Hocine Aït Ahmed, le leader charismatique du FFS
Il y a une décennie, les débats houleux et télévisés qui se déroulaient à l’APN focalisaient l’attention des Algériens.
Le conseil national du Front des forces socialistes (FFS) se réunira demain (vendredi) pour trancher officiellement sa participation aux élections législatives du 10 mai prochain.
La décision de participer ou non du FFS à cette joute électorale est prise. Sa base, dont relève la décision de participation ou non, manifeste un avis favorable. «Les rencontres avec la base, se sont déroulées dans le cadre de la convention nationale du parti» a confirmé une source proche de la direction du FFS, ajoutant que loin d’être considérées comme une formalité, les élections législatives prochaines sont bien un véritable enjeu pour l’ensemble des forces politiques, aussi bien pour ceux qui y boycottent, que pour ceux qui y participent. Participant pour la première fois aux élections législatives, en l’occurrence celles de décembre 1991, le FFS, qui a été consacré troisième formation politique du pays, a bien suscité les espoirs d’un changement pour les Algériens, avant que le processus électoral ne soit interromps. Le FFS a rejeté la révision constitutionnelle de novembre 1996. Puis en juin 1997, le plus vieux parti d’opposition a participé aux élections législatives. Sa participation a été positive grâce à la relative ouverture politique permise par le président Liamine Zeroual et la ténacité de son groupe parlementaire. Qui ne se rappelle, il y a une décennie, des travaux de l’Assemblée nationale, qui suscitaient l’intérêt du citoyen? Les débats houleux et télévisés, qui se déroulaient à l’APN focalisaient l’attention des Algériens. L’APN donnait visiblement l’impression de constituer un espace de confrontation d’idées, de remise en cause, mais surtout une force de proposition. Cette institution avait en effet ses portes et fenêtres ouvertes au regard du citoyen. Elle s’était même séparée, pour une courte période, de l’étiquette qu’on lui collait «une chambre d’enregistrement». Cela s’est passé, aprés la participation du FFS aux élections législatives 1997, qui avait, il est utile de le noter, pour objectif, malgré le terrorisme, de restaurer l’édifice institutionnel ébranlé par l’interruption du processus électoral. Bien inséré dans la communauté internationale en tant que membre de l’Internationale socialiste, et partisan de la participation de l’ensemble de la société civile (partis politiques, mouvements associatifs, syndicats, intellectuels, etc.) pour le redressement de l’Algérie, le FFS apparaît comme le chef de file de l’opposition en Algérie. Son succès, relatif, s’explique en partie par sa volonté et sa détermination à conduire le peuple à asseoir une Assemblée constituante, ouvrant la voie à l’avènement d’une IIe République.
Mais aussi et surtout par le fait de compter dans son groupe le feu Seddik Débaili, Djamel Zenati, Nadia Taleb, Ahmed Djedaï, Yakhlef Bouaïche et Mustapha Bouhadef, etc., des cadres dont la compétence et l’intégrité ne se démentent pas. Régulièrement, ils prenaient part aux débats organisés par l’Entv et à la couverture des interventions des députés FFS en direct à la télé. Ainsi, l’on avait assisté aux questions soulevées par le groupe FFS, en l’occurrence la proposition de loi sur la levée de l’état d’urgence, le code de l’information et le code communal. Le groupe FFS avait, également, contribué activement à repousser le projet du gouvernement sur les sociétés de gardiennage tendant à instituer une police privée pour la sécurité des personnes. Bien que les rapports de force étaient largement différents au sein de l’APN entre les partis d’opposition et ceux activant sous la bénédiction du système, néanmoins les quelques députés du camp de l’opposition avaient contribué activement à repousser des projets de loi et à en amender d’autres.
A cause d’une fraude massive ayant entaché la consultation législative de 1997, le FFS avait recueilli 4,8% des voix. Cependant, le gouvernement s’est assuré, avec ces élections, une majorité parlementaire plus que confortable. Avec un taux de participation électorale de 65,5%, les 380 sièges de l’Assemblée nationale furent pour 57,6% gagnés par le RND (155 députés) et par le FLN (64 députés), auxquels une partie des 11 sièges occupés par les indépendants pourrait apporter son appui. Cette élection, pour mémoire, avait été fortement marquée par la fraude. Une fraude électorale qui avait été même reconnue par ses auteurs, des années plus tard. Le second groupe politique sera celui de la tendance islamiste avec 69 sièges du MSP (plus 4 indépendants), lequel va compter sur un nombre représentatif mais pas suffisamment influent au sein de la chambre, et 34 de En Nahda. Viendront s’ajouter à ces deux blocs, 19 députés du FFS, 19 du RCD, 4 du Parti des travailleurs et 5 des autres partis minoritaires. Comptant sur son leader charismatique, Hocine Aït Ahmed, un dirigeant historique de la lutte de libération qui, dès l’indépendance en 1962, s’est opposé au système du parti unique, le FFS avait ainsi continué encore à lutter pacifiquement pour le droit des citoyens d’avoir des droits. Un slogan qui est toujours à l’ordre du jour dans la bataille politique du vieux parti d’opposition.