Les dés sont jetés. La campagne électorale pour les élections locales du 29 novembre prochain est arrivée à son terme hier. Les regards seront désormais braqués sur le début du scrutin, jeudi prochain.
À quelques encablures de ce rendez-vous fatidique, des questions se posent quant aux trois semaines de cette campagne électorale et ses répercussions sur le déroulement du vote pour le renouvellement des APW et des APC.
En effet, à en juger du désintérêt total des citoyens, la campagne électorale s’est achevée sur un gout amèr et un air de déjà vu qui nous renseigne encore une fois sur le fossé incommensurable qui sépare le front social et les formations politiques.
À défaut de tenir des discours creux et peu audibles, dénués de tout programme concret ayant trait sur les véritables aspirations du citoyen lambda, ce dernier préfère comme à l’accoutumée montrer son mécontentement par une indifférence totale qui en dit long sur sa pensée.
Les 52 partis politiques en course pour les locales ont même raté une grande occasion pour rebondir et se mettre au devant de la scène avec les tristes évènements de Ghaza où plusieurs palestiniens ont succombés aux assauts barbares de l’entité sioniste.
Au lieu de condamner ces sordides massacres ou du moins exprimés leurs points de vue, ils ont préféré se cotonner dans leurs coins, passant à côté d’un sujet très sensible aux yeux des Algériens à l’instar de toute cette campagne électorale.
Pis, la mosaïque politique composée d’une cinquantaine de partis après les innombrables agréments accordés par le ministère de l’Intérieur a été perçue non pas comme une ouverture politique mais comme une clochardisation de la scène politique ayant pour but de diviser l’électorat.
Par ailleurs, les différents partis ont préféré tenir des meetings dans des salles fermées pour éviter le contact direct avec la population au vu de leur capacité de mobilisation très limitée. La plupart d’entres eux ont axés leurs discours sur l’impératif d’une participation massive à même de remettre le pays dans les bons rails, à l’instar du FLN et du RND.
Le PT de Louisa Hanoune à quant à lui insisté sur l’importance d’une participation massive sur fond d’une menace extérieure qui se précise de plus en plus. Du côté des partis à obédience islamiste, tels que le MSP de Bouguerra Soltani, on mise sur la carte de la victime, en évoquant des risques de fraude pour expliquer dès le début un échec «évident».
Plusieurs dépassements et anomalies ont également caractérisé cette campagne électorale. Ainsi, comme lors des élections législatives, l’affichage anarchique en dehors des espaces réservés a encore une fois refait surface.
Les portraits des candidats ont envahi les espaces publics, les magasins et les cafétérias. Face à ce phénomène, la «fameuse» Commission nationale de surveillance des élections locales (CNISEL) dirigée par Mohamed Seddiki est passée a côté et a préféré s’intéresser à un sujet qui se consacrer beaucoup plus, à savoir faire du chantage pour percevoir des rémunérations et des avantages pour assouvir sa faim de loup.
Face à cette donne plutôt pessimiste qui annonce d’ores est déjà la couleur quant au taux de participation le jour du scrutin, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales a tenu des propos pour le moins surprenants.
Invité de la rédaction de la Chaîne III, le ministre a déclaré avec beaucoup de conviction et sans se référer à un quelconque sondage public que le taux de participation aux élections locales oscillera entre 40 et 45%. C’est à se demander si Daho Ould Kablia n’est pas complètement déconnecté de la réalité.
Younes Guiz
