviction) de Abdelhamid Mehri au profit de Abdelhak Benhamouda, tandis que le MSP (ex-Hamas) était dirigé par le participationniste Mahfoud Nahnah.

Avant son élection, toujours en 1995, Liamine Zeroual bénéficiait déjà du soutien d’une noria de partis politiques et d’associations réunies autour de lui depuis la CDN (conférence du dialogue national de 1994). Ce qui n’était qu’une coalition allait ensuite se transformer en Alliance présidentielle autour du candidat Abdelaziz Bouteflika, pour sa première élection, puis pour ses autres réélections.

En 1999, on avait assisté, en effet, à des « mouvements de redressement », ceux dans la foulée du « coup d’Etat scientifique » du FLN, dont le plus spectaculaire a vu la direction du RND tomber entre les mains d’Ahmed Ouyahia, au détriment de Tahar Benbaïbèche, ancien secrétaire général – qui vient à peine de signer son come-back en politique, à l’occasion de la vague d’agréments de nouveaux partis politiques.

Somme toute, il y a eu toujours un consensus politique créé autour du chef de l’Etat, à élire ou à réélire, avec l’apparition systématique de lignes de fractures dans les partis politiques, comme ce fut le cas en 2004, chez la maison FLN, entre pro-Benflis et pro-Bouteflika. Fracture qui n’est toujours pas replâtrée et dans laquelle, finalement, Abdelaziz Belkhadem n’aura joué qu’un rôle d’intérimaire, de pompier ou de tout ce qui se rapproche en fait du rôle du sauveur d’une situation pourrait-on dire désespérée.

Rien de tel aujourd’hui. Alors qu’une année seulement nous sépare de la présidentielle, ni le FLN, ni le RND ne semblent en mesure de vite surmonter leurs divisions internes. Le FLN peine à remplacer Belkhadem, alors que tous ses opposants semblaient d’accord pour le chasser de son poste. Au RND, on ne comprend toujours pas pourquoi Bensalah n’arrive pas à s’entendre avec les anti-Ouyahia, malgré le départ de ce dernier.

Il y a ici, un non-dit de taille autour des objectifs des « redresseurs », au FLN comme au RND, dont la mission aurait dû être finie, terminée, par le simple fait d’avoir obtenu le départ de ces deux dirigeants accusés de vouloir succéder à Abdelaziz Bouteflika. On ne sait encore combien cette confusion pourra encore tenir en haleine journalistes et observateurs, on constate déjà que ces deux partis politiques, majoritaires à l’APN, au sénat et dans les assemblées locales, sont paralysés, incapables de décider de quoi que ce soit, ni même de sortir avec une position commune sur les questions de l’heure. Des questions urgentes, comme la guerre au Mali, la situation en Tunisie, pour ne citer que ces deux dossiers de forte tension régionale. Ne parlons pas des questions nationales, où l’APN n’est plus un ensemble de groupes parlementaires distincts, mais des groupuscules que personne n’arrive plus à classer politiquement, tant les députés et les sénateurs semblent livrés à eux-mêmes, sans consignes claires.

Dans ce contexte, le Premier ministre, à la tête d’un gouvernement dit de technocrates, est obligé d’aller au-delà de l’expédition des affaires courantes, et se voit donc contraint de remplir un vide structurel, comme l’obligation de donner à son gouvernement, une présence effective sur le terrain, en attendant que se dégage une meilleur visibilité de la classe politique.

Comme on le constate, les déboires du FLN et du RND, en raison de la place centrale qu’ils ont longtemps occupée, ne sont pas seulement, des problèmes partisans et internes, mais déteignent sur le système politique dans son ensemble. Le tout est de savoir, si tout va rentrer dans l’ordre et si ces deux partis vont se remettre en ordre de marche, ou alors devra-t-on assister à une présidentielle dans la confusion, dont on a déjà du mal à en imaginer la campagne.

Par Nabil Benali