« J’ai une liste de projets bien précis, je ne veux pas me disperser. Ma mission est avant tout d’ordre économique et social ! » Voila au moins une déclaration qui a le mérite d’être claire. M. Raffarin, qui sera de nouveau l’hôte de l’Algérie les 30 et 31 mai prochains, a tenu à préciser le rôle qui lui est assigné pour mener à bien les relations socioéconomiques algéro-françaises.
Sans ambiguïté aucune et laissant de côté l’épineux volet politique, il n’est question que d’affaires. Entre Français et Algériens c’est un deal basé sur la real politik et alimenté par un pragmatisme qui interpelle les deux pays à voir leurs intérêts respectifs à l’ombre de conflictuelles questions politiques.
L’actuel contexte économique « contraint » la France à avoir besoin de l’Algérie pour sortir de sa crise financière, et l’Algérie a, à son tour, tant besoin de la France pour mettre en application une partie de son programme d’investissements et créer de la productivité. Pour cela, l’historique et séculaire relation pourrait être un atout majeur jouant en faveur de la France dont les Algériens sont si familiers et connaissent beaucoup, si ce n’est pas tout sur l’Hexagone pour peu que certaines questions fâcheuses viennent à être élaguées.
France semblent être de facto évacuées et orientées au plan diplomatique. L’heure est à l’évaluation de l’ensemble des projets initiés jusqu’à présent et qu’il va falloir relancer pour une nouvelle dynamique avec les PME dans un cadre de coopération sur le long terme et « participer au développement économique et social de l’Algérie ».
En aboutissant, cela peut même générer pas moins de « 20 000 emplois directs », selon l’ex-Premier ministre français. Pour cela, l’envoyé du président français entend « lever les dernières difficultés et mettre en place une stratégie de coopération à long terme ». Cela réduira surtout les déplacements tout en permettant une évolution par le biais de la création des mécanismes « ad hoc ». Pour le ministre algérien, il est surtout question de « faire avancer la coopération économique ».
M. Benmeradi citera, à titre d’exemple de réalisation, le cas de Sanofi Aventis, de Cristal Union et de la filière Lait dont les joint-ventures ont été constituées et les accords signés. Pour ce qui est des gros investissements, tel que l’automobile, le ciment et la pétrochimie, le ministre dira que ce sont des projets structurants qui ont besoin d’être entourés de beaucoup d’attention et nécessitent des discussions approfondies.
C’est le cas notamment du dossier Total dont le coût de l’investissement est de 5 milliards d’euros et que Sonatrach doit bien négocier. L’accord cadre signé en 2007 par les deux présidents Bouteflika et Sarkozy arrive à échéance en juillet 2011 et il va falloir le prolonger. La coopération avance sereinement entre les trois groupes de travail, Total – ministère de l’Energie, Lafarge – Gica et Renault ministère de l’Industrie.
A propos du projet de construction automobile par Renault, le dossiers est toujours en cours de négociation avec un fait nouveau concernant les exigences de l’Algérie dont le marché représente quelque 250.000 véhicules importés par ans, cela en tenant compte de la suppression du crédit à la consommation automobile, selon le ministre algérien de l’Industrie de la PME et de la promotion de l’investissement.
La partie algérienne exige donc la fabrication de « 100 000 véhicules par an avec une gamme variée » au lieu de 75 000 voitures représentant 3 modèles à peine, ainsi qu’un « taux d’intégration de 50% » au lieu de 40 seulement mais aussi « associer le réseau de sous-traitance algérien ».
Le département de M. Benmeradi a préparé une liste comprenant 50 entreprises opérant dans le domaine de la soustraitance et dont les capacités sont avérées, selon le ministre, notamment dans le secteur « du verre, des pneumatiques, de la plasturgie ainsi que la filière mécanique », d’autant que l’environnement des affaires n’est pas contraignant, dont le meilleur exemple reste le tandem Alstom- Ferrovial.
L’Algérie a lancé un programme d’investissements important et « depuis, la courbe est en hausse » affirme M. Benmeradi qui milite à « faire profiter les entreprises algériennes de cet investissement faire bénéficier l’économie nationale de ce partenariat ».
Azzedine Belferag