Partenariat français, subventions, automobile: Tebboune fait le point

Partenariat français, subventions, automobile: Tebboune fait le point

Dans une longue interview accordée à l’hebdomadaire français Le Point, le chef de l’État Abdelmadjid Tebboune a abordé plusieurs dossiers liés à l’économie dont la question des subventions de l’État, le problème de la bureaucratie ou encore la question du Comité intergouvernemental de haut niveau franco-algérien (CIHN).

Concernant ce dernier point, il s’agit du report en, avril dernier, de la cinquième session du Comité intergouvernemental de haut niveau franco-algérien (CIHN).  Tebboune a indiqué que les raisons de ce report reviennent essentiellement sur la composition de la délégation française. Selon lui, cela est dû à la réduction du nombre des ministres français devant se rendre à Alger, de dix ministres à seulement deux.

« Celui qui a pensé que cela pouvait se faire ainsi ne connaît rien ni à l’Algérie ni à la manière de travailler en bilatéral », a-t-il affirmé à l’hebdomadaire français tout en précisant que « la balle est dans le camp du gouvernement français pour organiser un autre rendez-vous ».

Le bilan du CIHN 2017 « n’est pas que négatif »

Abordant le bilan du dernier CIHN tenu en 2017, le président a estimé que le bilan n’est pas du tout négatif. Citant l’activité florissante de certains groupes français en Algérie, tels que Sanofi et d’autres partenariats qui « battent l’aile » comme Suez et la RATP, Tebboune affirme que « des lobbys français, très puissants, criminalisent pratiquement le fait de travailler avec l’Algérie ».

Faisant encore le point sur la situation, il note que « Renault, Legrand et Schneider ont prospéré. Lafarge et Knauf ont exporté. BNP, SG, Natexis, Crédit Agricole, Air France… ont acquis des parts de marché aussi, plus de 450 PME françaises sont présentes en Algérie ».

Pour la question de la réouverture de l’usine Peugeot, Tebboune indique que le « dossier est en maturation ». Or, il affirme que l’échec de ce groupe en Algérie revient au fait qu’il n’avait pas accepté la corruption. « Le mérite de Peugeot, c’est de ne pas avoir accepté de verser de pot-de-vin », a-t-il dit en faisant allusion à l’époque de Bouteflika.

Vers une révision profonde des subventions de l’État

Dans un autre volet, le président Tebboune a abordé la question de la révision des subventions de l’État des produits de première nécessité qui devront cibler, prochainement, les classes défavorisées.

D’emblée, il assure que « l’État social reste un principe valable pour les classes moyennes et démunies ». Cependant, continue-t-il, « les plus riches ne doivent plus être concernés par les subventions ».

Le président a ensuite fait savoir que « le projet est en cours d’élaboration » et qu’il attend « l’élection des assemblées – Parlement et assemblées locales – pour entamer une réflexion nationale, notamment avec les syndicats, le Conseil national économique et social et environnemental et les élus ».

« L’assemblage des kits n’est pas une économie »

À propos de la situation économique générale du pays, le chef de l’État a affirmé lors de l’interview qu’elle « n’est pas aussi catastrophique », reconnaissant qu’il y a « des problèmes, des difficultés, peut-être aussi des blocages à cause de la bureaucratie ». Sur ce dernier point, il dit qu’il luttera contre « avec toute son énergie ».

Mis à part ce fléau, Tebboune estime que « les gens continuent à travailler et à investir, le pays n’est pas à l’arrêt ». Or, il reconnait encore « que nous avons une économie sous-développée et désarticulée, tournée vers l’importation, sans aucun échange intersectoriel ».

À ce propos, il cite l’exemple de l’industrie automobile et l’électroménager en « kits importés pour être montés en Algérie ». Critiquant vigoureusement cette démarche, il en cite les inconvenants : « nous avons réussi à mettre sur le marché des voitures plus chères que les voitures importées ! Et tout cela pour créer à peine 400 emplois alors que le projet a coûté à l’État 3,5 milliards de dollars ».

S’exclamant qu’il ne s’agit guère d’une économie, Tebboune précise que « ceux qui veulent se lancer dans la construction mécanique, en respectant les cahiers des charges, sont les bienvenus », avant d’affirmer que la volonté de l’Algérie actuellement, c’est de « construire une économie dans laquelle les besoins de notre pays soient satisfaits par notre propre production ».